AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BVIALLET


Ce « Manifeste » n'est pas un énième programme électoral pour parti écolo sectaire ou groupusculaire, mais un exposé clair, net et précis des idées-forces d'un combat pour la terre et l'homme mené depuis des années par un homme sincère et honnête qui ne s'est jamais payé de belles paroles mais qui a toujours prêché par l'exemple. Environnementaliste avant même que le mot écologie fasse florès, il a pratiqué le retour à la terre bien avant les hippies de 68, l'agriculture biologique et biodynamique alors qu'elles étaient ultra-confidentielles, la décroissance quand le mot n'existait pas encore et la solidarité avec les paysans du tiers-monde bien avant que les ONG de tous poils n'entrent en scène. Un précurseur plein de modestie qui tire la sonnette d'alarme de façon étayée et réaliste loin des grandes théories fumeuses et catastrophistes qui secouent l'opinion quelques jours avant d'aussitôt retomber comme soufflé dans un courant d'air. Avec Rabhi, on ne se paye ni de mots ni de théories fumeuses. Et le bilan qu'il dresse n'en est que plus accablant... L'agriculture moderne, « raisonnée ou non » est une aberration. « En plus d'être destructrice, l'agriculture moderne est extrêmement fragile », nous dit-il « il faut à peu près deux tonnes et demie à trois tonnes de pétrole pour fabriquer une tonne d'engrais ». « Pour produire une calorie alimentaire, il faut en consommer douze d'énergie ».
Il nous fait découvrir la cause profonde de l'immigration... « Cette tragédie écologique et humaine (il s'agit de la ruine des agricultures traditionnelles du tiers monde par le système mondialiste) provoque des migrations de populations vers des agglomérations auxquelles on donne abusivement le nom de villes. Des naufragés s'accumulent dans un désordre inextricable et tentent par tous les moyens de ne pas mourir de faim. Cette situation engendre évidemment toutes les misères identifiées et non identifiées : drogue, prostitution, violence, criminalité, délinquance... »
La solution ? le Local !
« Produire et consommer localement, tout en échangeant la rareté, devrait être un mot d'ordre universel : pour cela, une politique foncière considérant la terre nourricière, l'eau, les semences, les savoirs, les savoir-faire comme bien commun inaliénable doit être établie. »
Et n'attendons rien des politiques ou des « grands soirs » car « nous sommes responsables de l'ordre ou du désordre que nous avons instauré », dit-il.
« Plutôt que proclamer des vérités interprétables de mille manières selon les convenances de chacun, je préfère nous inviter mutuellement à nous unir pour servir et promouvoir des valeurs simples telles que la bienveillance à l'égard de ceux qui nous entourent, une vie sobre pour que d'autres puissent vivre, la compassion, la solidarité, le respect et sauvegarde de la Vie sous toutes ses formes. »
Un livre majeur, passionnant, facile à lire. Chaque phrase porte car on sent derrière tout le poids de la vie et de la vérité. Avec Pierre Rabhi, on est à mille lieues de la langue de bois. Il parle avec son coeur, son bon sens et s'appuie sur sa longue expérience militante. Il ne se contente pas de dresser un tableau terrible de la réalité d'un système qui n'a aucun avenir. Si le monde entier consommait (gaspillait) comme nous, il faudrait trois planètes et comme les américains du nord, il en faudrait 6 ! Il propose des solutions simples, efficaces (relocaliser, jardiner, replanter, promouvoir les AMAP, l'agroécologie, la phytoépuration, le recyclage, les nouvelles technologies, les énergies renouvelables, l'auto-suffisance alimentaire, le procédé Vulcano qui réduit de 50% la consommation des moteurs diesel, etc...) Il donne des exemples de reconversions ou d'applications réussies sur le terrain (l'éco-site de la Borie, la ferme des enfants, le monastère de Solan entre autres...) Puisse-t-il être entendu...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}