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Critique de Sachenka


La danse de la vie humaine continue à nous faire découvrir des aspects peu racontés de la guerre (du moins, à mes yeux). En effet, dans ce neuvième tome, Philosophes militaires, Nick Jenkins a obtenu le poste qu'il convoitait : officier de liaison. Il n'est pas au premier plan des combats héroïques – et tant mieux, on connait déjà bien d'autres romans (et films) qui traitent de cette partie de la guerre. Plutôt, il travaille à l'arrière où ses talents sont mieux exploités. Une partie de ce travail consiste à concerter avec les Français (et d'autres comme les Polonais et les Tchèques) mais aussi à entretenir de bonnes relations avec des officiers de l'armée britannique. Toutefois, comme dans les tomes précédents, un banquet ou une rencontre fortuite avec des membres de la bonne société anglaise sont si vite arrivés…

Le temps passe rapidement. La Seconde guerre mondiale tire à sa fin, les Alliés sont débarqués. À partir de cette tête de pont, ils avancent. Jenkins traverse bien la Manche mais, encore une fois, il n'est pas au front. Non, il loge au Grand Hôtel de Cobourg. Derrière les lignes, il continue à frayer avec la bonne société. le fameux Widmerpool, cet ancien camarade de classe, désagréable et opportuniste, est toujours là à rôder. Quand la guerre se termine, c'est le temps des accolades, des récompenses. Jenkins jette un regard déçu sur le traitement fait à certains. Des Alliés qui avaient démontré de longue date du courage sont mis de côté à la faveur d'autres, devenus plus utiles dans l'après-guerre.

Ce tome est l'occasion pour moi de revenir sur ma critique du premier de la série. Je me rappelle avoir écrit que la comparaison entre Powell et Proust – que plusieurs faisaient et font toujours – me semblait exagérée. Je continue à croire que le Français est dans une catégorie à part mais mon appréciation pour l'écrivain anglais s'est beaucoup améliorée et je remarque de plus en point de point en commun entre les deux.

Certes, le style de Proust est inégalable. Toutefois, si Powell a épargné à ses lecteurs les longues phrases, la précieuseté et les états d'âmes interminables, n'en demeure pas moins un témoin privilégié d'une époque. Il s'attache à une description minutieuse de la société anglaise (dans ses bons côtés et ses moins bons), de la hiérarchie militaire, des potins, des cérémonials, etc. Et, à l'instar d'autres, son oeuvre est truffée de références (parfois même de passages) à d'autres artistes, à certaines de leurs oeuvres. Bien sûr, la référence à Proust est inévitable « Nous venions de quitter Cabourg… le Balbec de Proust » (p. 201) Mais il ne s'arrête pas là. Shakespeare, Eliot, Balzac, Dostoïevski, Lewis et tellement d'autres encore.

Cela me fait penser à un épisode en particulier, quand Jenkins qui se demande « si cette ambassadrice de Turquie, que Proust avait trouvée assommante, avait existé ; là-dessus, comme le Narrateur quand il était petit, je m'endormis de bonne heure. » (p. 146). À l'instar de l'écrivain français, peut-être plus que lui, même, Powell donne une seconde vie à une quantité de personnages célèbres ayant réellement existé. À la plupart, il donne de nouveaux noms, mais beaucoup sont encore facilement identifiables. D'ailleurs, on peut retrouver des listes de correspondances, signalant plus d'une vingtaine et, cela, seulement parmi les personnages principaux ou récurrents. Quel travail colossal, que de reconstituer une période. Décidément, c' est l'oeuvre d'une vie.
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