Le deuil compliqué se fait petit à petit, sur fond de jalousie, de déni et de soupçons.
Le lecteur voit imperceptiblement Albertine s'éloigner de l'esprit du narrateur. Il assiste en direct à la pensée qui se bat contre le monde, se laisse happer par les phrases hypnotiques de
Proust, qui disent avec une justesse toujours plus fine les remous, les contradictions et les mouvements de l'être profond face à l'impensable et à l'impossible, puis face à l'ordinaire revenu de nulle part.
L'amour qu'on croyait éteint se rallume un dernier feu avant l'hiver puis s'éteint pour de bon : Albertine, plus vivante morte qu'en vie, ne meurt qu'à Venise quand d'autres visages réapparaissent, dont celui oublié de Gilberte, qui achève l'oubli d'Albertine.
Dans ce roman du temps qui efface, il ne s'est rien passé et tout a changé. On ne peut qu'en avoir le souffle coupé. Bientôt, le temps perdu sera retrouvé
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