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Critique de keisha


Depuis plus de vingt ans aucun étranger n'a été autorisé à entrer en Belgique. Après deux ans d'efforts pour obtenir un visa, un groupe comprenant journalistes et féministes peut enfin découvrir ce pays dirigé d'une main de fer par la Bergère.

Oui, nous sommes dans une Belgique qui fut le théâtre d'une révolution féministe en 1970, le centre de Bruxelles a changé d'aspect (longues avenues à la Caucescu), les campagnes sont quasi vides, toute une hiérarchie policière et militaire veille au grain, et les hommes... réduits à l'état de "larbins" ou pire encore.

A travers le journal d'Astrid, infirmière puis courtisane de la Bergère, l'effroyable réalité se dévoile quelque peu. Réalité qui sera habilement cachée à nos six touristes, à qui l'on ne montrera que ce que l'on veut bien. Quand même ils se posent des questions, mais la manipulation est si habile...



Ma foi, une petite uchronie, pourquoi pas? Ce roman qui évoque à la fois 1984 (cachou cite les changements linguistiques, la présence de propagande jusque dans les domiciles, les enfants dénonciateurs des adultes) , certains régimes totalitaires passés (Roumanie de Ceaucescu, URSS stalinienne avec ses compagnons de route qui ne verront -ou ne voudront voir - qu'une Russie propre sur elle), ou présents ( Corée du Nord pour l'opacité, la fermeture des frontières, la famine) et même la tsarine Catherine et les villages Potemkine, quand la Bergère visite - "au hasard" une habitation qu'Astrid jugera comme "une promenade dans du carton-pâte, un petit tour dans un bocal."



Alternent les visites programmées où certains analysent finement leur impact : "Il n'avait plus rien à objecter, comme si sa faculté d'indignation était paralysée. D'être là, sur les lieux de la Révolution et parmi les révolutionnaires, transformait ses réactions, de même qu'au milieu d'une foule on est transformé hors de soi-même. " et le journal d'Astrid, dont l'amour pour la Bergère créé par des décennies de propagande se heurte à la réalité quotidienne.



Les trois quarts du roman, qui se lit finalement sans déplaisir, se dévorent et l'on s'attend à ce que les deux histoires se rencontrent, qu'Astrid ouvre un peu plus les yeux, on regrette que Lena et Gregor disparaissent de l'histoire. L'ascension d'Astrid paraît reposer sur un socle bien faible, finalement (La bergère l'a vue sur un film, c'est tout!). Elle écrit son journal au vu et au su de toutes, ce qui paraît fort imprudent dans un état policier où la vie privée est scrutée et espionnée. Quant à la fin, rapide, quasi bâclée, elle laisse des questions sans réponse et l'impression d'être passé à côté d'un grand roman. Dommage.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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