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Critique de Lune


Lune
24 septembre 2019
L'envoûtement ressenti au cours de cette lecture est dû non seulement au savoir-faire de l'auteur mais également à l'omniprésence de la Musique.
Ode à celle-ci, ode aux virtuoses qui y consacrent leur vie.

La passion brûle, dévore et se lit à chaque phrase et évocations de la jeune pianiste.
Une histoire de famille où la Musique règne, absorbe jusqu'à la moindre respiration, jusqu'à l'incompréhension, jusqu'à la destruction.
Cette lecture modifiera sûrement notre perception des solistes et du monde musical qui n'échappe pas à la mise en scène de ses aspects extérieurs et au business.

L'auteur rend magistrale la prestation au Concours Reine Elisabeth du violoniste dans la salle du Palais des Beaux Arts de Bruxelles.
Il nous entraîne dans la transcendance totale, ses phrases virevoltent, ses mots percutent.
Il nous fait comprendre le monde intérieur du musicien.
Il nous plonge dans le silence où tout ce qui s'est dit est clos.

Silence de passage…

L'enseignement holistique du « Maître » arménien est le plus beau des enseignements.
Une douleur entoure ce vieil homme à la carrière brisée, la transmission le sauve.

Une image de plus de la vie « en musique », maîtresse exigeante, unique, qui absorbe l'Homme jusqu'à la dernière seconde de sa vie (cfr le chef d'orchestre - père de la pianiste et du violoniste - mari de la chanteuse broyée).

Un livre, comme une partition, comme un concerto, comme l'Opus 77 : sensible, bouillonnant.

Avis de Cantus

Il est toujours difficile pour un musicien d’entrer dans un roman dont la structure se fonde sur une oeuvre musicale.
Les libertés qu’autorise la littérature se heurtent à une réalité parfois tout autre.
Ainsi dans Opus 77 (en référence au concerto pour violon de Chostakovitch) Alexis Ragougneau n’échappe pas à cette constatation, constatation ne voulant pas dire condamnation.
Non, toutes les familles dont parents et enfants pratiquent la musique en professionnels n’atteignent pas ce degré de tension ni entre eux ni sur le plan personnel.
Par ailleurs, pourquoi avoir modifié les règles du Concours International de Musique Reine Elisabeth de Belgique?
L’Opus 77 ne pourrait en aucun cas avoir été choisi comme oeuvre imposée; celle-ci est toujours une oeuvre inédite dont le titre et le compositeur ne sont révélés au public que lorsque les deux derniers des douze lauréats sont entrés en loge pour une semaine afin de le préparer.
Prendre l’Opus 77 comme concerto au choix aurait été plus plausible et cela aurait-il changé quelque chose à la trame du roman, aux « problèmes » de David, le frère de l’héroïne.
Je ne le pense pas, mais… je ne suis pas romancier.
Toutefois, ces réticences et réserves franchies, Opus 77 est un roman qui sur le plan de l’intrigue tient ses promesses.
Ariane, le personnage principal, pianiste, a de l’épaisseur et est soumise à des questionnements et des tiraillements qui touchent le lecteur.
Les autres personnages, le père, le frère, le professeur, l’agent, les « connaisseurs » jouent le rôle que leur attribue l’auteur avec efficacité pour servir les divers sujets que véhicule le roman : la transmission (parents, enseignants), l’obsession (la musique, la perfection), la répression (allusion au régime soviétique).
Enfin, point fondamental, l’écriture est remarquablement adaptée aux sujets : changement de rythmes, placement des flash-backs,…
Au final, un roman vivant et haletant qui, sans bouleverser, force l’adhésion par la qualité de sa dramaturgie.
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