AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de brigittelascombe


"Si j'aime Mahaut tout court, je désire tromper Anne".
Paradoxe éternel, le choix n'est que souffrance. François de Séryeuse, aristocrate naïf et oisif, attiré par la belle comtesse Mahaut d'Orgel, "méprisante et distraite", "follement éprise de son mari" Anne; après avoir nié l'évidence, se retrouve ligoté par ses liens d'amitié avec le dit mari. Que faire lorsqu'il apprend de la bouche répressive de sa mère que son amour est partagé?
Le bal du comte d'Orgel, à l'opposé de Les liaisons dangereuses de Chanderlos de Laclos n'est en rien pervers. Même si le mari pousse Mahaut dans les bras de son rival, c'est plutôt par narcissisme exacerbé et confiance poussée à l'extrême (qui confinent à l'incrédulité).
On est loin de le diable au corps (indépendant de toute morale) de Raymond Radiguet lui-même car l'amour reste "chaste".
Ce roman d'amour romantique évoque plutôt (bien que l'époque soit différente, nous sommes ici dans l'après-guerre de 14-18) La princesse de Clèves de Madame de la Fayette qui préfère se sacrifier plutôt que de sauter le pas; puisque Mahaut est une femme de devoir....à moins que les affres de la passion ne soient pour elle incompatibles avec son quotidien calme d'une vie toute tracée par un mari dominateur?.
Raymond Radiguet, jeune écrivain prodige mort à 20 ans, ne laissera que 3 oeuvres. Mais quelles oeuvres!
On ne peut que saluer sa fine analyse psychologique des personnages. Il décortique chaque attitude,chaque geste,tic de langage,parole; il peaufine chaque réplique; il étudie chaque lien (ex: celui de François distant avec une mère réservée), il peint les caractères avec moult détails pour les rendre authentiques, il relate les interprétations de chacun pour faire basculer l'innocence dans la détresse du piège qui se referme...il soulève le voile des apparences pour faire pénétrer le lecteur dans les inconscients.
J'ai beaucoup aimé le trio annexe que forme Paul, l'ami diplomate de François pris en étau entre une maîtresse maîtresse américaine vengeresse qu'il repousse et une autre qu'il aime. On frise là le vaudeville à la Wooddy Allen!
Le bal du comte d'Orgel est un bal costumé ou ne sera pas car chez ces gens là...le costume est de mise, celui du jeu de rôle!
Cruelles destinées!
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}