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Critique de afriqueah


Les petites infamies pour le cuisinier Nestor Chaffino, ce sont ces infimes détails jamais révélés par les chefs, détails minimes mais importants, petites tricheries style un peu de menthe dans la mousse au chocolat (une tuerie) qu'il se propose de révéler au monde. Mais comme ils sont secrets, justement, ces secrets, il préfère faire croire à ses cuisiniers que les infamies, ce sont les adultères, pédophilie, meurtres pas trop graves, ou si, mortels quand même.
Grave erreur, nous apprenons sa mort dans chambre froide, congelé sur la Costa del Sol, « carrément idiot » commente Carmen Posadas.
Nestor avant de mourir a tout de même une pensée vers Adela, qui l'a contacté pour assurer un diner spécial. « Ah, que le temps est cruel sur les beaux visages » se dit-il, car dans les moments terribles les pensées s'évadent vers la plus totale banalité. »

Voilà , le ton est donné.
Le roman est drôle, caustique, cynique, ou plutôt naïvement cynique, grinçant comme une porte mal huilée (non, pas celle de la chambre froide, qui ne grince même pas.)
Le pédophile s'appelle Serafin, comme si la Providence avait annoncé de source sûre qu'il s'entourerait de chérubins.
De Providence, il en est question, une voyante prédit, nous, nous savons, mais l'intéressé lui, ne devine pas les chemins tortueux du destin et les coïncidences pas du tout fortuites, ou bien si.
Satire de la haute société madrilène, vue par un étudiant tchéque (comment s'y prendre avec une européenne, car même si « les prolégomènes de la conquête » sont les mêmes que dans son pays, certains codes lui échappent : « Brad Pitt ou un autre de ces acteurs capitaliste vous épie du haut de son poster… comme s'il voulait s'assurer que vous vous conduisiez en tout point comme un homme ».)
Satire du monde des collectionneurs, méprisant l'argent puisqu'ils en ont, ne dédaignant pas « le luxe, mais sans ostentation, le confort, oui, mais avec une touche de décadence bien méritée. », manipulant avec adresse la journaliste qui veut le coincer, (elles sont souvent bigleuses, gauchères, se dit-il, avant de lui mentir, et s'avouent proches parentes d'un peintre inconnu-« que d'inculture ! »)

Bien sûr , on lit, on rit, on veut en savoir plus sur les infamies , petites ou énormes, et puis, transformés en nouveaux Poirot, déterminer le responsable, soit une erreur mécanique , comme celle de l'ascenseur qui a vu se confronter deux époux qui n'avaient jamais eu l'expérience d'être si proches, et qui constatent que leur peaux se haïssent, soit un meurtre ? Bien que chacun ait un motif, qui ?
Et cependant, à la fin du livre, le rire s'éteint, la porte se referme en grinçant, et si j'essaie d'analyser, il manque une certaine tendresse, une dimension, une raison plausible à cette farce.
Je m'en suis voulue d'avoir ri, c'est un comble.
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