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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
3,5 étoiles

La géographie et moi n'étant pas bonnes amies, des îles Kerguelen, je ne savais rien, sinon qu'elles sont dans l'Océan indien*. Sans en être maintenant une spécialiste, j'en ai déjà appris un peu plus grâce à ce passionnant récit de voyage de Raymond Rallier du Baty, notamment sur l'emplacement exact de ces îles, leur relief, leur météo, ainsi que sur leur faune. En effet, bien que l'auteur ait le souci de ne pas ennuyer son lecteur avec de longues considérations géographiques destinées aux scientifiques, il s'attarde parfois sur la beauté des paysages si hostiles, raconte les horribles chasses aux phoques auxquels lui et ses compagnons doivent se livrer (pour des raisons de survie alimentaire autant qu'économiques : le financement de leur voyage a été couvert en partie par la vente de graisse de ces animaux), et évoque les très nombreuses tempêtes auxquelles ils ont dû faire face. Comme l'indique le sous-titre de cette édition, le texte se présente donc comme un récit d'aventures à la Robinson Crusoé (mais de façon volontaire, à plusieurs et de façon mieux organisée) : Raymond Rallier du Baty narre la vie sur une île déserte, ainsi que celle en mer, donc la solitude autant que la promiscuité sur un espace restreint. Quoi qu'il dise de son style lors de quelques apostrophes au lecteur pour se faire pardonner « l'indigence de [s]a prose » [p. 55], j'ai personnellement trouvé la traduction de Renaud Delcourt agréable à lire et ai apprécié l'autodérision dont fait preuve l'auteur à plusieurs reprises : loin de s'enorgueillir de son exploit marin (beaucoup s'étonnent face à la distance parcourue avec un si petit bateau), il est au contraire très humble et n'hésite pas à rire gentiment de lui-même.

Je souhaitais voyager en mer encore un peu après Pêcheur d'Islande, j'ai été tout à fait comblée par ce récit de voyage passionnant et très prenant !

* Qui a compris la référence (et aura la chanson en tête grâce à moi *Niark niark*) ? Rappelez-vous, Hélène, si je t'écris aux Kerguelen… Je me demande bien ce que cette Hélène est allée faire sur ces îles, à part une rime, maintenant que j'en sais plus, d'ailleurs.

Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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C'est un récit fondateur, celui d'un incroyable chef d'expédition de 26 ans qui, avec cinq compagnons d'aventure dont son frère, s'élança à l'autre bout de la planète, dans ses confins sauvages et furieux encore mal cartographiés, à bord d'un vieux ketch de 15 mètres rabouté mais indubitablement robuste, à une époque de bien avant les exploits des navigateurs solitaires transocéaniques, quand une telle entreprise relevait du défi insensé et qu'il fallut à Raymond Rallier du Baty s'engager à faire le plein d'huile de phoque pour financer son voyage, au prix du massacre sanglant d'éléphants de mer et de la fonte aux relents pestilentiels de leur graisse. J'en recommande la lecture à tous ceux qui se sont intéressés ou s'intéresseront aux îles Kerguelen, à ceux et celles qui ont ou auront le privilège comme moi d'y séjourner, car ils y découvriront beaucoup d'anecdotes sur ce qui constitue aujourd'hui le fonds historique et culturel de l'archipel. Ils apprendront que le nom de l'une des plus admirables baies du monde, la baie Larose, honore le souvenir d'un matelot de 18 ans, un gaillard au coeur volontaire comme chacun de ses camarades et surtout à l'appétit féroce. Ils sauront que les rares veines affleurantes de charbon de ces terres de roches volcaniques ont été exploitées pour fournir le combustible qui servit à chauffer les chaudrons de graisse (Je comprends ainsi aujourd'hui l'origine de cette bizarre excavation que je visitai en 1983 à l'anse Sablonneuse.)
Pour ceux qui ne chercheraient dans cette lecture qu'un simple récit d'aventure, je leur conseille de prendre un autre livre sur l'étagère ; ils pourraient se lasser des descriptions répétées des tueries sur les plages ou des nombreuses tempêtes essuyées par ces valeureux marins.
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Vous aimez l'aventure ? Embarquez en 1907 avec six jeunes marins sur un ketch de 50 pieds pour aller faire fortune aux Kerguelen. Enfin, quand je dis fortune, il s'agit de remplir la cale d'autant de tonneaux que possible d'huile d'éléphant de mer et d'aller les vendre en Australie.

Accrochez-vous ! le vent est capricieux et la route est longue de Boulogne à Melbourne. Il faut passer par le pot au noir avant de faire escale à Rio, rejoindre ensuite Sainte-Hélène pour finalement atteindre l'archipel désolé sur lequel Éole s'acharne avec obstination et perversité depuis la nuit des temps. Là, vous allez rester cinq trimestres avant de mettre le cap sur l'Australie.

Raymond Rallier du Baty n'est pas un néophyte : il a fait partie de l'expédition du Commandant Charcot en Antarctique, mais il est jeune : 25 ans. Son frère, capitaine en titre, et trois autres membres de l'équipage ont entre 27 et ... 16 ans. Seul le bosco a plus de 40 ans.

D'entrée de jeu, l'auteur nous prévient que l'écriture est un exercice étrange dont il n'est pas coutumier, mais "qui permet de rappeler à la vie les émotions des jours révolus". Quoiqu'il s'en défende, j'ai pour ma part trouvé le récit agréablement rédigé, assez dépouillé pour rendre compte de la difficulté de survivre dans un chaos pierreux, glacé et perdu au centre d'un combat incessant entre vents et marées contraires. Un seul regret : que la carte placée en fin d'ouvrage n'ait pas été présentée en deux versions, celle dont disposait l'équipage et celle qui nous aurait permis de suivre au plus près l'aventure.

Certains d'entre vous ont suivi François Garde parti "Marcher à Kerguelen". Cette fois, nous y demeurons pendant plus d'un an. Ne vous attendez pas à de nombreuses références littéraires ou à des réflexions métaphysiques : vous allez être immergés dans une sorte d'enfer froid, humide et cruel. Heureusement, au milieu de l'abattage des monstres marins, des mares de sang et des odeurs écoeurantes et tenaces, vous aurez droit de temps à autre à un regard émerveillé sur une aurore boréale ou un paysage pittoresque. le récit est également agrémenté de nombreuses anecdotes, ce qui le rend particulièrement vivant.

le narrateur est d'une grande politesse et s'excuse parfois de devoir vous ennuyer avec des détails techniques. Mais c'est là une partie du charme de ce livre : la connivence entre celui qui écrit et son lecteur. N'hésitez pas à embarquer !
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