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Critique de mosaique92


J'ai lu, il y quelques décennies, ‘'Les mouchoirs rouges de Cholet'' et en ai gardé un excellent souvenir. L'auteur est mort en février dernier ; en parlant avec une amie, celle-ci m'a dit : ‘' tu dois absolument lire ‘'La mémoire des vaincus'' et m'a prêté le livre.
A noter : alors qu'on lui demandait, au cours d'un interview, quel était le livre dont il était le plus fier, Michel Ragon a répondu : « La Mémoire des vaincus, sans aucun doute. »

Le prologue m'a emballée et je n'avais qu'une hâte : lire la suite… car ce roman a pour trame la vie d'amis de l'auteur, esprits libertaires et anarchistes dans l'âme, hommes ‘'d'un autre temps''. Michel Ragon, « petit prolo, ayant commencé à travailler à l'âge de 14 ans », est un membre du mouvement libertaire : « Je me suis dit que j'étais le dépositaire d'une mémoire, ayant connu tous les militants anars quand j'étais tout jeune, et après (…) Je voulais faire un grand roman dans la tradition des grands romans populaires du XIXe siècle et par là même, y intégrer des personnages et des idées. (…) Fred est devenu un personnage extrêmement vivant, si vivant même que quantité de lecteurs ont pensé qu'il avait vraiment existé. Mais en réalité, il est le mélange de trois personnages.» (interview)

L'anarchisme, porté au pinacle par les uns, honni par d'autres… Lisez ‘'La mémoire des vaincus'' pour avoir une excellente idée de ce que cela implique à travers l'histoire d'un homme, fourmi invisible de cette partie de la grande histoire… idéaux et trahisons, réussites et échecs, espoirs et déceptions, condition ouvrière vs bourgeoisie, engagement militant vs vie sentimentale et vie de famille. S'y mêlent certains grands évènements côtoyés par ce mouvement, voire auxquels il a collaborés ou qu'il a rejetés : révolution bolchévique, front populaire, guerre civile espagnole, etc…

Un bémol, à mes yeux… « Je serais certainement devenu historien si j'avais fait des études » a dit l'auteur dans un interview ; cette vocation ratée fait souvent tomber le roman dans le livre d'histoire… ce que reconnaît l'auteur : « cela peut décontenancer le grand lectorat. »

L'union libertaire communiste a baptisé ce roman ‘'classique de la subversion'' : « Presque un siècle de la vie politique mondiale vue du côté des vaincus, des oubliés et des proscrits ». Je n'irais pas aussi loin et le définirais plutôt comme roman historique très instructif sur un mouvement dont on parle beaucoup sans le connaître vraiment …
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