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Critique de migdal


Doté d'une rare finesse d'observation, Abel Quentin analyse l'évolution de l'antiracisme et le harcèlement sur les réseaux sociaux en décrivant comment Jean Roscoff, universitaire fraichement retraité, homme de gauche formé par l'UNEF et SOS Racisme, devient un pestiféré voué aux gémonies et dénoncé comme odieux réactionnaire.

Spécialiste des USA, du maccarthysme, de la guerre froide et du parti communiste américain, Roscoff a publié en 1995 un ouvrage sur l'affaire Rosenberg, plaidant pour l'innocence de Julius et Ethel. Au lendemain de cette parution, la CIA déclassait ses archives et publiait les preuves de leur espionnage au profit de l'URSS. Sa carrière en subit les conséquences durables.

Trois décennies plus tard, enfin retraité, Jean se passionne pour Robert Willow, américain, jazzman, communiste exilé en France dans les années cinquante où il devient poète, passe de Miles Davis au chant grégorien, se retire à Etampes et meurt victime d'un accident de voiture.

« le voyant d'Etampes » présentait toutes les caractéristiques pour devenir un ouvrage confidentiel réservé à une clientèle limitée à quelques Babeliotes 😉)

Mais Roscoff a oublié que Willow était « afro-américain », un « black ». Et ce « détail » attire l'attention des « éveillés » et il est dénoncé sur les médias sociaux, son logement attaqué et sa fille agressée. Jean Roscoff est invité par Radio France. « le voyant d'Etampes » devient un bestseller !

Abel Quentin montre la dérive d'une gauche soixante-huitarde parvenue aux affaires sous Mitterrand et l'émergence de l'idéologie Woke avec ses militants « intersectionnels radicaux », experts en manipulation digitale, mobilisant les paumés pour leurs basses oeuvres contre « le privilège blanc ».

C'est passionnant, instructif, inquiétant. Car abattre les statues n'est pas l'apanage des talibans afghans mais l'objectif des inquisiteurs fanatiques de la « cancel culture ».

Écrit d'une plume aussi caustique qu'élégante, ce roman souffre hélas de quelques coquilles typographiques et d'une numérotation aberrante des chapitres.

Mais il mérite largement ses cinq étoiles et s'affirme comme un des romans les plus remarquables de cet automne.

A lire avant que la censure des bienpensants ne le place sur le bucher !
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