AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Première incursion dans l'univers littéraire de Richard Power - que je ne connaissais même pas de nom il y a moins d'une semaine - avec Orfeo.

Voici un roman pour le moins singulier. Tant dans sa construction que dans son sujet. Voire ses sujets. Peter Els, soixante-dix ans, retraité, appelle le 911 pour sa chienne Fidelio agonisante. Point de départ de l'intrusion dans sa vie des autorités qui le soupçonne de bioterrorisme pour cause de marotte génético-chimique dans un laboratoire "do it yourself". Présenté ainsi, ça a tout d'une farce. Sauf qu'on est aux États-Unis post-11 septembre.

Comme un balancier, le roman oscille entre passé et présent. On découvre en Els, en plus d'un adepte de la génétique maison, un être qui a voué sa vie à la recherche musicale, voulant la pousser à son absolu. La personnalité de Els est de prime abord difficile à cerner tant les allers-retours chronologiques sont rapides. L'auteur complique encore la donne avec un champ lexical musicographique dense et pointu. La néophyte que je suis en la matière est passée largement à côté de plein de notions. Mais on finit par y retrouver son petit Peter et à se prendre d'amitié pour lui et sa quête quasi mystique du mystère de l'émotion musicale.

Orfeo n'est pas un simple roman ni un roman simple. Il tient en grande partie de l'essai musicologique et des arcanes de la composition d'oeuvres. Je reste complètement effarée de la capacité des compositeurs de "penser" en solfège et de retranscrire sur portée la musique qui se déroule dans leur tête. Els, d'ailleurs, vit en musique car tout dans sa vie relève du rythme et des accords. Impressionnant tour de force de Richard Power de donner vie à ces visions sonores.

Le livre traite aussi des secrets de la vie via la génétique. Et, dans la foulée, des angoisses et paranoïas virales que l'idée de manipulation de bactéries ou autres micro-organismes peut répandre au sein d'une population. Je me suis rappelée, en lisant, les terreurs provoquées par des envois postaux contenant ce qu'on pensait être des souches d'anthrax il y a quelques années.

Ce livre m'a ébranlée par son fond et sa forme en me renvoyant à mon manque de connaissances musicales - un sentiment déjà ressenti avec le superbe Corps et âmes de Franck Conroy, quoique avec moins d'acuité. Mais il est toujours intéressant d'aller au-delà de sa zone de confort. Une chose est certaine, j'ai grande envie de découvrir d'autres titres du sieur Power.
Commenter  J’apprécie          239



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}