AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de klakmuf


On ne lit plus Racine, aujourd'hui. Si ce n'est par nécessité (un concours ou examen à passer, par exemple) alors c'est seulement par pur attrait pour la langue française. A l'école, je n'ai pas eu à étudier cette oeuvre et c'est tant mieux : j'étais loin d'être mûr pour ça, à l'époque.
On ne lit pas Britannicus pour son histoire . On ne le lit pas plus par intérêt pour l'Histoire avec un grand h: si Racine s'est inspiré des Annales de Tacite, il s'en est écarté lorsque les canons esthétiques et littéraires le commandaient.
Non, on lit Britannicus uniquement pour entendre chanter la langue française sous la plume de Racine. Et l'on a bien du mérite car il faut s'accrocher, les modes d'écriture et la langue ayant terriblement changé en trois siècles et demi ! La tragédie est évidemment écrite en alexandrins et beaucoup de mots sont employés dans un sens fort différent de celui d'aujourd'hui.

Mais n'est-on pas récompensé de ses efforts en lisant d'aussi belles phrases que
« Vous n'aurez point pour moi de langages secrets: J'entendrai des regards que vous croirez muets ».

Ou celle-ci encore (de Burrhus, s'adressant à Agrippine, mère de Néron)
« Il est votre empereur. Vous êtes, comme nous,
Sujette à ce pouvoir qu'il a reçu de vous.
Selon qu'il vous menace, ou bien qu'il vous caresse,
La cour autour de vous ou s'écarte, ou s'empresse. »

Alors si on ne peut plus lire cet auteur sans buter sur telle ou telle phrase, sur tel ou tel mot, certains regimbent et désertent les champs du classicisme français. Et bien, c'est fort dommage car on n'a rien sans rien dans la vie, la beauté a un prix (surtout la beauté !) et l'on doit la débusquer partout où cela est possible. Il y a bien sûr des trésors à (re)découvrir chez les écrivains du XVIIe siècle.
C'est désormais au public de s'adapter à Racine: en son temps, il a déjà fait le maximum pour plaire et son style ne changera plus, n'est-ce pas ?

Et puis :
Qui suis-je vraiment, petit klakmuf dans ses tartines,
Pour chipoter ses cinq étoiles au grand Racine ?
Moi dont l'ignorance est encyclopédique,
Je tournerais boudeur, je deviendrais critique ?
Non, cela ne doit pas et ne se fera pas :
Cinq étoiles il mérite, cinq étoiles il aura !
Commenter  J’apprécie          346



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}