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Critique de Biblioroz


Au sortir du Vieux-Québec, le regard happé par la vitrine d'un libraire, le jeune Jimmy pousse la porte et entend le murmure des recueils de poésie disséminés ça et là, sans obéir à un quelconque ordre de rangement. L'intérieur de la librairie invite à y paresser, à se réchauffer tout près d'un petit poêle à bois. Jimmy la trouve déconcertante « Parce qu'il n'aimait pas les best-sellers, monsieur Waterman les juchait sur les rayons les plus élevés, à la place des invendus, que la profession appelle des rossignols, et par contre il disposait ceux-ci bien en vue sur le comptoir. »
Déconcertante mais tellement attirante ! Les flammes réconfortantes invitent une foule bigarrée, des auteurs inconnus viennent glisser leurs manuscrits directement sur les étagères et les sans-le-sou peuvent tranquillement y voler quelques titres.
Mais Jack Waterman est un libraire et écrivain qui perd la mémoire.

Ce petit livre nous offre le plaisir de s'émerveiller de la vie en dehors des sentiers battus.
C'est une lecture qui réchauffe malgré le sujet douloureux de la mémoire qui s'octroie certains évènements ou écrits et qui en oublie d'autres. Peu importe le nom qu'on lui donne… La mémoire de Jack réinvente Gabrielle, donne des accès de paranoïa et s'absente de plus en plus souvent.
Dans des petits faits quotidiens anecdotiques se profile une émouvante transmission du métier de libraire, comme le conçoit Jack, mais surtout du métier d'écrivain prônant la sobriété d'écriture et l'amour de la vie.

Une perte pour l'un donnera l'influence nécessaire dans la vie d'un autre pour assurer une continuité dans le bonheur d'écrire.

Cette transmission se fera avant tout dans la chaleur humaine et à travers des lectures innocemment suggérées. En suivant Jimmy, elle nous fera vagabonder jusqu'à Paris, sur les traces d'Hemingway, à la recherche d'images pour nourrir son imagination future. Avec un léger humour très discret, ce jeune homme tentera de suivre les préceptes stoïciens d'Épictète et d'oublier son côté « petite crapule ».
C'est un livre où la tendresse enveloppe : celle qui se diffuse vers le désarroi de Jack mais aussi celle plus déconcertante entre Jimmy et sa soeur Mistassini.
Cette librairie est un antre abritant toute cette tendresse et le chat Charabia, aux miaulements très variés, ne s'y est pas trompé.

Merci, amie babelionaute qui se reconnaîtra, de m'avoir ouvert la porte vers l'univers de Jacques Poulin. J'ai aimé tout le côté sobre, feutré, tendre et pur de son écriture.
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