Mais de quoi les passions ne nous rendent- elles pas capables lorsque nous leur abandonnons l'empire de notre coeur.
Le papier n'est point un confident insensible, comme il le semble : il s'anime en recevant les expressions d'un coeur triste et passionné; il les conserve fidèlement, au défaut de la mémoire; il est toujours prêt à aller representer; et non seulement cette image sert à nourrir une chère et délicieuse tristesse, elle sert encore à la justifier.
Les hommes savent-ils ce qu'ils désirent, lorsqu'ils se proposent des contentements de leurs choix? Ce qui leur paraît le plus propre à faire leur bonheur se change pour eux en une source d'infortunes et de misères. Ils abandonnent un repos assuré dont ils se lassent par inconstance.
On n'est point si exact à examiner les voies du salut, quand on se propose la mort comme dernière ressource.
Quel est le malheur d'un coeur droif et genereux, de n'avoir que des paroles pour s'exprimer, c'est à dire un moyen dont l'ingratitude abuse, et que la perfidie même peut tourner à ses usages !