Citations sur Sous la même étoile (22)
Tel Aviv l'insouciante, la prétentieuse, la fainéante. Avec ses milliers de cafés toujours bondés, avec ses mille races de chiens[...]Tel Aviv l'élégante, préoccupée d'elle-même, qui se reflète dans les vitrines de ses boutiques de luxe. Tel Aviv qui n'est que soif de plaisir, débordante de vie, encombrée de jeunes dès l'arrivée des vacances d'été[...]Tel Aviv la douce, la désinvolte avec ses vastes terrasses....
Depuis Ramallah, l’œil de la caméra arrive droit sur les immeubles de verre et les gratte-ciels de Tel Aviv. Et moi, d'ici, je reconnais la partie supérieure cd la Tour de la Paix. Je discerne même la cheminée de Reading ...Les immeubles de la Kirya [...]Et dans le même frisson qu'hier, je suis envahie par la pensée de ma famille : la pensée de mes proches et amis là-bas. Où étaient-ils pendant que depuis Ramallah, Marwan filmait? Cette situation me renvoie au jour où, âgée de six ou sept ans, je m'étais tenue à la fenêtre de l'appartement des voisins pour scruter en cachette l'intérieur de notre propre cuisine [...]
Car ce renversement apparaît des plus singuliers ; nous voir de l'extérieur, postés à la fenêtre des voisins et nous voir comme le côté caché d'un miroir. D'ici - de New YOrk - voir ce qui leur apparaît depuis Ramallah par delà les collines d'obscurité. Me voir à leur place, sur le balcon, comme sur quelque mont Nevo. Voir quotidiennement Israël, les banlieues de Tel Aviv, notre existence telle qu'elle se déroule de l'autre côté, une existence aussi confiante qu'inconsciente, et qui semble, d'ici, privée de réflexion lumineuse....
Rentrer à la maison. Revenir à un mode de vie ancien, familier, à des petites choses et à l'humble consolation qu'elles recèlent. Retrouver l'odeur des schnitzels et de l'oignon frit au déjeuner, le goût des gaufres et du nescafé, le pain tressé avec la crème de sésame et le fromage blanc. Retourner dans l'arrière cour que l'on voit par la fenêtre, et où se dressent un lilas de Perse, se glisser dans les mêmes draps, utiliser les mêmes couverts. Revoir les plantes, les tapis muraux du salon, et le même présentateur à la télévision.
Et puis me sentir à la maison même quand je suis dehors.
Ceux qui restent en arrière paraissent toujours plus misérables, plus orphelins, que ceux qui voyagent et se fondent sous d'autres latitudes.
Ta tête repart en arrière, prise dans l'immense arc constitué d'ondes circulaires, d'encres pourpres, turquoises. et voici qu'elle plonge dans cette orgie de bleus : celui des rivières que tu peins, celui de tes cieux. Les bleus qui viennent toujours à te manquer avant les autres couleurs. cette kyrielle de nuances, sous-nuances, que nous avions vues, le tout premier soir, rangées l'une contre l'autre, dans des tubes épais - elles se répandent maintenant de partout, fusionnent, et toi, tu t'y enfonces intégralement ; les bleus du jour et les bleus de la nuit ; les bleus-gris, pâles, porcelaine, l'azur qui tire sur le vert. Tous rejaillissent et se répandent sur la toile infinie, liquide, et sur les pinceaux majestueux de la mer.
" A consommer de préférence avant le 20.05.03" (...)
Comme cette boite en carton, ce pain en sachet, comme la boite d'oeufs et cette brique de lait au fond du chariot. Dans deux mois et une semaine je retourne en Israël, dans deux mois et une semaine je rentre à la maison. Je me sépare de 'Hilmi et je réintègre ma vie antérieure. A l'instar de ces cornflakes, il ne nous restait plus que neuf semaines pour être ensemble, plus que neuf vendredis, neuf week-ends et neuf dimanche - puis tout s'achèvera.
Un froid terrible. Un froid irrationnel dont on a du mal à admettre qu'il soit seulement possible. Un froid qui gèle le visage, les oreilles , et transperce douloureusement tes os, tes dents. Un froid venimeux, si pénétrant que même tes pupilles, semble-t-il, s'en trouvent transies. Un froid qui bouleverse tout ton être, qui lui fait perdre espoir.
Aux informations, on annonce que dans les annales new-yorkaises, cet hiver est l'un des plus durs, des plus longs, et surtout des plus enneigés de tous les temps.
"La musique est le langage avec lequel l'âme dialogue avec elle-même".
[ Yehoshua Knaz ]
Clouée sur place, je n'avais réussi à enregistrer ni les noms , ni les grades qu'il avait mentionnés, et même le sens de ses paroles, je ne le saisis qu'après l'intervention du plus grand, qui avec une impatience manifeste, plongea la main dans la poche intérieure de son manteau et en retira ce que, jusqu'ici, je n'avais vu que dans des films ou des séries télévisées : une plaque de police (FBI] dorée, ornée de reliefs.
Au bout de l'allée, nous arrivâmes aux bleus. Un éventail de dizaine de nuances et autres dérivés, du très foncé jusqu'au plus clair. Il y avait du bleu d'encre et du bleu indigo, du bleu azur et du bleu turquoise, du bleu marine et du bleu tendre, des bleus qui portaient des noms lyriques comme "bleu de minuit", "bleu lagune", "bleu porcelaine". Il y avait des coloris obtenus à partir de pigments métalliques - bleu de cobalt, bleu fluorescent. Et il y avait même des bleus de nationalité différentes - bleus français, prussien, anglais.