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Critique de kielosa


Maintenant, qu'en Russie l'ancien KGBiste brigue son 5ème mandat présidentiel, qui lui assurera 3 décennies (2000-2030) de pouvoir dictatorial, la fameuse propagande russe bat son plein, non pas pour assurer une victoire au criminel Poutine, mais comme exercice pour légitimer l'opération militaire spéciale en Ukraine. le locataire du Kremlin est tellement sûr de sa victoire qu'il n'a même pas éprouvé le besoin de mener une campagne électorale ou d'engager un débat avec ses 3 concurrents admis. Pour son entourage, Vladimir Vladimirovitch devrait obtenir au moins 80 % des suffrages. La propagande et les forces de l'ordre visent particulièrement le vote dans les territoires ukrainiens annexés.

Ce sont ces élections fantoches qui m'ont poussé à lire l'ouvrage de Nicolas Quénel sur la guerre de l'information entre la Fédération russe et la France.

L'auteur, un journaliste d'investigation indépendant, a fait un beau travail en expliquant l'origine et l'ampleur de la politique russe de désinformation systématique à des fins politiques en France et partout en Occident.

Ainsi, nous apprenons que la systématisation de la désinformation comme arme remonte à 1922, avec la création d'un bureau spécial à cet effet à l'intérieur de la Guépéou, le précurseur du KGB. La désinformation n'étant qu'un moyen de manipuler l'information à côté d'autres mesures, telle la falsification de documents, la mobilisation d'agents d'influence et d'idiots utiles. Sans oublier, bien entendu, la manipulation de la presse.

Ces initiatives, en vue d'affaiblir les pouvoirs des pays considérés comme adversaires, ont connu des hauts et des bas, mais ont trouvé une expansion énorme avec l'apparition des réseaux sociaux sur Internet et en 2022 avec l'invasion d'Ukraine.
Parmi ces adversaires, la France figure, selon l'auteur, en première ligne. Déjà du temps de la Russie soviétique, la France a été "une cible de choix". Tout un chapitre est consacré à cette triste réalité.

L'ouvrage de Nicolas Quénel compte 2 grandes parties : 1) La France sous le feu des opérations d'influence russes et 2) La contre-influence française.
Les deux parties sont de longueur comparable et comptent, chacune, une bonne centaine de pages et le même nombre de chapitres, respectivement 10 et 9.

En ce qui concerne la deuxième partie, il convient de noter qu'il aura fallu du temps avant que la France prenne la menace de la manipulation russe au sérieux. Selon l'auteur, tous les présidents français, à l'exception de François Hollande et Emmanuel Macron dans un 2e temps, ont fait preuve d'une considérable "naïveté" à l'égard de la Russie poutinienne.
De nos jours, le Quai d'Orsay et la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) sont en train d'élaborer d'intéressantes réponses.

Pour réaliser ce fort instructif bilan, l'auteur s'est basé sur de nombreux ouvrages, soit de portée globale, comme l'excellent livre de Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine "Le KGB contre l'Ouest 1917-1991" et des ouvrages plus spécifiques, tel "Les Moujiks : La France dans les griffes des espions russes" de Romain Mielcarek de 2022. À côté des livres, l'auteur a mené sa propre investigation en contactant personnellement différents témoins de l'une ou l'autre affaire représentative.

Ce sont ces démarches de l'auteur qui confèrent à son ouvrage un élément captivant et vif, comme les activités d'espionnage de la sulfureuse Natalia Burlinova du site Picreadi sur Internet.

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