Ce court texte, austère et profond comme le son de la viole, est une pure merveille.
Il est rare que la lecture convoque aussi puissamment tous mes sens : l'ouïe bien sûr puisque ce roman parle de musique, seule à même d'exprimer l'insondable tristesse des âmes en peine et de dialoguer avec les morts; mais aussi l'odorat, avec la perception du délicat fumet de la brume sur la Bièvre et du bois humide aux abords de la chaumière retirée de Monsieur de
Sainte Colombe ; ou encore la sensation du mouvement, celui de l'archet sur le crin ou du pas de
Marin Marais crissant dans la neige.
Il est difficile de rester insensible à ce récit initiatique qui verra l'élève Marais, après avoir épuisé tous les ors et plaisirs du monde, revenir à son maître qui s'en est depuis bien longtemps retiré, pour entendre véritablement, ayant enfin appris à pleurer,
la leçon de musique de ce dernier.
Tant de richesse sertie dans tant de sobriété : un moment de belle littérature qui laisse un délicieux vague à l'âme.
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