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Critique de pixton


En préambule à son recueil de nouvelles, Patrice Quélard nous explique que « ce n'est pas le thème qui a précédé l'écriture, mais bien l'écriture qui a appelé le thème, et il me semble que c'est sans doute plus puissant comme cela, car peut-être moins calculé, moins calibré, moins lisse, moins convenu. Plus rageur. »
Je peux confirmer à l'auteur que son pressenti était le bon. Les dix nouvelles d'Oppressions proposent néanmoins une homogénéité assez remarquable, qui fait que l'on a vraiment l'impression de dérouler un fil rouge, chaque texte nous faisant remonter le temps, depuis le 18ème siècle, jusqu'à un futur très (trop) proche, et nous exposant des personnages tour à tour oppresseurs ou oppressés, voire les deux. Quant à la rage, elle est là, de toute évidence, et ce n'est pas surprenant de voir l'article 2 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ouvrir le recueil.
Le thème en lui-même est fort, renforcé par la couverture sublime et dérangeante d'Edwige Dupond, et autant vous prévenir que si pour vous, la lecture est un loisir inoffensif destiné à vous reposer le week end après une dure semaine de travail, vous devriez passer votre tour. Patrice Quélard ne ménage pas le lecteur, mais jamais la violence qui émane des ces nouvelles n'est gratuite ou fortuite. Je ne détaillerai pas chacun des textes (l'auteur les présente en début de recueil), certains m'ont plus convaincus que d'autres, surtout ceux qui se passent dans le passé (« La doléance » ouvre les hostilités avec brio), où l'auteur se montre particulièrement à l'aise et inspiré, ce qui n'étonnera pas ses habitués. Si on devait choisir un texte, ce serait l'inoubliable « Mémoires d'un plicaturé », tant il condense toutes les qualités et obsessions de l'auteur.
Ceux qui le connaissent ne seront pas étonnés non plus de voir qu'il n'hésite pas à se questionner sur ses propres valeurs, en un jeu de miroirs renversant et troublant (« Pas de mauvais peuple »). Malgré la noirceur de l'ensemble, le texte final, « Do it yourself », est un véritable manifeste à ne pas baisser les bras et à lutter pour la liberté, contre les oppressions, et nous rappelle que la lumière suit toujours les ténèbres. Même si c'est une lumière fragile, pâle, qui ne retrouvera jamais l'éclat passé ni n'effacera les traumatismes (« Emi »).
Patrice Quélard fait partie de ces auteurs qui n'ont encore pas eu la chance de trouver un éditeur digne de ce nom pour défendre et diffuser leurs oeuvres, ce que je déplore profondément, et qui constitue une injustice hallucinante. Mais le bonhomme est un battant et il n'a pas hésité à tenter l'aventure de l'auto-édition. Grand bien lui en a pris, car son ouvrage est parfaitement maîtrisé tant sur le fond que la forme, et la mise en page n'a rien à envier à une publication professionnelle. Il faut dire qu'il a été anthologiste et qu'il n'a pas créé ce recueil tout seul dans son coin, sans expérience, comme c'est trop souvent le cas pour les auteurs qui s'auto-éditent.
En conclusion, on retrouve la qualité de plume, l'exigence et l'érudition de l'auteur de Fratricide, autant de qualités qui font d'Oppressions Volume 1 une vraie réussite.
Le volume 2 vient de sortir, et il est évident que je vais me le procurer sur le champ !

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