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Citations sur Loups solitaires (7)

-Tu sais que la panique , ça vient de Pan, la divinité qui incarne les forces invisibles et mystérieuses de la nature?
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Je crois au besoin de croire. Je crois à la poésie qui exprime ce besoin. Je crois au besoin de règle. Mais je crois aussi à la règle du besoin. Et j'ai besoin de toi.
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« Ce qu’on appelle de manière impropre le plateau de Millevaches (il faut dire paraît-il, la Montagne limousine) est une terre infertile, dont le rendement en blé sera toujours inférieur à celui de la Beauce, circonstance dont un excellent auteur comme Pierre Bergounioux qui s’appuie sur Turgot et les physiocrates, s’autorise pour assigner à ce territoire une seule production remarquable, la mélancolie littéraire. Toutefois, on observera que, comme souvent sous les climats rudes et sur les sols inféconds, il y pousse aussi la mauvaise herbe de la rébellion. Depuis les maçons de la Creuse qui importèrent dans Paris des désirs de révolution, jusqu’aux irréguliers de Tarnac qui furent la cible d’une opération de communication ratée de l’intérieur, en passant par le maquis de Guingoin et ce maire et cet instituteur de la Villedieu qui furent révoqués pour s’être opposés au passage d’un convoi de rappelés de la guerre d’Algérie, un fort taux de fortes têtes s’est maintenu ici, de sorte qu’en rencontrer une sur le bord de la route n’est pas plus étonnant que de tomber sur une vidéo de chat en errant sur Internet. »
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Un quadragénaire mince en costume bleu sombre et cravate assortie tapote du bout de son Montblanc la bouteille d’eau inentamée posée devant lui. Ce léger bruit suffit à faire tourner les visages vers lui.
– S’il vous plaît, je vous serai reconnaissant de ne pas nous infliger de passes d’armes entre services. Le temps presse. Le ministre attend mon rapport dans une demi-heure, ajoute-t-il après un coup d’œil ostensible à sa montre sarkozyste. Alors, en deux mots, il est où, Dhiboun, vous avez une idée ? Quelqu’un a une trace de lui quelque part ? Oui ? dit le quadra en voyant à sa droite un quinqua en costume bleu turquin et cravate assortie lever son Montblanc à lui, la Direction du renseignement militaire a quelque chose ?
– Oui, acquiesce l’intervenant. Monsieur le conseiller, je me dois d’abord de m’inscrire en faux contre l’impression que nous pouvons vous donner. La circulation des informations entre services fonctionne. Bien qu’elle n’ait pas jugé bon de nous en faire part, nous étions au courant des difficultés de la DGSI, nous savions qu’elle n’avait trouvé aucune image de Dhiboun sur les enregistrements vidéo des caméras de la SNCF, non seulement à Modane mais ensuite dans toutes les gares françaises, puisque nos collègues ont étendu leurs investigations jusque-là…
Le conseiller soupire. Le représentant de la Direction générale de la sécurité intérieure fixe l’homme de la Direction du renseignement militaire avec des sentiments faciles à deviner, car sa mâchoire est serrée, son sourcil froncé, son front empourpré. Mais le militaire continue, imperturbable.
– Dans le cadre de la coopération entre services, il nous a donc semblé judicieux de demander de l’aide à nos principaux alliés dans la guerre contre le terrorisme. Nous nous sommes tournés vers la NSA.
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Comme tous les amants qui ont le temps, ils divaguent.
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Christian Meynandier ne l’écoute manifestement pas. Son regard s’est égaré dans la salle. Les autres tables sont occupées exclusivement par des membres de cette partie de la classe moyenne britannique fervente adepte de la libre entreprise et convaincue par le Financial Times que le Limousin est, après le Périgord déjà conquis, la nouvelle terre de toutes les promesses immobilières. Acheter, retaper, revendre, créer des B&B pour ceux qui viennent acheter et revendre, et des B&B pour ceux qui veulent créer des B&B et à quel moment revendre avant que n’éclate la bulle des B&B, tels sont les principaux sujets de conversation.
Mais voilà que la prunelle gris-bleu de Meynandier s’immobilise puis se contracte, captée par une flamme rousse à la table voisine : la chevelure d’une femme assise avec trois hommes, et qui rit tandis qu’ils tirent la gueule.
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Bardonecchia, dernière gare piémontaise avant la frontière française. L’exceptionnel redoux qui depuis une semaine a effacé la neige des rues et dépeuplé les hôtels à skieurs persiste. On est fin janvier, l’allongement des jours s’affirme et, à 8 h 10, le monde apparaît en pleine lumière, tel qu’il est quand les humains n’y sont pas. Sous le ciel froid, entre les murailles noires des pentes presque à pic, pèse la tristesse irrémédiable des lieux si hauts qu’on ne peut plus en redescendre.
La placette devant la gare est déserte. Arrivé sur le tortillard de Turin, Pierre Dhiboun s’y est retrouvé seul en quelques minutes, après la dispersion en divers véhicules de la demi-douzaine de personnes descendues du même convoi. Très mince, très grand, en jean, T-shirt noir et blouson de cuir, d’une sveltesse soulignée par sa pose : jambes légèrement écartées, doigts de la main droite retenant les lanières qui lui scient le trapèze, Dhiboun maintient contre son dos un sac de sport chic et cher. Il consulte sa montre puis examine les lieux, la chaussée déserte, les volets clos des édifices qui la bordent, l’abribus couvert de faire-part de décès. Son regard s’arrête sur un bâtiment à un étage, dont les murs extérieurs plaqués de bardeaux vernis s’ornent de marmites anciennes suspendues à des chaînes, ripolinées de noir et remplies de fleurs fades. « Taverna della Stazione », annonce l’enseigne. En avançant, Dhiboun scrute l’étroite vitrine derrière laquelle il ne peut voir un sexagénaire grisonnant qui, tout en saisissant un cappuccino posé à côté de lui, a levé les yeux de l’écran d’un ordinateur portable et maintenant le regarde venir.
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