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3,25

sur 83 notes
Dans le cadre du Challenge ABC, la lettre Q me cause quelquefois du fil à retordre. Je ne possède en effet pas dans ma Pal (pourtant assez monstrueuse) de livre dont l'auteur correspond à ce critère . J'avoue avoir un peu choisi au hasard ce livre et cet auteur. Bernard Quiriny a attiré mon attention chez mon libraire car son nom commençait par la lettre que vous savez. Je ne le connaissais absolument pas, je dois le reconnaitre… La quatrième de couverture m'a suffisamment interpellée pour que j'arrête mon choix définitif sur ce livre.
Le postulat avait tout pour m'attirer et me plonger rapidement dans cette lecture. La Belgique est devenue le pays le plus mystérieux du monde. En effet, dans les années soixante-dix, un putsch a mis à la tête du gouvernement belge une féministe pure et dure. Cette dernière, surnommée La Bergère va mettre en place des mesures qui vont faire de ce pays un endroit complètement dominé par les femmes. Isolé depuis plusieurs décennies du reste du monde ( et de l'Europe), un grand évènement se prépare : pour la première fois, un groupe de personnes étrangères vont avoir l'honneur de visiter ce mystérieux pays. Ce sont des journalistes français qui vont avoir le droit à une visite guidée ( et très dirigée ) de cette Belgique.
En alternance avec le récit mettant en scène ce groupe de journaliste qui va découvrir une image de la Belgique plutôt cadrée, nous allons suivre l'histoire d'Astrid, jeune infirmière belge. A travers son histoire, la réalité de ce qui se passe réellement dans ce pays est d'autant plus frappante. Ici, pas de fioritures, la belge moyenne survit dans un monde plein de contraintes…
Et les hommes ?? Oui, où sont les hooooommes ?? Car après tout, c'est bien ce qui nous intéresse, quel est le sort réservé à la gente masculine dans ce pays si extrémiste ? Eh ben, comme dans tout état totalitaire, le sort réservé à ces messieurs n'est guère enviable, il faut le dire… Ils sont complètements assujettis aux lois misandres de cette société qui ne donne pas vraiment envie…
L'histoire a été intéressante à suivre. La découverte à travers le journal d'Astrid des arcanes du pouvoir dans ce pays a été édifiante. Lors de cette lecture, je n'ai pu m'empêcher de faire plusieurs parallèles. le premier, bien sûr, avec un état totalitaire qui se voulait aussi très ouvert, à savoir l'URSS de Staline et compagnie.
J'ai aussi fait le lien avec un autre livre qui traite du pouvoir entre les mains des femmes. Je parle de l'excellent Les hommes protégés de Robert Merle.
En conclusion, je dirais que même si je ne crie pas au chef-d'oeuvre, avec ce livre j'ai passé un bon moment de lecture avec ces Assoiffées…

Challenge ABC 2017/2018


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Je ne sais pas d'où vient ce livre coincé dans ma PAL depuis des années.
Acheté où, quand, pourquoi ?
Mystère.
Donc, découverte totale, et découverte complètement inattendue.
C'est de la science fiction, ou plutôt de la politique fiction.
Dans les années 70, en Belgique, les femmes ont pris le pouvoir.
Dirigée par Ingrid, puis par sa fille Judith, nommées « Les bergères », les hommes sont relégués au dernier plan, utilisés, très souvent émascules.
Le pays est complètement fermé au monde extérieur, personne n'entre plus en Belgique.
C'est le royaume des femmes qui vouent toutes un culte sans limite à La bergère.
Description d'un monde totalitaire comme il en existe, mais l'originalité ici est que ce sont uniquement des femmes qui mènent le jeu.
L'histoire est racontée par un groupe de français qui a obtenu une autorisation exceptionnelle pour entrer dans le pays, et par une habitante du pays.
C'est assez inédit, décalé, pas mal écrit.
J'ai parfois trouvé que c'était un peu longuet, mais globalement, ça se laisse lire.
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1970. Suite à une révolution, le Benelux est devenu un empire totalitaire dirigé par des femmes, qui espèrent pouvoir un jour se passer des hommes. On suit en parallèle la visite d'une délégation française et la vie d'une favorite de la dirigeante. Je n'ai pas cherché à savoir si l'auteur voulait faire passer des messages. Je me suis contenté de me laisser divertir par le côté décalé de ce roman, mais d'autres textes de Bernard Quiriny m'ont procuré nettement plus de plaisir.

Bernard Quiriny est l'un de mes auteurs belges préférés ! J'apprécie tout particulièrement l'incroyable imagination dont il fait preuve dans ses nouvelles, menant le lecteur de petite surprise en petite surprise. de l'humour décalé, parfois une touche de fantastique, je me suis à chaque fois régalé.

"Les assoiffées" date de 2010. Il s'agit du premier roman publié par Bernard Quiriny, après deux recueils de nouvelles. Je dirais d'emblée que j'ai davantage apprécié son roman suivant, "L'affaire Mayerling", et qu'au stade actuel de mes lectures, je recommanderais plutôt cet auteurs pour ses nouvelles, le genre dans lequel il excelle.

J'ai retrouvé dans ce roman-ci les situations improbables et décalées qui caractérisent l'auteur. Son imagination fait naître une révolution aux Pays-Bas en 1970. le pouvoir passe aux mains des femmes; les hommes restent nécessaires pour la procréation, mais les femmes sont confiantes dans le fait que la science permettra un jour de s'en passer. En attendant, ils sont mis à l'écart, employés comme "larbins" et priés de se faire castrer ("l'offrande"). Les femmes vivent en couples homosexuels.

La dirigeante se fait appeler la Bergère. Au moment où l'histoire commence, elle règne sur l'ensemble du Benelux; les Belges sont tous devenus néerlandophones. Je laisse mes compatriote savourer le côté surréaliste de cette situation, amplifié par la description de l'arrivée d'une délégation française, avec des contrôles de sécurité que l'on imaginerait en URSS au temps de la guerre froide, comme si le Benelux était devenu une puissance mondiale ! Comme on peut l'imaginer dans ce genre de régime, on montre aux visiteurs ce que l'on veut bien leur montrer et le lecteur s'amuse de voir comment certains se laissent aveugler (imaginez une délagation du Parti communiste français en visite en Russie ou en Chine dans les années soixante).

La Bergère est une caricature de dirigeante toute-puissante, avec son culte de la personnalité et son palais luxeux, où elle abrite ses favorites. L'une d'entre elles figure parmi les personnages principaux du récit, qui décrit comment la Bergère l'a remarquée et l'a extraite de son milieu pour l'installer au palais.

Le tableau ne serait pas complet sans l'existence de dissidentes, menées par une certaine Beatrix.

Ces aspects décalés m'ont bien amusé ! Mais j'ai été déçu par un manque de rythme: le texte se traîne, par moments, et l'attention finit par se relâcher. Je n'ai pas retrouvé ici les petites surprises que j'apprécie tant dans ses nouvelles. Oeuvre de jeunesse, dirons-nous: avec "L'affaire Mayerling", Bernard Quiriny a montré qu'il était capable de mieux accrocher ses lecteurs.

Enfin, je pense que le projet de l'auteur était de laisser son imagination produire une situation décalée qui divertirait ses lecteurs. A-t-il voulu se moquer des féministes ? Considère-t-il que les féministes rêvent de se débarasser des hommes ? À l'heure actuelle, particulièrement, ces questions pourraient donner lieu à des débats enflammés. Sans connaître les intentions de l'auteur, je ne me lancerai pas dans ce débat.

Je vous recommande très chaleureusement de découvrir Bernard Quiriny, si vous ne le connaissez pas, mais en essayant plutôt ses nouvelles.
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Distrayant mais décevant, ce roman au pitch pourtant aguicheur : depuis 1970, aucun étranger n'a mis les pieds dans l'Empire des femmes, depuis que la rebelle féministe Ingrid a pris le pouvoir sur le Benelux, et sa fille Judith à sa suite; quelques décennies plus tard, un petit groupe de happy few germanopratins est invité à visiter ce régime unique au monde.
Décevant parce qu'une fois le pitch posé, on a vite le sentiment que l'auteur y a épuisé son inspiration, à part deux ou trois idées rigolotes. Là où l'on attendait un développement original sur ce que pourrait être une société exclusivement féminine, on découvre scène après scène un patchwork caricatural de société totalitaire avec ses banlieues tristes peuplées d'indigentes versus nomenklatura baignant dans l'opulence, culte de la personnalité pour une "Bergère" dirigeante modèle d'incompétence à la Elena Cauecescu et de perversion à la mode Staline, sans oublier les traitements réservés aux hommes dignes des barbaries nazies les plus sophistiquées.
Bien sur Quiriny n'est pas Orwell et n'a je pense pas la prétention de l'être, mais au moins on aurait pu attendre un peu plus de subtilité ou en tout cas plus d'humour de sa part. Cela reste une lecture plaisante si l'on veut bien se contenter d'apprendre que masculin ou féminin, aucun régime totalitaire n'est acceptable.
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Né en Belgique en 1978, Bernard Quiriny vit aujourd'hui en Bourgogne et enseigne le droit à l'université. Il écrit des articles littéraires ou musicaux pour la revue Chronic'Art ainsi que des critiques pour le Magazine Littéraire. Ecrivain depuis 2005, Les Assoiffées est paru en 2010.
Second ouvrage de Bernard Quiriny que je lis mais que ce soit le Village évanoui ou Les Assoiffées, dans les deux cas l'écrivain aborde le même thème, des populations se retrouvent coupées du monde extérieur et vont vivre en autarcie.
En 1970, en Belgique une révolution donne le pouvoir aux femmes et instaure une dictature dans tout le Benelux d'où sont exclus tous les hommes. En France la situation fait débat, quelques militants voyant dans le modèle Belge un exemple à suivre par tous. Un groupe d'intellectuels va partir en voyage officiel vers ce pays pour se faire une idée de la situation.
Bernard Quiriny ne manque pas d'imagination, un pays donnant le pouvoir exclusif aux femmes en radiant de la vie sociale tous les hommes, justes bons à fournir la matière essentielle à la perpétuation de la race, il fallait y penser. Pourquoi pas une planète gouvernée par des singes, tant qu'on y est ? Les écrivains sont formidables.
Le bouquin propose deux regards. le premier nous donne une vision extérieure du régime, ce sont quelques intellectuels partis en voyage organisé sous la houlette d'une officielle Belge, dans la grande tradition de ces expéditions (André Gide en Russie (1936) qui en reviendra déçu, Philippe Sollers en Chine (1974) qui s'en retourne enchanté, etc.) On ne montre aux visiteurs que ce qu'ils doivent voir, en le leur présentant sous son meilleur aspect ; on contourne leurs éventuelles questions dérangeantes, on flatte leur ego pour se les mettre dans la poche. le pays visité n'est plus qu'un vaste décor de cinéma. Au retour les dissensions entre les participants au moment d'expliquer ce qu'ils ont vu sont assez croquignolettes mais pas assez développées.
Le second regard est livré sous la forme d'un journal, tenu par une citoyenne Belge, qui va être introduite dans l'entourage d'Ingrid et sa fille Judith « La Bergère », la maîtresse absolue de tout l'Empire. Nous sommes alors au coeur de la machine, la nomenklatura a tous les droits, ses conditions de vie sont luxueuses quand la misère règne dans le reste du pays, chacune veille scrupuleusement à servir la paranoïa de Judith, lui passant tous ses caprices même sexuels, lui cachant tout ce qui pourrait lui déplaire.
Le roman expose la gestion de la Belgique exactement comme on a pu apprendre depuis, la manière dont on vivait dans la Russie communiste de Staline, la Chine de Mao ou la Corée du Nord aujourd'hui encore. le culte de la personnalité, le pouvoir absolu, le déni de la réalité etc. On connait tout cela, on l'a lu ou vu dans des reportages qui de nos jours ont ouvert les yeux des plus aveugles (je pense ?). C'est là que le roman commence à peiner, cette espèce de copier/coller entre le réel utilisé pour ce fictif finit par lasser. Je suis quasi certain que tout ce qui est repris dans ce roman – et qui peut sembler hallucinant à un jeune lecteur – n'a rien d'imaginaire mais sort des archives et documentaires réalisés sus les régimes totalitaires, rien ne m'a étonné, tout m'a paru déjà connu.
Pour le dire franchement, j'ai refermé le roman un peu déçu pour plusieurs raisons. Contrairement aux apparences, j'ai trouvé qu'il manquait de fond, s'il s'agit d'une fable politique pour nous mettre en garde contre les totalitarismes, le bouquin est bien lourdingue ; mon sentiment profond c'est que cette toile de fond n'est qu'un prétexte pour amuser, sans plus. Par contre les jeunes écrivains en herbe en tireront profit, ce roman est la preuve parfaite qu'une idée de départ géniale ne donne pas forcément un résultat du même niveau, non pas parce qu'elle a mal été exploitée par l'auteur mais parce qu'une idée ne fait pas un bouquin a elle seule. Pour conclure, un roman sympathique et souriant mais néanmoins décevant et surtout beaucoup trop long.
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Et si les femmes prenaient le pouvoir ?

En ces temps de féminisme, le pitch de ce roman me faisait de l'oeil, en espérant y trouver une satire mordante du politiquement correcte, une sorte de miroir inversé de la servante écarlate.
Soit, dans les années 70, une révolution féministe s'empare du pouvoir au Bénélux. Une douce utopie où la femme est libérée, délivrée, et l'homme remis à sa place, celle de chien. Peu à peu, la révolution des mentalités se transforment en utopie pour les unes, en dictature pour les uns. Les frontières se ferment et black out sur ce qui se passe à l'intérieur de l'Empire des femmes.
En 2010, une délégation journalistique est autorisée à y pénétrer.

Si c'est le renversement des consciences ou l'uchronie qui vous intéresse, passez votre chemin, il n'en est question qu'au détour de quelques scènes. Si c'est une farce antiféministe que vous voulez lire, changez de trottoir. Il ne sera questions ici que du voyage de la délégation journalistique et de resucée de notre histoire.
On voit venir de loin où veut nous mener l'auteur : Homme Femme, même combat, une fois au pouvoir, c'est le pouvoir qui mène la danse, pas le genre.

Entre la délégation journalistique pro-féministe, nous prenons connaissance du journal intime d'une femme lambda de l'empire, une femme libérée, délivrée. Enfin libérée, tout dépend de sa position sociale, faudrait pas trop déconné quand même, la révolution oui, mais pour les puissantes. Puissantes qui sont fidèles à l'imagerie : décadence, sexe et luxure.
Entre la vision idyllique présentée à la délégation, la montée de de cette femme anonyme dans les couloirs du pouvoir, rien n'est original. L'empire féministe est un mixte entre Corée du nord, URSS, royauté, nazisme et théocratie. La propagande reste ce qu'elle est, on se doute facilement de ce qui va se passer.
Mais ça se laisse lire, les pages défilent, on sourit sur quelques belles inventions, comme ce journal intitulé Féminité en lieu et place de l'Humanité, ou cette autoroute trans-impériale à 6 voies alors que seuls la classe dirigeante possède une voiture, ou encore comment l'homme doit renier son genre, en se coupant les roubignoles.

Au final, reste cependant un tout ça pour ça.

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Ma rencontre avec ce roman est le fruit du hasard... Préparant un atelier lecture sur le thème de l'uchronie, je suis très vite tombée sur cette référence. La première chose qui m'a attirée est qu'il s'agit d'un auteur belge que je ne connaissais pas encore! Puis le synopsis me semblait intéressant: "En 1970, la Belgique est le théâtre d'une révolution d'inspiration prétendument féministe..." Tout un programme. Ce roman ne m'a pas déçu. Original et drôle, il ouvre à la réflexion sur des thèmes tels que le fanatisme, l'excès de pouvoir...
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Comme la plupart de mes romans, j'avais acheté Les Assoiffées dés sa publication, titillé par l'histoire singulière et par quelques critiques assez flatteuses. Comme la plupart de mes romans, j'ai lu Les Assoiffées des mois après sa publication, sans grande précipitation, sentant qu'était venu le moment de lire ce livre bien précis.

L'ambiance est Orwellienne dans Les Assoiffées, et j'ai souvent eu l'impression d'être de nouveau plongé dans un bouquin type 1984, ou une oeuvre de Barjavel. le Benelux est devenu un Empire fermé depuis qu'en 1970, les femmes menées par Ingrid aient fait une grande Révolution féministe, et se soient emparées du pouvoir dans toute cette zone géographique.

Face à ce mystérieux Empire féministe, fermé sur lui même, coupé du reste du monde, un groupe d'hommes et de femmes français, des compagnons triés sur le volet, partent pour un voyage officiel en Belgique.

En parallèle dans ce livre, le journal intime d'une jeune habitante De Belgique promue à un destin extraordinaire, la conduisant à l'impensable ; et le voyage orchestré par les autorités de l'Empire pour des invités assez peu critiques.

Un roman dans l'ensemble intéressant, livrant cette vision utopiste d'une dictature, mais qui ne s'éloigne jamais des chemins déjà tracés par d'autres auteurs plus innovants en la matière. Et puis il faut bien le dire : cette manière de terminer une histoire sans fin, d'un coup de grâce, n'est ni fait ni à faire, elle laisse le lecteur plein de frustration, de questions sans réponses. Elle déçoit, et c'est dommage, Les Assoiffées aurait pu être un très bon roman.
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Utopie, roman politique, conte philosophique, anticipation ... Difficile de qualifier ce livre ...
Depuis les années 70 (date de la révolution), la Belgique vit en autarcie, dirigée par "la Bergère" et "les 4 grandes". Les hommes sont quasi absents du paysage et ceux qui subsistent sont devenus "larbins", personnages sans importances, qui subissent toutes les humiliations possibles.
Ce roman nous fait suivre en parallèle l'histoire d'une femme (mère de deux filles ... et d'un garçon) et d'une équipe de journalistes français(hommes et femmes) partis enquêter sur cet étrange pays.
Nous assisterons à "l'ascension sociale" de l'héroïne (qui deviendra l'une des favorites de la Bergère) et au voyage des journalistes, très "dirigé" par les autorités locales...
Dans les deux cas, le "rêve" se transformera rapidement en cauchemar ...
L'idée est originale, les personnages bien décrits mais le roman pêche un peu par sa longueur me semble-t-il ...
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Depuis plus de vingt ans aucun étranger n'a été autorisé à entrer en Belgique. Après deux ans d'efforts pour obtenir un visa, un groupe comprenant journalistes et féministes peut enfin découvrir ce pays dirigé d'une main de fer par la Bergère.

Oui, nous sommes dans une Belgique qui fut le théâtre d'une révolution féministe en 1970, le centre de Bruxelles a changé d'aspect (longues avenues à la Caucescu), les campagnes sont quasi vides, toute une hiérarchie policière et militaire veille au grain, et les hommes... réduits à l'état de "larbins" ou pire encore.

A travers le journal d'Astrid, infirmière puis courtisane de la Bergère, l'effroyable réalité se dévoile quelque peu. Réalité qui sera habilement cachée à nos six touristes, à qui l'on ne montrera que ce que l'on veut bien. Quand même ils se posent des questions, mais la manipulation est si habile...



Ma foi, une petite uchronie, pourquoi pas? Ce roman qui évoque à la fois 1984 (cachou cite les changements linguistiques, la présence de propagande jusque dans les domiciles, les enfants dénonciateurs des adultes) , certains régimes totalitaires passés (Roumanie de Ceaucescu, URSS stalinienne avec ses compagnons de route qui ne verront -ou ne voudront voir - qu'une Russie propre sur elle), ou présents ( Corée du Nord pour l'opacité, la fermeture des frontières, la famine) et même la tsarine Catherine et les villages Potemkine, quand la Bergère visite - "au hasard" une habitation qu'Astrid jugera comme "une promenade dans du carton-pâte, un petit tour dans un bocal."



Alternent les visites programmées où certains analysent finement leur impact : "Il n'avait plus rien à objecter, comme si sa faculté d'indignation était paralysée. D'être là, sur les lieux de la Révolution et parmi les révolutionnaires, transformait ses réactions, de même qu'au milieu d'une foule on est transformé hors de soi-même. " et le journal d'Astrid, dont l'amour pour la Bergère créé par des décennies de propagande se heurte à la réalité quotidienne.



Les trois quarts du roman, qui se lit finalement sans déplaisir, se dévorent et l'on s'attend à ce que les deux histoires se rencontrent, qu'Astrid ouvre un peu plus les yeux, on regrette que Lena et Gregor disparaissent de l'histoire. L'ascension d'Astrid paraît reposer sur un socle bien faible, finalement (La bergère l'a vue sur un film, c'est tout!). Elle écrit son journal au vu et au su de toutes, ce qui paraît fort imprudent dans un état policier où la vie privée est scrutée et espionnée. Quant à la fin, rapide, quasi bâclée, elle laisse des questions sans réponse et l'impression d'être passé à côté d'un grand roman. Dommage.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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