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Critique de HomoLibris


Avis mitigé. Roman pas désagréable, mais pas inoubliable.

Sur le fond.
Des qualités indéniables : idées originales, notamment le thème central ; un gros travail de documentation quant au rôle des prévôts lors du conflit de 14-18, leurs uniformes, leurs équipements, leur organisation, etc. (apparemment merci M. Louis-Napoléon Panel – avec un tel prénom, forcément ! - que l'auteur cite dans ses remerciements) ; beaucoup d'humour ; une bonne culture (citations de Don Quichotte, de Cyrano, etc.).
Le lecteur apprend, s'il ne le savait déjà, que les gendarmes ne servaient pas seulement de police militaire, mais avaient également la responsabilité du ramassage du matériel abandonné, la gestion des corvées de nettoyage, des travaux de voirie, etc., effectués par les "territoriaux". L'auteur évoque combien ce corps d'armée était mal perçu, voire même insulté par ceux qui se battaient sur le front, parce que considéré comme planqué, porteur des mauvaises nouvelles, empêcheur de se saoûler en rond, et ramasseur de déserteurs.
Cet aspect du roman est intéressant, mais beaucoup trop détaillé pour un roman. Personnellement j'aurais préféré lire un essai sur le sujet. L'auteur a eu la bonne idée d'inséré dans son récit une intrigue policière, enquête sur une mort et un suicide suspects ; mais ces intrigues commencent tard dans le roman et se terminent tôt, pour ressurgir bizarrement en fin de roman. Autour, l'auteur se perd dans une foule de détails sur la prévôté, les permissionnaires, la vie au front, se noie dans de nombreux récits secondaires, patauge dans des considérations philosophiques un peu légères, et s'emporte sur la durée. Il aurait sans doute mieux valu concentrer le récit sur une plus courte période, autour de l'intrigue, et apporter les détails de la vie de la prévôté et des Poilus en filigrane, plutôt que l'inverse.

Sur la forme.
L'écriture assez classique et la construction linéaire concourent à un roman agréable et plutôt facile à lire. Mais quand on écrit un roman dans un contexte historique, il faut arriver à se fondre dans la période (pour celle-ci, cf. l'oeuvre du regretté Pierre Miquel, notamment sur la correspondance des Poilus). Ce n'est pas tout d'essayer de rendre l'accent picard d'une cantinière, encore faudrait il que les hommes du temps n'usent pas de psittacismes et de tics de langage de chroniqueurs TV de ce début vingt-et-unième siècle. Certainement qu'un lettré comme le lieutenant Cognard n'aurait pas utilisé "échanger" à la place de "parler, discuter, converser, etc.", ni "échange" pour "discussion, conversation, entrevue", et n'aurait pas commencé une phrase par "du coup". Noté également plusieurs affreux "comme quoi" et de nombreux "faire" pour "dire", heureusement l'auteur nous épargne l'horrible "de par", merci ! Dernier point, l'auteur présente ses excuses pour l'anachronisme d'une chanson de 1916, chantée en 1915 dans le roman, que n'en fit-il de même pour les anglicismes "brainstorming" attesté en Anglais dans le sens "cogitation collective" seulement à partir de 1947, et "briefing" attesté en 1910, mais popularisé en Anglais seulement entre 1940-45… alors en Français ! (cf. le British Etymology Dictionary) !


* Cela dit, un (des plus mauvais) prix Goncourt (que j'ai lus) faisait commencer des lettres de Poilus par "En même temps, …" !!!
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