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Critique de Ys


1795. Robsepierre vient de suivre à l'échafaud tous ceux qu'il y avait envoyés. La Convention s'installe, le Tout-Paris, après avoir beaucoup tremblé, se lance à corps perdu dans les plaisirs. Les agioteurs magouillent, les profiteurs profitent, les prix s'enflamment, le peuple crève de faim, les royalistes complotent, de jeunes élégants s'enflament contre les jacobins passés de mode. le contraste entre les deux France, celle qui danse et celle qui meurt, est plus cruel que jamais, et l'on songe vite à se révolter contre ce gouvernement de profiteurs qui ne sait rien apaiser.
Mais comme le fait remarquer un petit général corse récemment débarquer à Paris, ce n'est pas l'estomac qui crée les Révolutions, c'est le cerveau.
De cerveau, Saint Aubin - jeune muscadin résolu à se venger des bourreaux de sa famille et à servir la royauté - n'en a guère. Mais bien qu'un peu ridicule parfois, il ne manque pas d'un certain charme romantique.
Charmeur, le petit général corse sait l'être, parfois, lorsqu'il s'agit de se trouver une épouse riche et influente dans les salons mondains. Mais aussi impérieux, arrogant, sans scrupules - intelligent en diable et étrangement fascinant. Dans ce monde en plein chaos, toutes les occasions sont bonnes pour saisir la Fortune : il ne va pas y manquer, et comme chacun le sait, il ne la lâchera pas de sitôt.

Après Essling, la Russie et l'exil, Patrick Rambaud laisse derrière lui les ombres de l'Empire pour s'intéresser à l'entrée en scène de celui qui, au prix de quelques lettres dans son nom, s'apprête à devenir Napoléon Bonaparte. Mais autant que l'homme, si ce n'est plus encore, son sujet est l'époque qui le conditionne, le moment historique dont il profite pour prendre son élan. Et cette époque, Rambaud la retranscrit avec brio.
Une inscription très précise dans le paysage parisien historique, des personnages qui touchent juste pour incarner l'esprit (ou les esprits) du temps. Un excellent sens du détail - celui qui donne vie, consistance, profondeur à une scène. Des dialogues bien tournés, et juste ce qu'il faut d'esprit et de vernis ironique pour dédramatiser cette époque si dramatique, et qui tendait si facilement à surjouer son rôle.

Un excellent petit roman, aussi intéressant que savoureux, et dévoré avec le plus grand plaisir.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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