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Critique de PhilippeCastellain


J'aime marcher seul dans la montagne. Et je connais cette peur irrationnelle et étrange qui vous envahie parfois au plus profond d'un bosquet. Autours de soi, il n'y a que la nature. La vue ne porte pas loin. On entend un murmure de bruissements, de craquements. On ne sait pas de quoi on a peur. Et ce n'en est que plus terrifiant.

Je connais aussi le monde des paysans de la montagne – ou ce qu'il en reste. Il est là-bas des sujets dont on ne parle pas, et qui défient la science. Des évocations. Des sous-entendus. Des phrases inachevées. J'ai fait des études scientifiques. Mais je sais que l'esprit humain est un monde inconnu.

Et ce sont bien ces sentiments-là auxquels Ramuz fait référence, et qui sont au coeur de ‘La grande peur dans la montagne'. L'un de ses deux livres emblématiques, avec ‘Derborance'. Dans une vallée des Alpes, la place commence à manquer dans les alpages. Mais il en reste un grand, vide car il a été abandonné il y a plusieurs années. Des choses étranges s'y sont produites. Des hommes sont morts. Plus personne ne veut y retourner. Mais le maire ne croit pas à tout cela. Il y a de l'herbe pour ses bêtes, c'est tout ce qu'il sait. Il trouve quelques volontaires...

Ramuz est l'écrivain de la paysannerie des Alpes, comme Giono est celui des plaines et des hauts-plateaux. Il décrit un monde qu'il connait, qu'il aime. La vie est dure. La montagne est belle. Comme l'a si bien dit mon ami Transat au cours d'une discussion le style de Ramuz est « râpeux, lent, ‘taiseux' ». Il s'accorde parfaitement à ses récits, au monde et aux paysages qu'il décrit.

Dans nos villes sans arbres et nos campagnes bien aménagées, il est facile d'avoir des certitudes. Mais quand on est seul au milieu de la montagne et qu'il n'y a plus trace de présence humaine, on les sent s'évaporer comme de l'eau au soleil…
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