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Critique de kikenbook


Pour sa rentrée littéraire, Aux Forges de Vulcain a misé sur deux romans parmi lesquels « Jusque dans la terre », le premier roman d'une jeune autrice irlandaise, Sue Rainsford. Quelle merveilleuse idée ! Et pour ce qui est de merveilleux, le texte de Rainsford se pose là ! À la différence d'un Fantastique qui ferait survenir des événements surnaturels dans un présent identique aux nôtres, ici, dans le monde d'Ada, la jeune fille narratrice du roman, il est aussi habituel pour elle, son père, et les habitants du village proche, de guérir des patients en leur retirant leurs organes à coup de chants ésotériques puis de les enterrer (et les organes et les patients) dans la terre bienfaitrice du jardin pour attendre leur réparation, qu'il est normal pour une gamine vêtue de rouge de papoter avec un loup au détour d'un chemin forestier.
Si la terre d'Irlande est une terre de contes et de légendes, « Jusque dans la Terre » y a grandement sa place. C'est seulement au fil de la narration que le voile se lève sur la véritable nature des protagonistes et que l'on découvre qu'Ada et son père, qui vivent à l'orée d'une forêt, lieu propice au mystère et à la sauvagerie, sont aussi humains que je suis Leprechaun. Si son apparence la fait femme, il y a quelque chose du Pinocchio de Collodi chez Ada, du fait de sa conception à sa naissance dont on ne dira rien pour ne trop divulgâcher. La vie suit son cours « normalement » pour Ada et son père jusqu'à ce que l'adolescente se mette à éprouver quelque sentiment qui la perturbe pour Samson, un jeune habitant du village. Voilà donc que la passion amoureuse se retrouve élément perturbateur : Ada se retrouve écartelée entre cet amour qui lui fait pousser des ailes et voudrait lui faire connaitre autre chose que son quotidien et son Jardin et la loyauté envers son père et sa Terre, envers cette hérédité qui lui donne ces pouvoirs aussi bien guérisseurs que létifères.
Passer les quelques pages où il a fallu me défaire de ces envies irrépressibles de dégainer mon stylo rouge pour biffer la version non-corrigée du roman que j'avais reçue (coup de chapeau à celles et ceux qui auront peaufiner la version définitive), je me suis finalement laissé emporter par la plume magnétique de Sue Rainsford traduite par Francis Guèvremont. Un savant et délicieux mélange d'horreur et de lyrisme accompagne brillamment la soif de démarginalisation d'une jeune fille à l'ingénuité touchante. La brutalité sauvage, presque animale, côtoie la magie envoutante des différentes amours qui tiraillent la narratrice de ce grand conte moderne, étrange et déroutant, horrifique et poétique. Bref, ensorcelant.
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