De tous les livres de
Raymond Queneau, j'ai une affection particulière pour ce journal intime de Sally Mara, soi-disant écrit par une jeune irlandaise qui cherche à découvrir la sexualité. Elle vit dans un monde affreusement patriarcal où les mains aux fesses sont monnaie courante ; la scène inaugurale va encore plus loin dans le harcèlement, et notre jeune vierge ne s'en émeut pas car elle n'y comprend rien. Mais ce qui pourrait rebuter le lecteur contemporain ne le dérange pas, car, comme toujours chez
Queneau, les personnages n'ont pas d'existence psychologique, ils ne provoquent pas une identification, et ce qui leur arrive n'est qu'une suite de jeux de mots. le vrai personnage de tous ses livres est le langage.
Et c'est ce plaisir des mots qui me fait ouvrir le journal de Sally Mara à n'importe quelle page dès que j'ai besoin de rire un bon coup. Pour Sally, le français est une langue étrangère, comme la sexualité ; ses phrases sont ponctuées de mots inappropriés et d'allusions salaces involontaires. Elle rapporte les histoires les plus scabreuses en toute naïveté, et on croit entendre le rire de
Queneau entre les lignes…
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