AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Woland


Etoiles Notabénistes : *****

Clover No Kuni No Alice - Cheschaneko To Waltz
Traduction : Tony Sanchez
Adaptation graphique : Clair Obscur

ISBN : 9782355926631

ATTENTION : VOUS NE POURREZ PAS ECHAPPER AUX SPOILERS !

Lentement, mais sûrement, le Cycle de Trèfle touche à sa fin. Beaucoup ne le regretteront pas et se demanderont même si un septième tome était nécessaire. Qu'on aime ou pas la trilogie "Coeur - Trèfle - Joker", et bien que la seconde apporte des renseignements des plus intéressants sur la personnalité de nombre de personnages masculins, il est légitime d'affirmer tout d'abord que le Cycle de Coeur et celui du Joker apparaissent non pas plus cohérents mais certainement moins "funambulesques", et surtout que, en dépit de ses côtés positifs, le Cycle de Trèfle souffre de quelques longueurs, lesquelles tiennent souvent à un manque d'équilibre entre les histoires-bonus (surtout pour les trois derniers tomes) et l'intrigue elle-même.

On peut imputer à ce fait l'emballement qui s'empare des événements dans ce sixième tome. Heureusement, le lecteur n'ignore pas que le Chapelier tient solidement en main les rênes de l'affaire pour laquelle il a utilisé Alice comme appât. Cela rassure en partie bien qu'un événement imprévu soit toujours susceptible de se produire.

En-dehors des habituelles et parfois lassantes hésitations sentimentalo-sexuelles d'Alice - Boris est-il bien fait pour elle et elle pour lui ? Ne risque-t-elle pas, par sa personnalité qu'elle estime "négative", de causer du tort à l'être qu'elle aime (ou croit aimer) plus que tout ? Est-elle prête à s'engager pour de bon ? Et lui, n'est-il pas finalement un peu trop "coureur" comme le sont tous les chats ? "Chassez le Naturel, il revient au galop," n'est-il pas vrai ? - c'est sur le pivot du Complot monté contre le Chapelier et sa Famille que tourne pratiquement toute l'action. Directement ou indirectement.

Dans le restaurant où elle travaille, Alice a en effet sympathisé avec un Sans-Visage qui ne cherche pas, d'ailleurs, à la courtiser mais qui lui parle souvent du manoir où elle vit, en insistant, au travers de l'admiration qu'il assure éprouver pour son courage, sur les dangers qu'il y a à habiter la Chapellerie. Ce Sans-Visage, au complet bien reconnaissable et qui se fond parfaitement dans la foule des petits employés, finit ici par retenir l'attention d'abord jalouse du Chat du Chester. Mais lorsque ce dernier se rend compte qu'il ne peut déceler sur l'inconnu que la seule odeur du plat qu'il vient de prendre au restaurant, les questions qu'il se pose changent de registre - et le registre en question ne s'améliore pas ...

Pourquoi ? Ah, ah ! Vous aimeriez bien le savoir ? Eh ! bien, il vous faudra attendre encore un peu, le temps que Boris se rappelle un détail primordial sur son métier que Pierce lui a confié quelque temps plus tôt ...

Pressée par pratiquement tout le monde à l'exception de ses hôtes, l'héroïne se décide enfin à annoncer son départ au Chapelier. Non qu'elle songe à s'installer directement chez Boris - encore sa valse-hésitation bien nunuche - mais elle prend une chambre au-dessus du restaurant où elle est employée. Ce qu'elle ne saisit pas du tout - mais dont, par contre, tous les membres de son entourage sont au courant - c'est que, de toutes façons, il est trop tard. Où qu'elle soit désormais, les relations pour le moins privilégiées qu'elle conserve avec Blood Dupré - songez qu'elle, une simple étrangère, a le droit d'entrer quand elle le veut dans le bureau du tout-puissant baron de la Mafia de Wonderland, ce qui démontre quel degré de confiance il lui porte - demeurent pour les Comploteurs un appât des plus alléchants. Assurément, cette étrangère n'est pas comme les autres. Sous ses airs naïfs, ne travaillerait-elle pas par exemple dans la même spécialité que le Chapelier ? Qui sait même, elle pourrait fort bien être son associée ou, à tout le moins, une complice pour lui aussi importante que le Lièvre de Mars ...

Le gang des Sans-Visages ne réussissant pas à renoncer à fantasmer sur les avantages que la capture d'Alice serait susceptible de lui rapporter, ceci même après son départ de la Chapellerie, ses amis de Wonderland, Ace le Désinvolte y compris, la surveillent de très, voire d'extrêmement près. Elliott suit Boris, lequel est suivi par Ace, qui, à son tour, est suivi par Nightmare, avant que le Chapelier en personne ne s'interpose ... et ainsi de suite ... Jusqu'à Vivaldi qui, bien que retirée dans sa chambre parmi ses peluches adorées, s'apprête, elle aussi, à avancer ses pions dans la Guerre des Territoires qui s'annonce, guerre jusqu'ici sans précédent car les Sans-Visages ne se sont jamais révoltés à ce point.

Sinon, côté sommeil, le Démon des Cauchemars a beau faire pour le mieux, la silhouette de Lorina, traînant et chuchotant ses reproches contre sa jeune soeur, continue à errer dans les songes d'Alice. Cela amène la jeune fille à un tel stade d'anxiété et d'incompréhension que, malgré les dangers encourus, elle décide de "répondre à l'Appel des Portes" (Ace dixit) et de se rendre seule, et sans prévenir personne, dans la fameuse Forêt où, rappelons-le pour ceux qu'attendriraient encore sa candeur et sa sagesse apparentes, elle a déjà failli être victime d'un glissement de terrain dont seule la souplesse du Chat du Chester est parvenue à la sauver. C'est là que, au beau milieu d'une conversation amicale avec Pierce Villiers, qu'elle a surpris en train de "nettoyer" proprement l'une des victimes de la Chapelier Family, elle est assaillie par un Ace survolté, fort occupé "à jouer à chat avec un ours" (on ne peut pas l'inventer : il est assez fou pour ça ) qui l'entraîne avec lui dans ce qu'elle prend pour un nouveau tremblement de terre mais qui n'est en fait que l'apparition, au beau milieu de toute la verdure de Trèfle, d'une baleine en pleine traversée - très carrollien, d'ailleurs, cet épisode. Ace ne trouve évidemment rien de mieux à faire que d'atterrir sur le dos du malheureux mammifère, serrant contre lui une Alice à qui il confesse enfin, avec l'air de ne pas y toucher, qu'il l'aime, lui aussi. Si, à ses moments perdus, Nightmare estime que l'Horloger se montre très maladroit dans ses déclarations elliptiques à Alice, la palme de l'absurdité absolue quant au choix du moment pour déclarer leurs flammes respectives à l'Aimée revient, nul ne le contestera, d'une part à Peter White et, de l'autre, au Chevalier de Coeur, ce dernier dépassant même d'une courte tête le Lapin Blanc.

Autre surprise, qui confirme la fin du Cycle se profilant à l'horizon, Goround fait sa réapparition dans la Forêt, à l'appel de Boris. le Chat du Chester, vaincu par Ace dans l'un de leurs sempiternels duels, désire en effet subir une sorte de "stage de remise à niveau." Or, en matière de combat et sous ses airs inoffensifs, Goround s'avère un excellent instructeur.

S'ouvre alors le deuxième volet de l'Histoire-Bonus dans laquelle, là aussi, les choses s'accélèrent. Alice y est toujours en quête d'un Boris que, l'on ne sait trop pour quelles raisons, elle croit avoir vexé. Fait véritablement marquant : l'impression éprouvée dans le premier volet s'affirme avec de plus en plus de netteté : l'intrigue se joue bel et bien sur plusieurs plans spatio-temporels qui s'entremêlent tout en cohabitant en parallèle. Ainsi, Peter White conserve le rôle du messager porteur de l'invitation faite à Alice pour le bal organisé par la Reine de Coeur. Mais c'est Goround, et non l'Horloger, qui se charge d'être son cavalier (lui aussi la surveille et comme cette histoire-bonus est censée se dérouler avant la "partie" au Royaume de Trèfle et donc hors de tout Complot quelconque, on est en droit de se demander les raisons de pareille vigilance). A certaines planches, le lecteur constate bien que c'est à la même fête que nous évoluons - à ce propos, le gros plan sur Ace et Julius, vidant des verres près du buffet, est on ne peut plus révélateur. Elle se termine d'ailleurs de la même façon : Alice, ravie de sa soirée passée à danser avec Boris, s'écroule, sur son lit. Presque aussitôt, surgit Nightmare qui lui fait miroiter la fameuse fiole tout en lui rappelant que, bientôt, la partie s'achèvera et qu'elle aura à faire un choix ...

... La seule différence, c'est que, maintenant, le lecteur a compris que ce choix n'implique pas le retour automatique d'Alice dans son monde : rien qu'une simple redistribution des cartes autour d'elle et le jeu sera relancé, telle l'infernale roulette d'un casino ... ;o)
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}