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Critique de colimasson


Cette histoire de science-fiction n'est pas tellement surprenante, ce qui peut être de bon comme de mauvais aloi.


De bon aloi lorsque le roman réussit à dépeindre notre époque et ses inclinations dans ce qu'elles ont de plus diluvial – fragments de cette analyse obligatoire que nous menons au sujet du monde, dans la contrainte d'y demeurer.


De mauvais aloi lorsqu'aux premières pages, le souvenir d'un épisode d'une série très populaire ressurgit. Voyez plutôt : des individus ordinaires se trouvent mis au ban de la société pour leur non-conformité aux règles de la représentation de soi à l'heure de l'hypercommunication spectaculaire. Leur être dans sa représentation, noté par leurs pairs, ne bénéficie pas d'une approbation générale suffisante pour leur donner le droit, par exemple, d'acheter de l'essence ou des sandwichs triangles dans les boulangeries huppées du quartier des affaires. Ils ne trouvent pas ça très normal. Personne n'aime être puni alors que, parfois, la punition nous préserve de ce que nous n'aimons de toute façon pas.


Aujourd'hui, cette hypothèse science-fictionnelle nous fait rire, tant elle semble désuète : à l'époque, nous croyions encore vraiment que pour accéder aux temples de la consommation (aéroports, restaurants, boutiques, cinémas, librairies, écoles), nous devrions être bien notés par nos pairs. Nous savons désormais que nous devrons nous montrer un peu plus docile pour continuer d'avoir le droit de nous emmerder dans les lieux restreints aux jeux de la production/consommation.


Les personnages de ce roman sont évidemment courageux – bien plus que nous. Ils refusent de se plier aux nouvelles règles. Être libre ou se reposer, il faut choisir, disait Thucydide. Ils ont choisi de ne pas se reposer – contrairement à nous qui préférons nous reposer en toutes circonstances, en réfléchissant aux morales des romans de science-fiction par exemple. Bien sûr, ils finissent par disparaître de ce monde. Eliminés de la société. Voilà qui devrait ne pas nous inciter à la sédition. Même les romans de SF nous préviennent.


Nous devinons tout de suite quel retournement de situation viendra sauver nos charmants résistants. Les voilà-t'y pas que nous les retrouvons tous rassemblés dans une sorte d'écovillage sans eau ni électricité avec des baba-cool qui jouent de la guitare, qui plantent des choux et qui partouzent. Ils n'auront fait que quitter une société de merde pour retomber dans une société qui ne semble attractive que de n'être que le reflet inversé de l'autre. Et nos personnages de s'émerveiller lorsqu'ils entendent quelques vieux toqués déclamer des bribes de l'Odyssée – alors qu'ils se foutaient auparavant comme d'une guigne de toute forme de littérature. L'histoire se conclut sur cette décevante perspective romantique. Nous sera épargnée la description de la lente agonie que connaîtront sans doute nos résistants dans cette société « alternative » qui, pour ne pas savoir s'inventer en dehors des exemples d'échecs proposés par le passé, ne fait que nous confirmer que l'histoire est un spasme aveugle d'une ignorance à une autre.
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