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Critique de cecilit


Je ne sais pas vous mais moi, j'adore regarder à l'intérieur des appartements, surtout le soir quand les lumières éclairent la vie de ses occupants ; j'imagine des vies, des histoires, des destins. Oui, j'avoue être un peu voyeuse... et ce livre était fait pour moi. Comme James Stewart, immobilisé à cause d'une jambe cassée et qui observe ce qui se passe en face de chez lui dans Fenêtres sur cour d'Alfred Hitchcock, j'ai fait de même avec Fenêtres sur rue de Pascal Rabaté sur mes genoux.
Pièce de théâtre sans paroles en deux fois dix tableaux et un décor, Fenêtres sur rue est un livre ovni génialement construit en format accordéon (leporello) et recto-verso (en fonction du côté où on l'ouvre, nous sommes en soirée ou en matinée
- matinées comme au théâtre). le décor est une rue, huit appartements et leurs habitants et deux commerces, un bistrot et un lavomatic.
Il y a un célibataire noceur, couche-tard et lève-tôt , il y a un quinqua seul qui a bien du mal a régler sa télé, il y a l'épouse du patron de bistrot qui passe ses soirées seule, il y a un couple et son petit garçon, il y a les amoureux qui ont l'air heureux, il y a le peintre et sa muse, il y a une jeune femme cinéphile qui visionne des films d'Hitchcock et enfin, il y a le monsieur du rez-de-chaussée qui fait peur. Et puis comme dans toutes les pièces de théâtre, il y a les seconds rôles : ici, deux peintres en bâtiment, deux flics, Mister Hitchcock himself, Monsieur Hulot et Monsieur le commissaire Maigret.
Et les accessoires, ne les oublions pas, l'échafaudage devant le bistrot qui sert bigrement à certains pour passer d'un appartement à l'autre, le linge propre qui sèche et qui s'envole au vent, le linge tâché de sang qu'on met vite au lavomatic pour faire disparaître les traces de son meurtre....
Nous observons la vie de ces personnages, leurs destins individuels et croisés : et si on regarde attentivement tous ceux-là, en bons voyeurs, on s'aperçoit que la femme esseulée du patron de bistrot se console avec le jeune homme célibataire du haut et qu'elle entretient aussi une liaison avec le monsieur marié du dessous, que le peintre avance et qu'il a même une cliente, sa voisine du dessous, la cinéphile qui regarde des films toute la journée et le soir très tard (Vertigo, Fenêtre sur cour, tiens, tiens, Les Oiseaux, La mort aux trousses, Blackmail et puis aussi Mon Oncle de Tati), que le ventre de la femme amoureuse s'arrondit, que le monsieur seul est bien seul, ... et puis aussi que le monsieur bizarre du rez-de-chaussée commet un meurtre. Maigret enquête, passe d'appartement en appartement pour mener son enquête. le soir il s'en passe de belles au bistrot, le vin coule, M. Hitchcock ramène son copain M. Hulot sur le porte-bagages de son vélo, les peintres en bâtiment quelque peu avinés loupent leur devanture.. La nuit tombe. Tout le monde salut, fin de la pièce.
Hommage proclamé à Mr Alfred Hitchcock, maître du voyeurisme et du crime, Fenêtres sur rue est un véritable jeu de piste et d'observation étonnamment riche et amusant. Simenon, Tati mais aussi Gotlieb sont également de la partie.
Rabaté a lâché ses crayons pour l'acrylique et c'est superbe.
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