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Critique de rosalina-au-chocolat


L'objet de notre étude est Anne Frank, un album adapté du Journal d'Anne Frank paru en 1947 et écrit entre 1942 et 1944. Avec Joséphine Poole à l'écriture et Angela Barrett à l'illustration, l'ouvrage paraît en 2005 aux éditions Gallimard Jeunesse.

L'album nous raconte l'histoire vraie d'Anne Frank, une jeune fille Juive allemande, de sa naissance en 1929 à sa déportation pour Auschwitz-Birkenau en 1944 en passant par l'innocence de son enfance à Amsterdam et ses deux années passées avec sa famille dans l' "Annexe". L'album attache également beaucoup d'importance au contexte historique dans lequel se passe l'histoire : les premières pages nous décrivent ainsi la montée du nazisme en Allemagne ainsi que les raisons socio-économiques d'un tel engouement... et d'une telle persécution du peuple Juif.

Le défi que pose cet album est de traiter un sujet historique extrêmement grave, la Shoah, avec un jeune public qui peut n'avoir aucune idée de l'ampleur de l'évènement, ni même savoir de quoi il s'agit. Pour ce faire, il choisit de se concentrer sur un personnage emblématique qui n'est autre qu'Anne Frank, auquel le public pourra s'identifier d'autant plus facilement qu'elle a leur âge. L'album permet en plus de présenter le Journal d'Anne Frank, l'oeuvre dont il directement adapté, et qui est généralement abordé en collège : de quoi avoir une idée de ce que raconte le Journal avant même de l'avoir ouvert. Mais Anne Frank ne se contente pas de présenter le simple personnage éponyme : il centre également toute son intrigue dans un contexte historique plus vaste que les années de la Seconde Guerre mondiale. : une annexe à la fin de l'album rappelle d'ailleurs les principaux repères chronologiques.

Les premières pages nous brossent le portrait d'une Allemagne ravagée par la Première Guerre mondiale qui voit en Adolf Hitler et son parti nazi le seul moyen pour son peuple de surmonter la crise économique, financière et sociale qui le frappe. La persécution des Juifs est introduite avec douceur et justifiée puisqu'elle se base justement sur ce contexte historique difficile : "... [Hitler] accusa les Juifs d'occuper les meilleurs emplois, de voler le pain des travailleurs. Et ce n'était pas bien car les Allemands n'étaient pas n'importe qui - la plus belle race du monde !"

C'est en effet ce qui caractérise l'album : c'est la douceur de son écriture qui permet d'aborder, avec des phrases courtes et facilement compréhensible, ainsi qu'un vocabulaire simple, la violence à laquelle a été confrontée la jeune Anne durant sa jeunesse. Sa force est de raconter le plus sobrement possible, sans effets de style hyperboliques et tournures alambiquées, les conditions de vie pour le moins indignes de la famille Frank et des autres personnes vivant avec eux dans l'Annexe.

Le Journal ne fait véritablement son apparition qu'à la moitié de l'album et est à peine mentionné ensuite, la narration préférant mettre en valeur quelques aspects de la vie de la jeune fille et de son entourage, si ce n'est lorsque leur déportation est présentée et que l'auteur précise que "Miep ramassa toutes les pages [du journal] et les cacha dans un tiroir, dans le fol espoir que la famille reviendrait". La dernière page de l'album est d'ailleurs entièrement consacrée à Miep et à Otto Frank, le seul survivant de la catastrophe : "Miep se souvint du journal. Elle le retrouva et le remit à M. Frank. [...] [L'histoire d'Anne Frank] ne faisait que commencer", puisque c'est gràce à cet homme que le Journal a été connu dans le monde et que Anne Frank est devenue un emblème de la Shoah.

Quant aux illustrations qui accompagnent le texte, elles occupent généralement toute la page qui se trouve à côté de la narration, voire un petit espace de la page en question, et montrent des tranches de la vie de nos personnages selon ce que le texte raconte : lorsque le texte nous présente Anne en train de remplir son journal, l'illustration nous la présente à son bureau, pensive, avec son cahier et son porte-plume. le tout avec des couleurs pastels très agréables à l'oeil, qui là encore contrastent avec la violence du thème abordé, et des traits fins et délicats.

Pour conclure, Anne Frank est un de ces albums qui se chargent de présenter un thème des plus douloureux, mais avec le plus de douceur possible, ce qui n'est évidemment pas chose aisée. Cependant, gràce à ses textes et ses illustrations, l'ouvrage s'en tire plutôt bien. Il serait intéressant de le présenter à un jeune public qui commence tout juste à être introduit aux événements de la Shoah pour leur montrer, à partir d'un exemple emblématique auquel les lecteurs pourront s'identifier, quelques-unes des horreurs commises par la politique nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale.
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