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Critique de Sarindar


L'une des "conditions" du retour à la démocratie en Espagne,
après la mort de Franco, le 20 novembre1975, et l'une des
contreparties de l'amnistie accordée en 1977 pour tous les opposants
au régime de ce dernier, condamnés pour des faits survenus avant
le 15 décembre 1976, fut le silence imposé aux personnes qui auraient
légitimement été tentées de demander des comptes aux insurgés
militaires qui avaient anéanti la IIeme République entre 1936 et 1939.

Alors pourquoi avoir attendu 2012 aux États-Unis et 2016 en France pour
laisser la parole à Paul Preston pour le laisser faire avec d'autres le
réquisitoire plus qu'accablant des crimes commis par les ennemis de la
République, qu'ils fussent membres de l'armée, de la garde civile ou de
la caste des propriétaires terriens et des patrons du lobby industriel ?

Sans doute parce que l'on estime que ce procès historique et cet état
des lieux avec dénombrement du nombre de morts - provisoire forcément,
car rien ne peut être définitif dans ce genre de bilan - peuvent maintenant
être faits, sans le risque du réveil des vieilles fractures qui ont déchiré
la population espagnole. L'avenir dira si le risque de nouvelles divisions
sur ce thème ou sur d'autres existe ou pas.

On estime généralement que les victimes du Franquisme
et des autres meneurs de la révolte militaire
seraient au moins 130000 pour une période beaucoup
plus étendue que le seul conflit appelé Guerre
d'Espagne du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939.
Paul Preston estime que ce nombre peut être grossi
de 20000 morts.
L'historien anglais, s'appuyant sur des documents
et des informations et témoignages plus que
fiables, a fait ses propres estimations, sans doute
plus proches de la réalité.
Mais au-delà des chiffres, qui montrent que la
lutte menée par les forces anti-républicaines fit bien plus
de victimes que le camp composite et
profondément divisé qui leur faisait face, il y a
les faits qui sont accablants et qui montrent le
degré de barbarie auquel sont parvenus les Primo
de Rivera, Sanjurjo, Queipo de Llano, Mola et Franco,
de 1923 à 1945. Ces gens ont poursuivi de leur haine
leurs opposants politiques, comparés à des sous-hommes
et dénoncés comme les complices voire les agents d'un
imaginaire complot judéo-bolchévico-maçonnique. Cela ressort
de la propagande déversée par les idéologues qui ont servi cette
cause et qui contenait de véritables appels aux meurtres.

Après cet ouvrage de Preston, chargé d'émotion mais aussi très
érudit, il restera aux historiens à faire la synthèse de tous les
ouvrages parus ces derniers temps sur la Guerre d'Espagne, mais aussi
sur son prélude et ses conséquences, et à le faire de façon
"dépassionnée", afin d'empêcher que toute forme de "révisionnisme"
puisse exister.
Il faut couper l'herbe sous le pied au mensonge. Paul Preston y a
aidé.
François Sarindar
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