- Nous n'avons aucune chance, dit-il. Mais est-ce que ça a de l'importance?
Sacha, dit
San'kia est emblématique de la jeunesse russe d'aujourd'hui. Plus radical certes, plus courageux peut-être, ou plus naïf ? Mais ancré dans un paysage politique dévasté comme l'ont été en d'autres temps ses grands-parents, survivants fantomatiques d'un village bloqué par la neige une bonne partie de l'année, ou sa mère travailleuse effacée et son père, mort d'alcoolisme.
Sacha n'a pas de programme politique précis, mais croit en la Russie, une entité de puissance qui fait parfois froid dans le dos, et considère que « son président » et « son gouvernement » la bafouent ignominieusement. Face à cela, ce jeune homme solitaire et désoeuvré a rejoint un groupuscule extrémiste où il trouve la chaleur de l'amitié et le courage de l'action, une action qui va monter en puissance au fur et à mesure qu'il se heurte à la sauvagerie des autorités.
C'est la description d'un univers qui a quelque chose de kafkaïen, l'acte est si désespéré qu'il en devient absurde et paradoxalement jouissif.
Ces jeunes gens ne rappellent pas les révoltés de
Sartre ou de Camus, ils ne réfléchissent guère, ils sont dans une action intuitive et provocatrice dont ils connaissent et assume d'avance l'échec prévisible.
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