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Critique de LabiblideVal


Quand un ancien élève d'hypokhâgne se retrouve ouvrier dans un abattoir à l'extrémité de la Bretagne, par amour, après un passage dans les cités de la banlieue parisienne en tant qu'éducateur, on obtient un écrit dont plume déménage !
« A l'agence d'intérim, on me demande quand je peux commencer
Je sors ma vanne habituelle littéraire et convenue
"Eh bien demain dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne"
Pris au mot j'embauche le lendemain à six heures du matin »

Ce premier roman n'est pas commun. Par sa forme : l'auteur écrit comme il pense, sans ajustement syntaxique ni ponctuation. Il revient à la ligne à chaque proposition… Cela me semblait déstabilisant au départ, mais non, absolument pas. La lecture coule de source, comme passent les crevettes sur le tapis, les carcasses de vache le long des rails, comme jaillit le jet d'eau sensé laver toute ces cochonneries pré ou post mortem de milliers d'animaux destinés à orner vos assiettes ; Dieu merci, je suis végétarienne, je me contenterais, peut-être, du tofu égoutté ?

Le fond du roman est lui aussi inattendu. Ce récit autobiographique navigue entre les pensées hautement littéraires de notre auteur / narrateur et la réalité du monde du travail contemporain. L'utilité d'avoir une tête bien faite et bien pleine s'annihile devant le besoin instauré par une société capitaliste qui veut avant tout produire et consommer. Et pour assouvir ces deux besoins, il faut de la main d'oeuvre, trouvée rapidement et pour pas cher. Faisant fi de son désir de trouver un travail à la mesure de ses compétences intellectuelles, et parce qu'il « faut des sous », Joseph Ponthus se résigne, pousse la porte d'une agence d'intérim et se retrouve dès le lendemain à trier les crevettes et les bulots.
La découverte de ce métier physique d'ouvrier va lui permettre d'aller de découvertes en déconvenues, de réfléchir aux auteurs lus et étudiés naguère, de tracer une ligne de démarcation entre théorie, pratique et idéalisme et d'en ressortir, sur divers points, plus fort : « L'usine m'a apaisé comme un divan ».

Lu dans le cadre des 68 premières fois.
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