Citations sur Le coeur blanc (95)
Je te tire a dit le Parisien, je t'enfile, tous les mecs au comptoir ils n'en veulent qu'à ton trou.
Rosalinde aime les fruits orangés de l'hiver, translucides, gorgés de suc, qui font ployer les branches nues du plaqueminier. L'arbre d'un dessin d'enfant qui porte en lui un mystère. Cette texture fondante, sirupeuse, écœurante, parfois, quelque chose qui aurait le goût du tabou, l'interdit peut-être.
Il a acheté un cubi de vin, dix litres de piquette à un paysan qui le fait lui-même. Au début ça râpe mais après c'est bon. Rosalinde boit et frissonne. L'odeur d'Acacio lui parvient, effluves de tabac, de fruits rouges, et ceux plus poignants de sa peau.
La peur soudain de son propre corps, du désir des hommes qui s'y accroche chaque jour davantage. Elle relève la tête et marche plus vite.
Moi je suis du village, il répond, pour une nana, faut avoir des couilles, rester ici l'hiver... À moins que tu cherches un homme.
J'ai pas de couilles et je cherche pas les hommes, j'en ai un quelque part et il me suffit.
Te fâche pas mais fais gaffe à ton cul quand même.
Merci mon cul il est à moi et s'il faut se défendre je sais le faire toute seule.
Longues journées dans les arbres, parfois le ciel est éclatant. Lumière oblique de l'hiver, ce bleu glacé de l'air qui nimbe toutes choses, le son régulier et bref des olives tombant dans le panier d'osier...
On les paie à la tâche. C'est léger, des fleurs. Longues journées, chaleur sur la peau, les tilleuls bourdonnent des multitudes d'abeilles qui butinent. Les heures défilent, paisibles et lourdes.
Non Rosalinde, ce n'est pas ta faute. Pas la sienne non plus. Mais je t'ai dit, leurs femmes, c'est à eux. Quant à nous... ils en renvoient un , il y en a vingt qui attendent pour la place.
Toi tu es une femme, bien plus femme que la grosse du patron. Tu es maigre parce que tu travailles trop. Trop dur.
Et t’as raison Moune, faut avancer, elle a repris plus doucement, ne pas suivre interminablement le chemin qu’ont tracé les autres. Il faut être fidèle au monde plutôt qu’à un homme, le beau monde qui nous entoure, l’inconnu qui vous prend le cœur et les tripes.