Quel étrange paradoxe. La tradition a retenu pour titre Manon Lescaut alors que l'auteur l'avait intitulé, certes un peu longuement, Histoire du Chevalier Des Grieux Et de Manon Lescaut.
Paradoxe en ce sens que l'auteur place en premier le chevalier et que c'est effectivement lui le personnage principal, et que la belle Manon, personnage clé, il est vrai, n'est que le personnage secondaire. On a bien retenu Tristan ET Iseult, pourquoi pas des Grieux ET Manon Lescaut ?
Bref, vous aurez compris qu'il s'agit d'une histoire d'amour, que le mot du titre " histoire de " suggère un récit romanesque, celui-là même est à la première personne.
Pour ce qui est du contenu, l'abbé Prévost décrit " les infortunes de la vertu ", où notre chevalier est un preux chevalier, par contre, sa dulcinée, sans être une nymphomane, aime un peu trop le confort et le luxe pour accepter stoïquement son sort lorsque sa bourse est vide.
N'ignorant pas ses atours, la belle Manon, n'hésite jamais à faire crépiter le coeur d'un riche mécène quitte à faire rugir de jalousie le brave des Grieux.
Celui-ci emploie donc toute sa chevalerie pour faire échec aux amants et récupérer sa frivole amante. Les riches souteneurs bernés ont souvent le bras assez long pour créer des embarras au malheureux couple, lesquels embarras se traduisent souvent par des séjours en prison, lesquels séjours appellent à leur tour des évasions rocambolesques.
Notre pauvre chevalier, tiraillé entre un amour immodéré et les appels du pied de la morale ne sait trop quelle conduite tenir et récolte moult mésaventures à vouloir s'accrocher à la venimeuse Manon.
Le tour de force de l'auteur réside dans le fait qu'il parvient à nous la rendre tout de même attachante, car, bien que notoirement infidèle, elle n'en est pas moins amoureuse de son chevalier et présente par moments une noblesse de caractère indéniable.
D'un point de vue de l'histoire de la littérature, cette oeuvre marque indéniablement quelque tournant car on nous maltraite le sens moral avec ces deux amants, mais d'un point de vue purement contemporain, je ne sais pas si l'on peut encore l'élever au rang de chef-d'oeuvre absolu.
Le chevalier, amoureux éperdu et naïf à souhait, annonce le romantisme, mais reste quand même un brin cul-cul la praloche.
La fin étrange de Manon demeure un expédient facile de la littérature et l'on ne se satisferait peut-être plus d'une telle pirouette à l'heure actuelle. Un peu comme en biologie, il convient probablement de la lire dans un processus ontologique, c'est-à-dire assez jeune, comme une forme immature d'un style et d'un genre appelé à s'épanouir par la suite dans l'histoire littéraire par d'autre oeuvres plus marquantes encore, mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Ce livre fait partie de ces grands romans du XVIIIème siècle français à l'instar des Liaisons dangereuses, de Paul et Virginie, de Jacques le Fataliste ou La nouvelle Héloïse. Par ailleurs, l'histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est devenue la légende d'un couple comme pour Roméo et Juliette (moins popularisée néanmoins). Son auteur a connu la notoriété et l'immortalité grâce à cet ouvrage même s'il était un écrivain prolifique. Je crois que cela revient au fait que cette oeuvre est inclassable et a pu rester moderne par son sujet.
D'abord, elle est classique par son style sobre et dépouillé de toute recherche du pittoresque. Mais elle est aussi préromantique par sa description de la passion fatale qui mène à un état presque maladive (comme dans René de Chateaubriand).
L'Abbé Prévost a mis beaucoup de lui-même et de son expérience personnelle dans ce roman. Ce dernier nous présente le témoignage intime du chevalier des Grieux, un garçon qui avait un avenir prometteur, un père des plus obligeants et prévenants et un ami des plus vertueux et compréhensifs. Celui-ci a choisi de poursuivre sa passion sulfureuse pour une fille nymphomane et vénale.
L'amour inextinguible de des Grieux nous offre un miroir de l'âme humaine qui aime avec tous les transports. Ce jeune homme désire la fidélité de sa maîtresse, il suit malencontreusement le désarroi de son coeur, et ce n'est pas assez de repousser tout conseil et sermon de son ami Tiberge ; il absout toutes les inconstances et les récidives de sa chère Manon. Il s'agit de l'image du premier amour, sincère, fatal et infernal qui est voué au désespoir, à la calamité et au désenchantement.
Ce roman de libertinage accumule les mésaventures de Des Grieux : jeu de cartes, affaires d'escroquerie, assassinat, proxénétisme, voyage en Amérique, duel…
Ce livre a beau s'appeler Manon Lescaut, ce n'est pas son histoire qui est relatée ici. Elle n'est qu'un personnage secondaire, le personnage principal étant le Chevalier de Grieux un jeune aristocrate écervelé, geignard et irresponsable. A notre époque moderne on évoque souvent la légèreté de la jeunesse, celle qui succombe à l'argent facile plutôt que de travailler. Mais alors que dire de celle du 18eme siècle ? A longueur de romans chez les rejetons de la noblesse ou de la bourgeoisie ce n'est que paresse, suffisance et combine pour soutirer de l'argent à leurs parents. La plupart ont fait des études coûteuses mais pas un ne songe à travailler même quand les rentes familiales se tarissent. C'est le cas de notre jeune désoeuvré qui mange ses économies dans une vie de plaisir puis quand il n'en a plus profite de celles que Manon soutire à ses vieux amants fortunés. Évidemment elle lui doit beaucoup puisque c'est lui qui l'a sauvé du couvent ou sa famille voulait l'enfermer. Attaché irrémédiablement à elle, il va tout trahir, famille, amis, connaissances pour la suivre jusqu'aux colonies ou déportée comme prostituée elle mourra misérablement. Mais le jeune homme n'est pas Roméo, il ne suivra pas sa Juliette dans l'au-delà et même si ce n'est pas dit on l'imagine aisément rentrer en France et reprendre son rang dans la bonne société considérant plus tard cet épisode de sa vie comme une passade de jeune homme. "Manon Lescaut" est un classique agréable à lire qui plaira à tout amateur de bonne littérature française...
Au début de ma lecture, j'ai été atterrée par la mièvrerie de ce jeune imbécile de des Grieux.
Il m'est ensuite apparu que son innocence dangereuse faisait de lui un être infréquentable. En effet, un tel degré d'aveuglement qui motive à trahir, mentir, manipuler, sans le moindre scrupule, ses amis les plus dévoués et jusqu'à son propre père, s'apparente plus à du fanatisme qu'à de l'amour.
Finalement, la plus à plaindre dans cette histoire est Manon. Gourgandine, certes, mais qui aurait gentiment mené son petit bonhomme de chemin si ce dernier n'avait croisé celui de l'exalté des Grieux.
Bonjour !
Décidément, les romans d'amour, même les classiques, n'ont pas ma faveur.
Jusqu'à quelles extrémités peut-on aller pour de l'amour-passion ?
Le jeune chevalier Des Grieux tombe éperdument amoureux de Manon Lescaut. Il sait qu'il n'aura, pour cette liaison, pas l'approbation de son père qui est sévère.
Ce sont des fuites continuelles pour cacher leur amour, mais Manon, volage et cupide est à chaque fois attirée par des vieux grigous fortunés.
Des Grieux, qui n' a pas le sou, échafaude à chaque fois un plan pour reprendre sa bien-aimée ; ils sont accusés de "libertinage" et de "friponnerie", ils volent les riches grigous, font de la prison ... s'échappent...
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Que vaut l'amour-passion ?
C'est vraiment destructeur, je l'ai éprouvé ;
j'ai lu "Je meurs d'amour pour toi" d'Isabelle de Bourbon...
On peut dire :
"les histoires de passion
finissent mal,
en général "
On peut aussi dire :
"mourir d'amour enchaîné"...
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Tout cela est-il sérieux ?
Quand les tripes surpassent la raison, que faire ?
L'abbé Prévost montre bien que Des Grieux est Amok, ensorcelé, et que son père, ou le raisonnable ami Tiberge, qui veulent lui ôter Manon de l'esprit par la religion, n'y peuvent rien.
Mais l'abbé est un abbé, il faut qu'à la fin, il ait gain de cause : je vous laisse lire l'ouvrage !
Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?