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Citations sur Traité d'économie hérétique (63)

Et vous noterez d'ailleurs que chaque fois que la question d'une autre politique est abordée, chaque fois qu'on met en avant l'argument de la nécessité de mesures sociales, il se trouve toujours quelqu'un, brandissant moult contraintes supposées, pour argumenter que tout changement est impossible. Actuellement, les contraintes les plus utilisées pour éviter toute discussion étant la pression qu'exerce la concurrence mondiale et le poids de la dette publique. Des épouvantails nécessaires pour que nous acceptions sans rechigner ces limites au débat si propices aux puissants. (p.46-47)
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Autre exemple de consensus qui s'est révélé être un échec : le consensus de Washington. Le terme a été inventé par l'économiste John Williamson en 1989 pour décrire la convergence d'un ensemble de recommandations émanant d'économistes du FMI, de la Banque mondiale et d'universités très prestigieuses à destination des pays en développement. Pour ces économistes nourris aux préceptes de l'école de Chicago, la clef du développement se résume à "stabiliser, privatiser et libéraliser". Les politiques issues du consensus de Washington furent appliquées dans le monde entier, notamment vie la FMI qui obligeait les pays pauvres à les mettre en place en échange de prêts. Le bilan a été désastreux tant en termes économiques que pour les populations les plus pauvres. Les pays qui sont sortis du sous-développement sont d'ailleurs ceux qui n'ont pas du ttout appliqué les recommandations du consensus de Washington. C'est le cas de la Corée du Sud ou de la Chine qui ont subtilement appliqué un modèle mélangeant intervention de l'Etat et économie de marché. (p.36-37)
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Notre réflexion est contrainte par le cadre du raisonnable ; vouloir en sortir, c'est devenir utopiste. Mais fixer un cadre de réflexion en dehors duquel il est impossible de débattre n'est-il pas la meilleure façon de dominer les esprits ? Qui trouve intérêt à imposer ces limites ? (p.15)
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"La France est le pays où l'on travaille le moins au monde", "La dette publique est un danger pour les générations futures", "Notre modèle social n'est pas adapté à la mondialisation", "Le Code du travail empêche les entreprises d'embaucher", "Le libre-échange profite à tous", "Mener une autre politique économique, c'est finir comme le Venezuela ou la Corée du Nord" : telles sont les affirmations ressassées en boucle depuis plus de trente ans par une petite élite politique, médiatique et intellectuelle, bien à l'abri de ce qu'elle prétend nécessaire d'infliger au reste de la population pour sauver la France. Ces idées ont tellement pénétré les esprits qu'elles ne semblent plus pouvoir faire l'objet du moindre débat. Pire encore, nous nous empressons de créer les conditions de leur mise en oeuvre, en votant pour ceux qui entendent nous priver de ce qui devrait être normal dans la sixième puissance mondiale : travailler dignement, se loger, se soigner, manger convenablement, pouvoir partir en vacances, vivre dans un environnement sain et, enfin, toucher une pension de retraite décente. [...]
Rien ne semble arrêter cette spirale destructrice tant nous sommes persuadés qu'aucune alternative n'est crédible. C'est l'objet de ce livre : regagner la bataille des idées, refuser ce prêt-à-penser libéral qu'on nous vend comme du simple bon sens, se libérer de la servitude volontaire. (p.13-14)
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Les hérétiques d'aujourd'hui sont les descendants d'une longue lignée, submergée mais jamais éteinte, qui a survécu sous la forme de groupes isolés d'excentriques. Ils sont profondément insatisfaits. Ils pensent que l'observation commune suffit à montrer que les faits ne se conforment pas au raisonnement orthodoxe.

John Maynard Keynes, La pauvreté dans l'abondance - 1934
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"Notre réflexion est contrainte par le cadre du raisonnable; vouloir en sortir, c'est devenir utopiste. Mais fixer un cadre de réflexion en dehors duquel il est impossible de débattre n'est-il pas la meilleure façon de dominer les esprits?" p. 15
"L'histoire économique montre pourtant que les frontières de ce cadre peuvent bouger, qu'elles ne sont pas déterminées objectivement mais qu'elles dépendent des rapports de force en vigueur. [...] Au cœur de la science économique, il existe un entremêlement de discours contradictoires, de sorte que les questions économiques n'admettent jamais une seule réponse."
p. 43
"Emmanuel Macron n'a jamais eu à se justifier de ses erreurs et a été élu président de la République. Quelqu'un lui a-t-il demandé pourquoi, alors qu'il a été un conseiller du président si présent et un ministre de l’Économie tellement dynamique, les chiffres du chômage ont continué à augmenter? [...] Interroger un ancien conseiller et ministre de l’Économie sur son bilan semble anormal. A l'inverse, dire à un chômeur qu'il doit se prendre en main, faire preuve de bonne foi, accepter des offres d'emploi qui ne correspondent pas à ses qualifications... semble relever du bon sens." p. 69
"Si vous n'adhérez pas au projet qu'on vous propose, la seule alternative est la suivante: soit vous n'avez pas compris ce dont il s'agit, et il suffit alors de vous expliquer plus longuement la réforme pour que vous soyez convaincus, soit vous avez tout à fait saisi les enjeux, mais vous n'êtes pas d'accord, alors vs vs comportez en enfant gâté." p. 79
"Personne pour rappeler que la dépense publique ne tombe pas dans un trou noir, mais finance l'éducation, les hôpitaux, la police, la justice, les retraites ou les prestations chômage." p. 93
"Dans les faits, il n'y a rien de plus stupide que de comparer la dette d'un pays à la dette d'un ménage (un pays ne meurt pas et ne peut être saisi). Il n'y a rien de plus idiot que de se focaliser sur la dette sans prendre en compte le patrimoine (surtout si le patrimoine est plus élevé que la dette.) p. 122
"sur le premier argument, de la fuite des riches, les chiffres de l'administration fiscale montrent que les départs sont de l'ordre de 800 par an et les retours de 300, soit un solde de départs nets de 500 ménages (0.2 assujettis à l'ISF) pour un manque à gagner moyen s'élevant à 170 millions d'euros par an pour les finances publiques. C'est donc pour éviter de perdre 170 millions par an que le gouvernement a décidé d'exonérer une partie de l'ISF et de perdre 3.5 milliards d'euros par an!"
p. 139
"au-delà d'un certain niveau de consommation d'énergie, le bien-être n'augmente plus (ce qui signifie que la consommation d'énergie supplémentaire devient superflue). Pourtant, un certain nombre de pays sont au-dessus de ce seuil comme les États-Unis, le Japon, la Suède ou l'Australie. Ces pays pourraient donc réduire leur consommation sans affecter leur qualité de vie. Il n'est donc plus question de nécessité mais de choix."
p. 152
" des pays se sont spécialisés dans des biens à l'export pour satisfaire la demande extérieure (principalement des pays riches) plutôt que de satisfaire leur demande intérieure; [...] des populations extrêmement pauvres, ont vu leur situation se dégrader [...] Le FMI .. est une instance autoritaire visant à imposer une logique libérale qui sert principalement aux intérêts des pays riches." p. 194
"Désormais, n'importe quelle loi ou n'importe quel choix politique peut être perçu comme une entrave à l'investissement de l'entreprise et faire l'objet d'une contestation devant les tribunaux. Avec ce type de mécanisme, les intérêts commerciaux se trouvent juridiquement placés au-dessus des préférences des nations."p. 212
"les limites du cadre de réflexion économique ne sont pas déterminées de manière objective et [...] elles peuvent donc, par définition, bouger. La sécurité sociale ou les congés payés étaient des mesures qui, en leur temps, pouvaient paraître en dehors du cadre autorisé de réflexion. Et s'ils ont vu le jour, c'est justement parce que certains ont repoussé les limites du débat." p. 219
"les pays pauvres, en se spécialisant, se sont enfermés dans le sous-développement. Les seuls véritables gagnants du libre-échange sont les multinationales qui peuvent optimiser leurs profits." p. 228
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Pourquoi et comment un courant de pensée en vient ainsi à dominer le débat public ? Ainsi, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le compromis social se fait dans un contexte où le libéralisme est rendu responsable de la montée du nazisme et du fascisme, et où il existe un contre-modèle – lui aussi, victorieux –, l’URSS. La montée du parti communiste partout en Europe – il est alors le premier parti en France – inquiète le monde des affaires et oblige à développer, pour reprendre le terme du sociologue et philosophe Michel Clouscard, un capitalisme de la séduction. C’est de ce rapport de force qu’est né le compromis social, protecteur et redistributif qui a duré jusque dans les années 1970.

Le passage d’une économie assez administrée par l’État à un modèle plutôt libéral dans les années 1980 s’est fait dans un contexte de crise pétrolière. Les grandes entreprises étaient alors confrontées à deux chocs simultanés : d’un côté, une perte de débouchés car les ménages, au cours des Trente Glorieuses, s’étaient fortement équipés – dans beaucoup de secteurs, il y avait alors une saturation des besoins – et, de l’autre, des coûts de production qui augmentaient avec la hausse des prix du pétrole. C’est dans ce contexte que les représentants du patronat ont milité fortement pour baisser la fiscalité, déréglementer les marchés financiers – afin d’obtenir plus facilement des financements – et rendre flexible le marché du travail – pour abaisser le coût du travail. Les crises permettent souvent de rebattre les cartes des forces en présence. La crise des années 1970 a permis d’engager ce que beaucoup ont appelé le tournant libéral. 
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Pour préserver les profits de court terme de quelques-uns, certains sont prêts à faire courir à l'humanité le plus gros risque qu'elle ait jamais connu.
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Au bout du chemin, ce n'est plus la Bourse qui finance l'entreprise, mais bien l'entreprise qui finance la Bourse.
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La logique marchande remplace celle d'un service public. L'usager devient un client. Comment ensuite s'étonner, avec pareil raisonnement, que des pans entiers de la population, jugés peu rentables, soient laissés sur le bord de la route ?
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