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3,66

sur 1314 notes
Qu'il est bon que la littérature nous rappelle que « tous les matins du monde sont sans retour » (page 107 de l'édition folio N° 2533) !
J'ai vu hier soir le magnifique film d'Alain Corneau, réalisé à partir de ce livre en 1991 et j'ai voulu comparer. Une centaine de pages à lire en un peu plus d'une heure et presque deux heures de film, quel ravissement des sens ! La concision du livre est remarquable. C'est un plaidoyer pour la vie avec comme fil conducteur une réflexion sur les affres de la création artistique (la musique et la peinture avec les natures mortes que Sainte Colombe commande), sur le deuil, sur la nature et sur l'amour.
Je termine mon modeste éloge par cette citation symbolique (page 90) :  « Ne soyez pas dans l'inquiétude. Votre barque est pourrie depuis longtemps dans la rivière. L'autre monde n'est pas plus étanche que ne l'était votre embarcation. »
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Dans ce bref roman, écrit sans fioriture à la façon d'une nouvelle, Pascal Quignard nous donne à imaginer l'étrange relation qui s'est établie entre le musicien baroque de Louis XIV Marin Marais et celui qui est considéré comme son maître de viole, Jean de Sainte-Colombe.

Époque baroque mais style de l'auteur qui ne l'est absolument pas, tellement il est allé chercher loin dans l'épure. Il tente de recréer un peu de la façon de s'exprimer de cette époque, avec notamment des personnages désignés comme " Monsieur de Ceci, Monsieur de Cela ".

Pascal Quignard établit assez fréquemment des ellipses, destinées, je pense, à secouer un peu son lecteur, à le rendre attentif et même actif. Il agrémente également sa narration volontairement compassée de quelques éclairs érotiques ou de formules situées au-dessous de la ceinture histoire qu'on n'oublie pas qu'il est bien un écrivain de son temps.

Il est évident que le personnage énigmatique de Sainte-Colombe aimante notre curiosité. Présenté comme un taiseux qui fuit les mondanités, sorte de vieux maître asiatique d'arts martiaux terré dans sa forêt, parfois victime d'hallucinations et qui s'exprime en brandissant sa viole et son archet comme un moine Shaolin s'élancerait dans une série de cabrioles en faisant virevolter son bâton.

L'auteur nous y présente Marin Marais comme un musicien talentueux mais un tantinet malhonnête et intéressé, désireux de briller à la cour de Louis XIV tout en subtilisant les innovations musicales de de Sainte-Colombe.

Ayant été rapidement congédié par le vieux maître, le jeune Marais tente de s'introduire en cachette dans la maison de de Sainte-Colombe, en soudoyant notamment les deux filles de ce dernier dans un but clairement intéressé. de la viole au viol, n'y aurait-il qu'un pas ?…

Je ne vous en dis pas davantage car j'ai déjà très peur de frôler la fausse note. Un petit ouvrage que je trouve assez plaisant, mais sans plus, probablement pas un chef-d'oeuvre absolu de la littérature mais une facture très honnête. À vous de voir car, au demeurant, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Quel livre! Quelle merveille! J'ai lu avec grande émotion ce superbe texte, me remémorant le si beau film d'Alain Corneau. Une histoire toute simple en vérité, un Maître de musique, spécialiste de la viole de gambe, vivant en reclus après la mort de sa femme - décès dont il ne se remet pas - avec ses deux filles, et sa passion la musique. Monsieur de Sainte Colombe ayant refusé les honneurs de la cour du roi Louis XIV, ne vit que pour l'art musical, n'existe que par la musique. Amour de la musique qui transpire tout au long du roman, où le lecteur comprend qu'interpréter avec talent de la musique ne fait pas de l'exécutant, si habile soit-il, un musicien. Il faut vibrer avec son instrument, il faut que la musique soit capable de réveiller les morts. Ce roman très court est rédigé de main de maître par Pascal Quignard. Une bien belle oeuvre!
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Tous les matins du monde, un petit livre de rien du tout (117 pages) mais grand
par son contenu. Monsieur de Sainte Colombe, musicien connu (on ne sait pas très bien si c'est le père ou le fils), violiste, né vers 1640 et mort vers 1700, et le fils né vers 1660 et mort vers 1720 (sources Wikipedia). L'histoire quant à elle débute en 1650, donc cela ne peut être le père car il n'aurait que 10 ans, ni le fils car il n'était pas né! Dans l'histoire, Monsieur de Ste Colombe n'est plus tout jeune. Il vient de perdre sa femme le laissant avec deux petites filles âgées à peine de deux et six ans(.On ne dit pas ici qu'il a eu un fils) Il ne se remet pas de la mort de sa femme et se réfugie dans la musique avec sa viole de gambe.
Il l'enseigne à ses filles et forment ainsi un trio brillant, dont la réputation parvient jusqu'au roi Louis XIV qui lui fait demander de se produire à la Cour. Mais il refuse catégoriquement cette invitation par deux fois, à la fureur du roi et son incompréhension d'un tel refus. Monsieur de Ste Colombe donne des cours de viole et devient durant quelque temps le professeur de Marin Marais, également connu. Mr de Ste colombe vit presque en reclus. Madeleine, fille aînée de Mr de Ste Colombe tombe amoureuse de Marin Marais mais celui-ci la délaisse après quelque temps, elle ne s'en remettra pas et mourra tragiquement. Cette histoire est pleine de poésie, en le lisant, j'avais par moment, le sentiment de me trouver au centre d'une peinture impressionniste.
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Ce court texte, austère et profond comme le son de la viole, est une pure merveille.

Il est rare que la lecture convoque aussi puissamment tous mes sens : l'ouïe bien sûr puisque ce roman parle de musique, seule à même d'exprimer l'insondable tristesse des âmes en peine et de dialoguer avec les morts; mais aussi l'odorat, avec la perception du délicat fumet de la brume sur la Bièvre et du bois humide aux abords de la chaumière retirée de Monsieur de Sainte Colombe ; ou encore la sensation du mouvement, celui de l'archet sur le crin ou du pas de Marin Marais crissant dans la neige.

Il est difficile de rester insensible à ce récit initiatique qui verra l'élève Marais, après avoir épuisé tous les ors et plaisirs du monde, revenir à son maître qui s'en est depuis bien longtemps retiré, pour entendre véritablement, ayant enfin appris à pleurer, la leçon de musique de ce dernier.

Tant de richesse sertie dans tant de sobriété : un moment de belle littérature qui laisse un délicieux vague à l'âme.
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Depuis la mort de son épouse aimée, Monsieur de Sainte Colombe ne quitte plus sa maison du bord de la Bièvre. Il y vit en compagnie de ses deux petites filles et de leur gouvernante, et continue d’enseigner la viole dont il est un maître réputé. Mais son souhait le plus cher est de jouer et composer, isolé du monde, dans la cabane qu'il a fait construire dans son jardin.

Pourtant le temps passant, cet homme, austère et solitaire, initie ses deux filles à la viole de gambe, et forme avec elles un trio dont la réputation arrive jusqu'à Versailles. Mais quand Louis XIV souhaite sa présence à la cour, l'ami des Jansénistes refuse catégoriquement. Il continue donc à jouer dans sa cabane où maintenant sa femme apparaît régulièrement. C'est à cette époque que Marin Marais le sollicite pour devenir son élève. Après l'avoir repoussé, Sainte Colombe accepte, débute alors une longue et tumultueuse relation maître-élève.

À l'image de son titre, Tous les matins du monde est livre élégant, soigné, intelligent, un livre sur la musique et sa transmission, sur l'ambition aussi, sur l'amour et la passion, surtout. Un livre, à lire absolument, dont Alain Corneau a tiré un merveilleux film avec Guillaume Depardieu et Jean-Pierre Marielle, remarquables et inoubliables interprètes de Marin Marais et Monsieur de Sainte Colombe.
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Aussi beau qu'un air de viole de gambe au fond d'un pavillon campagnard..

Tout petit livre, grande inspiration- pages confondantes sur la musique et la perte, sur l'art de compenser l'une par l'autre.

Secret, simple, puissant chant de deuil et de regret. Le film qui en est l'adaptation est, lui aussi, un pur éclat de chagrin et d'harmonie.

Une écriture classique, sans afféterie, presque janséniste. Magnifique!
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Un livre sur l'art. Mais sans garniture. Un roman sec sur la perpétuation d'une oeuvre musicale qui se construit sur toute une vie, celle de l'acariâtre Monsieur de Sainte Colombe. Là où commence une plus célèbre, celle du très sociable Marin Marais.

Que l'on joue de la guitare, de la viole de gambe, que l'on écrive dans son coin, forme des bouquets, peigne des tableaux ou crée quoique ce soit, on ne peut être insensible à ce que nous raconte Quignard de la recherche ou non de reconnaissance et sur la transmission du savoir.
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Il est toujours très difficile de « passer au livre » quand un film vous a tant touché… Ce fut, en tout cas le cas pour moi et « Tous les matins du monde ». Amateur de musique baroque en général et de viole de gambe en particulier, et de Jordi Savall et Marin Marais… j’ai vu dès sa sortie le merveilleux film d’Alain Corneau ; tout en ignorant bien sûr, jusqu’à l’existence du livre et celle de son auteur. Existence qui m’apparaîtra bien vite tant le succès du film, sorti la même année que le livre (1991) aura contribué pour beaucoup à la découverte de la musique baroque et à celle de Pascal Quignard…

Il m’aura fallu 25 ans et la fermeture de la bibliothèque de mon entreprise pour me le procurer comme par hasard…

Une fois de plus, quel choc ! Un texte court, épuré… Une partition dont les fulgurances poétiques sont les appogiatures… Et puis comment faire plus simple et plus évocateur que l’incipit : « Au printemps de 1650, Madame de Sainte Colombe mourut. Monsieur de Sainte Colombe ne se consola pas de la mort de son épouse. Il l'aimait. C'est à cette occasion qu'il composa ‘le Tombeau des regrets’ »… Tout est dit. Le livre peut s’arrêter là.

Non, bien sûr, il ne s’arrêtera pas là, ce qui nous priverait d’un chef d’œuvre. Bien sûr, l’amour de Monsieur de Sainte Colombe pour sa femme le plonge dans une tristesse incommensurable, voisine de la folie. Mais que dire de celle de sa propre fille amoureuse de Marin Marais qui la jettera comme kleenex après usage… Et la musique, dans tout cela ? La musique ? Elle est le principal personnage de ce joyau, et pour moi, guitariste besogneux, le « vous jouez de la musique, Monsieur… Mais vous ne serez jamais musicien » me hante chaque fois que je pose mes mains sur le noble instrument.

Bon soyons bref : un véritable chef d’œuvre que ce « Tous les matins du monde »…
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"Tous les matins du monde sont sans retour"
Cette phrase donne la tonalité de l'écriture de ce magnifique petit livre.
Pascal Guignard est violoncelliste lui-même, cela lui confère- t-il ce pouvoir presque magique de rendre et de donner tant d'émotions à la musique, je le crois..

"Que recherchez vous, Monsieur dans la musique ?
Je cherche les regrets et les pleurs."

Le violoncelle ou la viole nous inspire la mélancolie, la fuite du temps. On comprend que l'épouse morte de Monsieur de Sainte Colombe lui apparaisse, jamais le fil ne s'est rompu entre eux.

J'ai vu bien sûr le film magnifique qui a été tiré de ce livre avec l'interprétation époustouflante de Jean Pierre Marielle.
Alors, pour nous consoler de ces temps où il est impossible d'aller écouter un bon concert, relisons Tous les matins du monde, une fois encore...

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