Citations sur Le coeur blanc (95)
Ce sont toujours eux qui nous apprennent les saisons, me répond Césario.
Qui ça, eux ?
Les oiseaux.
Je crois qu’il ne m’intéresse plus, le Dieu des autres, je lui demande plus rien en tout cas. Je sais qu’il n’en a rien à foutre de ma petite vie de merde. Celui qui est le mien et que j’écoute c’est le soleil, c’est aussi mon rocher de Gibraltar. Un jour j’irai. C’est ce qui me fait avancer. Et quand j’y serai il faudra choisir, traverser ou crever.
C’est le piège le couple. L’espoir inconsolable d’un réconfort. Le réconfort il est dans nos corps quand ils sont libres, la seule vérité, elle se trouve dans ton soleil, ton rocher, le désert… Elle accompagne les bêtes dans leur course pour la survie. N’abandonne jamais ta liberté pour quelqu’un Mounia.
Mais que le monde est beau avec ce vent qui déferle sur les montagnes, fait ondoyer les genêts comme une marée d’or aux flancs des collines, secoue les arbres, chahute les cimes. Elles ressemblent à des bras tendus, leurs mains s’agitent dans les airs, des multitudes de doigts les feuilles, qui tentent d’agripper le ciel.
J’ai peur Rosalinde, peur de mourir sans avoir jamais été aimé, parce qu’alors je serai seul pour l’éternité.
De certitude il n'y en avait pas. Ou s'il en existait une, elle ne pouvait être que dans le mouvement, le long voyage des bêtes et des hommes, leurs transhumances et leurs exodes. Elle était dans ce qui bouge et change et avance, la course des astres...
Ce n'est plus l'amour que je recherche depuis longtemps, c'est le réconfort. Mais toi Mounia, t"arrête jamais. Si tu t'arrêtes, tu tombes dans l'ornière. C'est une douleur folle l'ornière tu sais.
Elle avait raison au fond, le ventre c'était le centre de tout, c'était le cœur aussi. Rosa, ma petite Rosa, mon amour, j'ai pensé, ma fleur ma tourterelle blanche, ma biche blessée qui court et tombe dans les bras des chasseurs, et se sauve à nouveau.
Je me sens nue l'été, Rosa. J'ai toujours l'impression d'être nue sous le regard des hommes, enfermée dans mon corps comme sur une île déserte. Peuplée de fauves qui guettent et pourraient me dévorer. Ça me rend coupable et mal à l'aise.
Ils ont raison les gens du pays, on est vraiment des fruits tordus juste bons pour la casse. Et ça doit les arranger qu'il y en ait qui soient déglingués.