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Critique de Bookycooky


Elle, c'est Laure, mariée, deux filles dont l'aînée la « fatigue ». 40 ans, elle est maitre de conférence.
Lui, c'est Clément, célibataire, un chien trouvé gare de l'Est, qu'il a nommé Papa pour emmerder sa mère, 50 ans, bosse pour la Banquise ( avec des pingouins 😁), où il se “géle les c.......”.
Le Clément est un personnage cynique, qui gagne beaucoup de blé dans la finance, regarde beaucoup de YouPorn , s'ennuie et s'en fout de la vie et de tout. La Laure, une femme en manque. La rencontre est à première vue professionnelle, mais ça dégénère, comme on l'imagine. A minuit il lui envoie un sms , « qui es-tu ? », elle répond alors que le mari l'appelle au lit, « j'ai envie de vous ».......
Raconté comme ça, ça semble pire que du Harlequin « hard », mais la forme narrative et l'humour, sont très particuliers chez Maria Pourchet. Deux monologues juxtaposés, Laure se parlant à elle-même à la deuxième personne du singulier avec sa mère en voix Off qui intervient d'outre tombe ( rappelant fortement l'image de la mère de Woody Allen dans New York Stories ), l'Autre s'adressant à son clébard et quelque fois à sa mamôn chiante. Deux personnages peu attachants, peu attrayants, pourtant on ne les lâche pas, du moins les premiers trois-quarts du récit.
Un texte dense, tissé serré où l'écrivaine aligne pensées et faits à la queue leu leu sans respirer, qu'il faut suivre 😁! Une forme, un rythme, que j'ai senti comme la métaphore de nos vies citadines qu'on vit en apnée, entre boulot / famille / dodo / loisirs et autres digressions si le temps permet, pour finalement n'aboutir qu'à l'insatisfaction. Beaucoup de vérités et de subtilités entre les lignes de ce récit riche et intelligent.
Un titre parfait , FEU, qui sied bien au style narratif et au sujet. FEU au c.., car l'amour dans le sens que je l'entends, ici est quasi inexistant. Une forte attraction charnelle pour la Laure ( Dieu sait pourquoi pour cet énergumène fatigué de la vie, qui aimerait probablement être à la place de son chien ), que le Clément d'ailleurs prends au vol car l'occasion se présente, et pas « parce que c'était toi, parce que c'était moi ». Car c'est deux là au fond n'ont rien en commun, sinon une chose : ils ne se comprennent pas et n'ont rien à se dire. Comme dit le Clément ils sont constamment en mode OFF. Et le jour que l'Autre lui sort un "Je t'aime" , le Clement est embarrassé ,"sûrement se dit-on je t'aime pour conjurer l'ennui", pense-t-il.
Autre détail original, les titres de chapitre. Pour Laure , rien, aucun titre. Ceux de Clément, son rapport médical quotidien avec jour, température corporelle, tension artérielle....résumé clinique de la vie d'un type qui semble absent de l'existence, le FEU chez lui étant seulement dans la cuisine.....car même avec le c.. il doit faire des efforts 😁.

Le fond du livre terriblement triste, l'amour, l'amitié, le sexe, les relations familiales...., est sauvé par la forme et l'humour jubilatoire, mais qui vers la fin que j'ai trouvé banale, s'essouffle, l'histoire aussi. Cette passion amoureuse dont parle les critiques malheureusement je n'en ai pas senti une once. Ce qui pourtant n'amenuise pas l'intérêt du livre lu d'une traite, dont l'écriture puissante en est la principale force. Je lui souhaite bonne chance pour les prix Goncourt et Renaudot pour lesquels il est en lice !

Comme le dit si bien ma copine babeliote alexb27 à qui je dois cette lecture, « ça passe ou ça casse ». Chez moi ça a passé assez bien , merci Alex !

"Le pire c'est d'avoir le droit, tous les droits, et demeurer incapable de s'en saisir."
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