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Critique de CDemassieux


C'est un livre d'adieux : un défilé de personnages familiers de la Recherche, dans un final où les vivants et les morts tirent leur révérence. Ceux qui restent sont démasqués par l'usure des années. Les illusions du narrateur ont cédé la place à une lucidité plus cruelle. Tout s'achève donc dans une matinée – « Matinée chez la princesse de Guermantes » – où l'on assiste à une farandole des survivants. Bientôt, Marcel s'en ira…et Proust suivra.
Mais est-ce vraiment une fin ? Non, car tout serait à réécrire après l'achèvement de cette cathédrale de mots, en vue d'une nouvelle recomposition du temps, comme le suggère la dernière phrase. Ce temps, que l'auteur étire ou rétrécit, au mépris de la réalité de son mouvement, il le connaît à présent.
Proust rédigea une importante partie de ce dernier texte peu après le premier volume, du côté de chez Swann. le dénouement était prévu de longue date, mais l'imprévu l'obligea à se repenser – la Première Guerre mondiale ne faisait pas partie du programme ! le temps, décidément, n'est pas prévisible !
Puis il y a cet aveu : « J'éprouvais un sentiment de fatigue profonde à sentir que tout ce temps si long non seulement avait sans une interruption été vécu, pensé, sécrété par moi, qu'il était ma vie, qu'il était moi-même, mais encore que j'avais à toute minute à le maintenir attaché à moi, qu'il me supportait, que j'étais juché à son sommet vertigineux, que je ne pouvais me mouvoir sans le déplacer avec moi. »
L'écrivain s'est enchaîné au temps, maintenant un dialogue permanent avec lui, sans échappatoire. A présent, il saurait comment donner aux hommes « une place autrement considérable » dans ce temps. Il n'en a pas eu le temps…
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