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Critique de JLBlecteur


La vie est un polaroïd aux couleurs fanées!

Sacha, le narrateur est écrivain.
Il a plusieurs romans à son actif.
Il fuit Paris, vers le sud.
Se ressourcer.
Se refaire une virginité.

Comme des mots sur une page blanche, il jette son dévolue sur la ville anonyme de V, où, hasard de la vie (vraiment?), réside  également un ami perdu de vue depuis dix-sept ans qu'il ne nomme que comme ‘l'auto-stoppeur'.

Ce dernier s'y est installé avec Marie et Augustin, leur fils.

Les liens se renouent,  instantanément, et on devine une ancienne et longue complicité entre eux mais également une fin de relation qui a laissé des traces et pas seulement de semelles dans la poussière polluée des bas-côtés de la route.

Si l'ami de longue date semble avoir posé le sac à dos que son surnom évoque, une courte discussion permet rapidement de comprendre que l'asphalte brulant coule toujours dans ses veines de routard et plus encore, les rencontres variées et parfois atypiques que son mode de transport permet au hasard d'un simple et banal pouce fièrement levé vers le ciel.

Il avoue se prêter encore régulièrement, presque sauvagement, à cette passion pour le bitume comme d'autres succombent à une addiction, de quelque sorte que ce soit.

La route comme un moteur,
Comme un combustible,
Comme un carburant.
Comme une drogue.

Étrange passion et étrange personnage qui surprennent sa compagne comme son fils affamé des histoires que ce père fantasque lui racontera dès son retour.

Si ces fulgurances routardes ont toujours animé l'auto-stoppeur qui délaissaient déjà son foyer pourtant en attente et en manque de lui, désormais Sacha est là qui anime le quotidien et fait diversion, mais jusqu'où ?

Et si cette passion se faisait poison ?

Quel rôle va tenir cet écrivain narrateur qui, dans un très joli style subtil et léger, nous relate cette quête singulière et au singulier, tout en nous divertissant, embarqués et désireux que nous sommes de savoir où ces pas, effectués en chaussures de marche, mèneront les protagonistes d'une aventure humaine voire humaniste dont le mot-clé est la rencontre, mais avec qui ces rencontres ?
Avec soi ?

Va-t-il vraiment vers des rencontres impromptues où fuit-il finalement cette vie figée, immobile, sédentaire qu'il s'est infligée, lui, le nomade personnifié, l'avaleur insatiable de bornes kilométriques  ?

Et sa famille, saura-t-elle supporter ces absences incessantes, ce besoin incongru de fermer la porte et de tourner le dos, le pouce en l'air.
Par bribes, par flashback, par appels téléphoniques aussi, nous suivons les errances des personnages, intrigués par des noms de patelins improbables, des choix de vie romanesques, des virages en épingle à cheveux qui nous tiennent en haleine et nous font, nous aussi, engloutir des distances bien que vissés à nos fauteuils de lecture.

Malgré ce que son titre suggère, laisse à penser, avec se livre nous ne sommes pas directement dans le ‘road movie' (rode movie ?), il y est question d'autostop, de déplacement de longue durée, certes, mais du point de vue de celui qui reste. Si bien des lieux traversés sont cités, c'est par le biais de messages, de cartes postales ou routières mais nous ne sommes pas directement dans la déambulation. Elle n'est vécue que par procuration, avec poésie, laissant voguer une imagination prompte à développer des images que les mots bien choisis suggèrent.

Plus qu'un road-récit, c'est une fable qui défile sous nos yeux, un conte illuminé par un illuminé qui fuit le bonheur de peur qu'il ne se sauve (Birkin-Gainsbourg).
L'amour universel comme point de fuite, l'embrassement de l'humanité comme but ultime.
Un trait d'union !
 
Merci à Quéqué72 de m'avoir incité à mettre mes pas dans ceux de ces arpenteurs de bitume, me permettant de parcourir des kilomètres infinis sans, pour autant, me faire d'ampoule aux pieds, révélant ainsi (ce que je subodorais déjà) que je ne suis pas une lumière !
 
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