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EAN : 9782207178898
224 pages
Denoël (08/11/2023)
4/5   12 notes
Résumé :
Un conflit a fait en France des millions de victimes sans qu'aucune balle n'ait été tirée. Cette guerre est celle de l'information. Les nouvelles technologies et la puissance des réseaux sociaux ont donné aux opérations d'influence russes un potentiel de viralité dont les pontes du KGB n'auraient pas pu rêver en leur temps. Nicolas Quénel, journaliste d'investigation, a rencontré les acteurs de cette guerre, à cheval entre le cyber et le renseignement. Il livre le f... >Voir plus
Que lire après Allô, Paris ? Ici Moscou : Plongée au coeur de la guerre de l'informationVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Maintenant, qu'en Russie l'ancien KGBiste brigue son 5ème mandat présidentiel, qui lui assurera 3 décennies (2000-2030) de pouvoir dictatorial, la fameuse propagande russe bat son plein, non pas pour assurer une victoire au criminel Poutine, mais comme exercice pour légitimer l'opération militaire spéciale en Ukraine. le locataire du Kremlin est tellement sûr de sa victoire qu'il n'a même pas éprouvé le besoin de mener une campagne électorale ou d'engager un débat avec ses 3 concurrents admis. Pour son entourage, Vladimir Vladimirovitch devrait obtenir au moins 80 % des suffrages. La propagande et les forces de l'ordre visent particulièrement le vote dans les territoires ukrainiens annexés.

Ce sont ces élections fantoches qui m'ont poussé à lire l'ouvrage de Nicolas Quénel sur la guerre de l'information entre la Fédération russe et la France.

L'auteur, un journaliste d'investigation indépendant, a fait un beau travail en expliquant l'origine et l'ampleur de la politique russe de désinformation systématique à des fins politiques en France et partout en Occident.

Ainsi, nous apprenons que la systématisation de la désinformation comme arme remonte à 1922, avec la création d'un bureau spécial à cet effet à l'intérieur de la Guépéou, le précurseur du KGB. La désinformation n'étant qu'un moyen de manipuler l'information à côté d'autres mesures, telle la falsification de documents, la mobilisation d'agents d'influence et d'idiots utiles. Sans oublier, bien entendu, la manipulation de la presse.

Ces initiatives, en vue d'affaiblir les pouvoirs des pays considérés comme adversaires, ont connu des hauts et des bas, mais ont trouvé une expansion énorme avec l'apparition des réseaux sociaux sur Internet et en 2022 avec l'invasion d'Ukraine.
Parmi ces adversaires, la France figure, selon l'auteur, en première ligne. Déjà du temps de la Russie soviétique, la France a été "une cible de choix". Tout un chapitre est consacré à cette triste réalité.

L'ouvrage de Nicolas Quénel compte 2 grandes parties : 1) La France sous le feu des opérations d'influence russes et 2) La contre-influence française.
Les deux parties sont de longueur comparable et comptent, chacune, une bonne centaine de pages et le même nombre de chapitres, respectivement 10 et 9.

En ce qui concerne la deuxième partie, il convient de noter qu'il aura fallu du temps avant que la France prenne la menace de la manipulation russe au sérieux. Selon l'auteur, tous les présidents français, à l'exception de François Hollande et Emmanuel Macron dans un 2e temps, ont fait preuve d'une considérable "naïveté" à l'égard de la Russie poutinienne.
De nos jours, le Quai d'Orsay et la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure) sont en train d'élaborer d'intéressantes réponses.

Pour réaliser ce fort instructif bilan, l'auteur s'est basé sur de nombreux ouvrages, soit de portée globale, comme l'excellent livre de Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine "Le KGB contre l'Ouest 1917-1991" et des ouvrages plus spécifiques, tel "Les Moujiks : La France dans les griffes des espions russes" de Romain Mielcarek de 2022. À côté des livres, l'auteur a mené sa propre investigation en contactant personnellement différents témoins de l'une ou l'autre affaire représentative.

Ce sont ces démarches de l'auteur qui confèrent à son ouvrage un élément captivant et vif, comme les activités d'espionnage de la sulfureuse Natalia Burlinova du site Picreadi sur Internet.

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Premier ouvrage de Nicolas Quénel, qui nous en promet un deuxième dans les mois à venir depuis son compte twitter, Allô Paris ? Ici Moscou se divise en deux parties : la première retrace les opérations d'influence et de désinformation (qui ne datent pas d'hier) entreprises par la Russie sur le sol français, et la seconde égrène les réponses de la France à ces menaces, et la structuration progressive d'institutions pour s'en protéger.

Un bouquin bourré d'anecdotes et d'informations, où l'on apprend que la France, par l'importance du PCF et sa tendance à l'anti-américanisme, était une cible de choix pour les opérations d'influence soviétiques ; l'ouverture et la publication des archives Mitrokhine, du nom d'un fonctionnaire zélé qui emporta avec lui toutes ses notes à son passage à l'Ouest, révèlant les sommes d'argent promises à des russophiles insoupçonnés (ou pas) : André Ulmann, Pierre-Charles Pathé, Jean Clémentin…Pratiques que l'on pourrait supposer surannées, mais qui sont loin de l'être : les services russes poursuivent leurs cajoleries, notamment envers les jeunes diplômés français en relations internationales, envoient de brillantes étudiantes prometteuses à Sciences Po Paris, proposent de juteux partenariats à des youtubeurs pour faire de la désinformation (que les Français Nota Bene et Dirty Biology ont été plus prompts à dénoncer que leurs homologues brésilien et indien), notamment sur le covid-19 et les vaccins, créent de faux sites internet dont les articles sont relayés par des sites et comptes « alternatifs » ou tout simplement conspirationnistes.

J'ai trouvé particulièrement intéressant l'analyse psychologique des jeunes Russes aux modes de vie occidentalisé, mais à ce point dépolitisés qu'ils ne voient aucune incohérence à dénoncer ce même mode de vie dans des opérations d'influence à destination de la France, notamment via des discussions sur telegram, que l'auteur parvient, avec Romain Mielcarek, à infiltrer.

On oscille entre hilarité et désespoir devant le manque de professionnalisme de certaines opérations russes qui capotent inéluctablement, et la naïveté patente des institutions françaises face aux attaques répétées, et à leur bien timides réactions…Devant lesquelles on ne devrait pas s'étonner au vu de certains discours amourachés de nos dirigeants envers la Sainte Russie si pétrie de culture.

Après nous avoir bien effrayés en nous contant ces sournoises attaques russes, Nicolas Quénel détaille l'attirail déployé par la France pour se défendre, présentant au passage les stratégies d'approche inclusive mises au point depuis un bail par Taïwan (cours d'éducation sur les médias, Name and shame, législation très répressive envers les agents d'influence, maintien d'une base de données des opérations d'influence chinoise) et les pays scandinaves (éducation et maintien d'un haut niveau de confiance de la population envers les institutions), des pays, aux voisins « un peu gênants ».

J'ai donc appris l'existence de Viginum, d'une cellule spéciale du Quai d'Orsay visant à sensibiliser le personnel diplomatique, et de l'attention toute particulière de la DRSD accordée à certains officiers en devenir de Saint-Cyr un peu trop russophiles.

Bref une super lecture très instructive, riche en exemples et teintée d'un humour cynique qui infuse au fil des pages ; et un auteur qui prend du recul par rapport à la lutte d'influence qu'il dépeint pour questionner les impacts de la stratégie de défense française qui prend forme, et sa conformité avec la législation actuelle et la protection des libertés des citoyens.
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Ce livre est organisé en 2 parties. La première partie porte sur les opérations d'influence russes et la seconde partie porte sur les actions menées par la France pour lutter contre ces opérations d'influence.

On y découvre plusieurs opérations d'influence marquantes. Certaines médiatisées d'autres moins connues. On y apprend également les différents procédés utilisés pour aboutir à ces opérations d'influence. Cela va de la création d'un site Web au recours à un Youtubeur ultra connu. Les moyens sont nombreux, coûteux ou non. La désinformation est utilisée comme une arme.

Quant aux actions menées par la France pour contrer ces actions, si elles ont le mérite d'exister mais l'auteur nous démontre néanmoins qu'elles sont nettement insuffisantes et que beaucoup de travail reste à accomplir. Comme il est rappelé : s'il est très facile de faire une fausse information, il est beaucoup plus difficile de la défaire.

Le livre se lit assez facilement et est accessible aux profanes du sujet comme moi. L'avantage c'est que beaucoup d'événements ou de noms que je ne connaissais pas sont cités mais ne viennent pas alourdir le livre quand ce n'est pas nécessaire. Si l'on souhaite approfondir libre à nous de le faire.

J'ai aimé l'approche de l'auteur sur la situation. Une petite ouverture est faite à la fin à l'égard de la Chine qui disposerait en réalité de bien plus de moyens que la Russie. Ce schéma serait à étudier pour de nombreux États. En somme un livre intéressant qui alerte sur les dangers des copinages ou des relations pouvant mener à des ingérences étrangères notamment par le biais de certains politiciens/députés/sénateurs...
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L'auteur dévoile les différentes interventions russes sur les informations, les vrais et les fausses, et
sur la lutte contre.
J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Les premières pages ne sont pas celles que j'ai lues le plus
facilement. Après, il y a des cas concrets, c'est plus abordable,
Il faut un minimum de connaissances sur les différents protagonistes du monde russe pour s'y
retrouver.
C'est un sujet intéressant vers lequel je ne me serais jamais dirigée toute seule.
C'est également un thème anxiogène, le livre démontre un manque de connaissances et de réflexions
de la part de la population mais aussi de nos « élites ».
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Un énorme merci aux éditions Denoël et Babelio pour l'envoi de ce livre.
Je n'ai pas l'habitude de lire des livres à tendance politique et je dois avouer que ce fut une agréable découverte.

Avec Allô, Paris? ici Moscou, on plonge dans une nouvelle guerre, celle de l'information. Celle visant a désinformer pour distiller la propagande et exacerber les conflits internes des puissances mondiales.

Le livre est composé de deux parties:

- Dans la première,on découvre les origines antiques de la manipulation de l information, les différentes opérations d'influence de la Russie ( du KGB à aujourd'hui) et le choix des pays cibles ( France en tête )

-Dans la seconde partie, l'auteur décrit les actions mises en place par la France pour contrer la désinformation et l'ingérence. Opérations pas toujours couronnées de succès.

Le livre est bien documenté et l'auteur a rencontré beaucoup de personnes influentes ( politique, militaire etc .) pour recueillir leurs ressentis.

L'émergence des réseaux sociaux et le développement de l'intelligence artificielle sont de nouveaux facteurs à prendre en compte dans cette guerre de l'information.

Affaire à suivre...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Derrière ces deux gros influenceurs [Kemi Seba et Nathalie Yamb] se cachent encore une myriade de petits microentrepreneurs vivant de la dénonciation de la présence française en Afrique. Autant d'individus qui préoccupent les autorités françaises, qui ont bien du mal à trouver une solution. En effet, comment réagir au flot de désinformation sur les activités françaises en Afrique, sachant qu'il faut déployer bien plus d'efforts pour rétablir une vérité que pour diffuser un mensonge? Pire, réagir ne reviendrait-il pas à donner une trop grande exposition à la voix de ceux qui désinforment? Autant de questions qui travaillent les huiles parisiennes. «Les situations s'évaluent au cas par cas», souffle une source au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, conscient de la difficulté de l'exercice.

Reste une question, peut-être un peu plus dérangeante. La présence de ces influenceurs et, plus largement, de cet écosystème de désinformation russe ne serait-il pas pro- fitable à Paris, offrant un superbe moyen de délégitimer d'autres critiques, sérieuses et justifiées, sur les activités françaises en Afrique? «Absurde!» rétorque avec force une source diplomatique. Vraiment?
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C'est un conflit qui a fait en France des millions de victimes sans qu'aucune balle n'ait été tirée. Cette guerre, celle de l'information, que la Russie mène aux démocraties libérales occidentales, est tombée dans l'oubli à la fin de la guerre froide et pour un quart de siècle. Elle n'a pourtant jamais cessé. Il faudra attendre l'ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine de 2016 pour que le sujet soit de nouveau évoqué.

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, cette guerre de l'ombre bat son plein. Il ne se passe pas une journée sans qu'il en soit fait mention sur les chaînes de télévision, les ondes des radios ou dans la presse. Malgré tout, ce conflit reste aussi mystérieux pour le grand public que ses enjeux sont grands: dans le viseur de l'adversaire, ce sont les fondements mêmes de notre État de droit et de nos démocraties qui sont visés.
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Une autre différence saute aux yeux. Celle qui sépare les propagandistes russes du régime de Poutine des idiots utiles français du Kremlin. Une grande partie des propagandistes russes ne croient pas un traître mot des discours qu'ils relaient, affichant même des convictions opposées dans leur vie privée. Au contraire, les nervis français de Moscou n'hésitent pas à mener un combat qu'ils qualifient volontiers d'engagement politique et idéologique. Ils croient dur comme fer à la propagande du Kremlin et aux discours sur «l'Occident décadent » et bientôt «grand remplacé». En cela, ils sont bien plus naïfs que leurs homologues russes, qui doivent bien se moquer de ces petits serviteurs zélés.
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Dans un monde où l'information est devenue une arme, bien plus que les solutions technologiques, et tout autant que les grandes politiques publiques de lutte contre la désinformation, ce sont les petites actions, les gestes quotidiens de tous ceux qui exercent leur esprit critique qui permettent de tenir Moscou en échec.
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Dans le cadre de ce livre, il aura été plus simple d'entrer en contact et d'obtenir des réponses de divers services de renseignement que de la part du ministère de la Culture français, pourtant invité à commenter un texte dont le titre évoque directement la «liberté des médias ».
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