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Critique de Valmyvoyou_lit


Le livre commence au décès de Claessens, un célèbre chef d'orchestre. C'est sa fille Ariane qui joue au piano, pendant l'enterrement. Elle déroule ses souvenirs, au rythme des cinq mouvements de l'Opus 77 de Chostakovitch. Mais pour quelle raison a-t-elle choisi ce morceau à la place de la marche funèbre ? L'assistance est déroutée.


Ariane raconte l'histoire familiale. Elle s'adresse à son frère David, un être torturé, à qui elle tend la main. Celui-ci vit dans un bunker, au sens propre et au sens figuré. La jeune femme décrypte le fonctionnement de sa famille, dont le noyau est la musique. La mère est une cantatrice qui se tait, Ariane est pianiste, comme son père avant qu'il ne devienne chef d'orchestre et le fils, David est violoniste, comme un défi lancé à l'autorité paternelle. La musique les rapproche, mais c'est aussi elle qui provoque des éloignements déchirants.


Un parallèle entre la vie de Chostakovitch et la cellule familiale des Claessens peut être fait. le compositeur était le jouet de Staline : alternativement, adulé et menacé par le régime autoritaire.


Ce livre m'a apprivoisée. Au départ, le texte m'a semblé exigeant. Mon intérêt est monté crescendo. le récit est intimiste, mais parfois violent par les blessures profondes que les membres de la famille Claessens ressentent dans leur âme. Ariane analyse la manière dont son frère et elle se sont construits. Leur relation est très forte et s'exprime à travers leurs instruments. La rousse flamboyante décortique les raisons qui les ont amenés à une des scènes finales.


Ah ! Cette scène, elle est grandiose ! L'auteur a utilisé la musicalité de l'Opus 77 pour la retranscrire. En finale d'un des concours les plus prestigieux au monde, le Concours Reine Elizabeth, David joue sous la direction de son père et tous les sentiments, les rancoeurs, les manquements, les non-dits, l'amour et la haine sont dans cette partition. Les émotions montent, le suspense grandit, puis… le silence. Cette scène est l'apothéose du roman, du morceau. Tout ce qui la précède est une préparation à la recevoir, à la lire, à la vivre et à la ressentir. J'ai été tendue, essoufflée et la descente a été douloureuse. Cette partie du récit est majestueuse et magnifique.


L'écriture d'Alexis Ragougneau est puissante et vibrante, flamboyante et écorchée. Chaque mot exprime une souffrance, une tension ou de l'exaltation. L'auteur décrit l'intériorité d'un soliste. Ce n'est pas un roman sur la musique, mais sur ceux qui vivent pour elle et par elle.


Bien sûr, je me suis empressée d'écouter l'Opus 77, que je ne connaissais pas.


Je remercie sincèrement Babelio les Éditions Viviane Hamy pour cette masse critique privilégiée.
Lien : https://valmyvoyoulit.com/
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