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Jean Sgard (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080712981
272 pages
Flammarion (18/08/2006)
3.39/5   2658 notes
Résumé :
Ce roman commence comme une belle histoire d'amour : un jeune homme brillant et de bonne famille, que tout prédestine à un avenir heureux, rencontre une jeune femme d'origine modeste promise au couvent. Il l'aide à s'enfuir... et voilà les deux amants liés à jamais ! Comment deux jeunes gens peuvent-ils subsister dans un monde qui n'approuve pas leur relation ? Lorsque des moyens faciles sont disponibles, pourquoi ne pas s'en servir ?


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Critiques, Analyses et Avis (170) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 2658 notes
Quel étrange paradoxe. La tradition a retenu pour titre Manon Lescaut alors que l'auteur l'avait intitulé, certes un peu longuement, Histoire du Chevalier Des Grieux Et de Manon Lescaut.
Paradoxe en ce sens que l'auteur place en premier le chevalier et que c'est effectivement lui le personnage principal, et que la belle Manon, personnage clé, il est vrai, n'est que le personnage secondaire. On a bien retenu Tristan ET Iseult, pourquoi pas des Grieux ET Manon Lescaut ?
Bref, vous aurez compris qu'il s'agit d'une histoire d'amour, que le mot du titre " histoire de " suggère un récit romanesque, celui-là même est à la première personne.
Pour ce qui est du contenu, l'abbé Prévost décrit " les infortunes de la vertu ", où notre chevalier est un preux chevalier, par contre, sa dulcinée, sans être une nymphomane, aime un peu trop le confort et le luxe pour accepter stoïquement son sort lorsque sa bourse est vide.
N'ignorant pas ses atours, la belle Manon, n'hésite jamais à faire crépiter le coeur d'un riche mécène quitte à faire rugir de jalousie le brave des Grieux.
Celui-ci emploie donc toute sa chevalerie pour faire échec aux amants et récupérer sa frivole amante. Les riches souteneurs bernés ont souvent le bras assez long pour créer des embarras au malheureux couple, lesquels embarras se traduisent souvent par des séjours en prison, lesquels séjours appellent à leur tour des évasions rocambolesques.
Notre pauvre chevalier, tiraillé entre un amour immodéré et les appels du pied de la morale ne sait trop quelle conduite tenir et récolte moult mésaventures à vouloir s'accrocher à la venimeuse Manon.
Le tour de force de l'auteur réside dans le fait qu'il parvient à nous la rendre tout de même attachante, car, bien que notoirement infidèle, elle n'en est pas moins amoureuse de son chevalier et présente par moments une noblesse de caractère indéniable.
D'un point de vue de l'histoire de la littérature, cette oeuvre marque indéniablement quelque tournant car on nous maltraite le sens moral avec ces deux amants, mais d'un point de vue purement contemporain, je ne sais pas si l'on peut encore l'élever au rang de chef-d'oeuvre absolu.
Le chevalier, amoureux éperdu et naïf à souhait, annonce le romantisme, mais reste quand même un brin cul-cul la praloche.
La fin étrange de Manon demeure un expédient facile de la littérature et l'on ne se satisferait peut-être plus d'une telle pirouette à l'heure actuelle. Un peu comme en biologie, il convient probablement de la lire dans un processus ontologique, c'est-à-dire assez jeune, comme une forme immature d'un style et d'un genre appelé à s'épanouir par la suite dans l'histoire littéraire par d'autre oeuvres plus marquantes encore, mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Ce livre fait partie de ces grands romans du XVIIIème siècle français à l'instar des Liaisons dangereuses, de Paul et Virginie, de Jacques le Fataliste ou La nouvelle Héloïse. Par ailleurs, l'histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est devenue la légende d'un couple comme pour Roméo et Juliette (moins popularisée néanmoins). Son auteur a connu la notoriété et l'immortalité grâce à cet ouvrage même s'il était un écrivain prolifique. Je crois que cela revient au fait que cette oeuvre est inclassable et a pu rester moderne par son sujet.

D'abord, elle est classique par son style sobre et dépouillé de toute recherche du pittoresque. Mais elle est aussi préromantique par sa description de la passion fatale qui mène à un état presque maladive (comme dans René de Chateaubriand).

L'Abbé Prévost a mis beaucoup de lui-même et de son expérience personnelle dans ce roman. Ce dernier nous présente le témoignage intime du chevalier des Grieux, un garçon qui avait un avenir prometteur, un père des plus obligeants et prévenants et un ami des plus vertueux et compréhensifs. Celui-ci a choisi de poursuivre sa passion sulfureuse pour une fille nymphomane et vénale.

L'amour inextinguible de des Grieux nous offre un miroir de l'âme humaine qui aime avec tous les transports. Ce jeune homme désire la fidélité de sa maîtresse, il suit malencontreusement le désarroi de son coeur, et ce n'est pas assez de repousser tout conseil et sermon de son ami Tiberge ; il absout toutes les inconstances et les récidives de sa chère Manon. Il s'agit de l'image du premier amour, sincère, fatal et infernal qui est voué au désespoir, à la calamité et au désenchantement.

Ce roman de libertinage accumule les mésaventures de Des Grieux : jeu de cartes, affaires d'escroquerie, assassinat, proxénétisme, voyage en Amérique, duel…
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Au début de ma lecture, j'ai été atterrée par la mièvrerie de ce jeune imbécile de des Grieux.
Il m'est ensuite apparu que son innocence dangereuse faisait de lui un être infréquentable. En effet, un tel degré d'aveuglement qui motive à trahir, mentir, manipuler, sans le moindre scrupule, ses amis les plus dévoués et jusqu'à son propre père, s'apparente plus à du fanatisme qu'à de l'amour.

Finalement, la plus à plaindre dans cette histoire est Manon. Gourgandine, certes, mais qui aurait gentiment mené son petit bonhomme de chemin si ce dernier n'avait croisé celui de l'exalté des Grieux.
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Ce livre a beau s'appeler Manon Lescaut, ce n'est pas son histoire qui est relatée ici. Elle n'est qu'un personnage secondaire, le personnage principal étant le Chevalier de Grieux un jeune aristocrate écervelé, geignard et irresponsable. A notre époque moderne on évoque souvent la légèreté de la jeunesse, celle qui succombe à l'argent facile plutôt que de travailler. Mais alors que dire de celle du 18eme siècle ? A longueur de romans chez les rejetons de la noblesse ou de la bourgeoisie ce n'est que paresse, suffisance et combine pour soutirer de l'argent à leurs parents. La plupart ont fait des études coûteuses mais pas un ne songe à travailler même quand les rentes familiales se tarissent. C'est le cas de notre jeune désoeuvré qui mange ses économies dans une vie de plaisir puis quand il n'en a plus profite de celles que Manon soutire à ses vieux amants fortunés. Évidemment elle lui doit beaucoup puisque c'est lui qui l'a sauvé du couvent ou sa famille voulait l'enfermer. Attaché irrémédiablement à elle, il va tout trahir, famille, amis, connaissances pour la suivre jusqu'aux colonies ou déportée comme prostituée elle mourra misérablement. Mais le jeune homme n'est pas Roméo, il ne suivra pas sa Juliette dans l'au-delà et même si ce n'est pas dit on l'imagine aisément rentrer en France et reprendre son rang dans la bonne société considérant plus tard cet épisode de sa vie comme une passade de jeune homme. "Manon Lescaut" est un classique agréable à lire qui plaira à tout amateur de bonne littérature française...
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Bonjour !
Décidément, les romans d'amour, même les classiques, n'ont pas ma faveur.
Jusqu'à quelles extrémités peut-on aller pour de l'amour-passion ?
Le jeune chevalier Des Grieux tombe éperdument amoureux de Manon Lescaut. Il sait qu'il n'aura, pour cette liaison, pas l'approbation de son père qui est sévère.
Ce sont des fuites continuelles pour cacher leur amour, mais Manon, volage et cupide est à chaque fois attirée par des vieux grigous fortunés.
Des Grieux, qui n' a pas le sou, échafaude à chaque fois un plan pour reprendre sa bien-aimée ; ils sont accusés de "libertinage" et de "friponnerie", ils volent les riches grigous, font de la prison ... s'échappent...
.
Que vaut l'amour-passion ?
C'est vraiment destructeur, je l'ai éprouvé ;
j'ai lu "Je meurs d'amour pour toi" d'Isabelle de Bourbon...
On peut dire :
"les histoires de passion
finissent mal,
en général "
On peut aussi dire :
"mourir d'amour enchaîné"...
.
Tout cela est-il sérieux ?
Quand les tripes surpassent la raison, que faire ?
L'abbé Prévost montre bien que Des Grieux est Amok, ensorcelé, et que son père, ou le raisonnable ami Tiberge, qui veulent lui ôter Manon de l'esprit par la religion, n'y peuvent rien.
Mais l'abbé est un abbé, il faut qu'à la fin, il ait gain de cause : je vous laisse lire l'ouvrage !
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Citations et extraits (229) Voir plus Ajouter une citation
L’expérience n’est point un avantage qu’il soit libre à tout le monde de se donner.
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Mais, Manon, je vous le dis, j'ai le coeur percé de la douleur de votre trahison.
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Je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage et sur les mains de ma chère Manon. Mon dessein était d'y mourir; mais je fis réflexion, au commencement du second jour, que son corps serait exposé, après mon trépas, à devenir la pâture des bêtes sauvages. Je formai la résolution de l'enterrer et d'attendre la mort sur sa fosse. J'étais déjà si proche de ma fin, par l'affaiblissement que le jeûne et la douleur m'avaient causé, que j'eus besoin de quantité d'efforts pour me tenir debout. Je fus obligé de recourir aux liqueurs que j'avais apportées. Elles me rendirent autant de force qu'il en fallait pour le triste office que j'allais exécuter. Il ne m'était pas difficile d'ouvrir la terre, dans le lieu où je me trouvais. C'était une campagne couverte de sable. Je rompis mon épée, pour m'en servir à creuser, mais j'en tirai moins de secours que de mes mains. J'ouvris une large fosse. J'y plaçai l'idole de mon cœur après avoir pris soin de l'envelopper de tous mes habits, pour empêcher le sable de la toucher. Je ne la mis dans cet état qu'après l'avoir embrassée mille fois, avec toute l'ardeur du plus parfait amour. Je m'assis encore près d'elle. Je la considérai longtemps. Je ne pouvais me résoudre à fermer la fosse. Enfin, mes forces recommençant à s'affaiblir et craignant d'en manquer tout à fait avant la fin de mon entreprise, j'ensevelis pour toujours dans le sein de la terre ce qu'elle avait porté de plus parfait et de plus aimable. Je me couchai ensuite sur la fosse, le visage tourné vers le sable, et fermant les yeux avec le dessein de ne les ouvrir jamais, j'invoquai le secours du Ciel et j'attendis la mort avec impatience. Ce qui vous paraîtra difficile à croire, c'est que, pendant tout l'exercice de ce lugubre ministère, il ne sortit point une larme de mes yeux ni un soupir de ma bouche. La consternation profonde où j'étais et le dessein déterminé de mourir avaient coupé le cours à toutes les expressions du désespoir et de la douleur Aussi, ne demeurai-je pas longtemps dans la posture où j'étais sur la fosse, sans perdre le peu de connaissance et de sentiment qui me restait.
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L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon coeur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n'affecta ni rigueur ni dédain. Elle me dit, après un moment de silence, qu'elle ne prévoyait que trop qu'elle allait être malheureuse, mais que c'était apparemment la volonté du ciel, puisqu'il ne lui laissait nul moyen de l'éviter. La douceur de ses regards, un air charmant de tristesse en prononçant ces paroles, ou plutôt, l'ascendant de ma destinée qui m'entraînait à ma perte, ne me permirent point de balancer un moment sur ma réponse. Je l'assurai que, si elle voulait faire quelque fond sur mon honneur et sur la tendresse infinie qu'elle m'inspirait déjà, j'emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents et pour la rendre heureuse. Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d'où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m'exprimer ; mais on ne ferait pas une divinité de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges.
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Comme il n y avait rien, après tout, dans le gros de ma conduite, qui pût me déshonorer absolument, du moins en la mesurant sur celle des jeunes gens d'un certain monde, et qu'une maîtresse ne passe point pour une infamie dans le siècle où nous sommes, non plus qu'un peu d'adresse à s'attirer la fortune du jeu, je fis sincèrement à mon père le détail de la vie que j'avais menée. A chaque faute dont je lui faisais l'aveu, j'avais soin de joindre des exemples célèbres, pour en diminuer la honte. Je vis avec une maîtresse, lui disais-je, sans être lié par les cérémonies du mariage : M. le duc de... en entretient deux, aux yeux de tout Paris ; M. de... en a une depuis dix ans, qu'il aime avec une fidélité qu'il n'a jamais eue pour sa femme ; les deux tiers des honnêtes gens de France se font honneur d'en avoir. J'ai usé de quelque supercherie au jeu : M. le marquis de... et le comte de... n'ont point d'autres revenus ; M. le prince de... et M. le duc de... sont les chefs d'une bande de chevaliers du même Ordre.
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Vidéo de Abbé Prévost
Antoine-François Prévost naît en 1697, sa jeunesse aventureuse est peu connue. Ordonné prêtre, il publie les deux premiers tomes des « Mémoires et aventures d'un homme de qualité ».
Il « rompt ses voeux » et s'enfuit à Londres, puis en Hollande et tombe amoureux d'une courtisane, Lenki Eckhardt. C'est à cette époque, que paraît le septième tome « des Mémoires et aventures d'un homme de qualité », qui raconte l'histoire de Manon Lescaut et de Des Grieux. Criblé de dettes, Prévost revient en France. Il entre au service du prince de Conti en tant qu'aumônier, tout en continuant d'écrire. Il meurt en 1763 en Picardie.
Pour en savoir plus : https://LLS.fr/CL2Video
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