AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dourvach


Notre ami babéliote défricheur Lavieestunlongfleuvetranquille a peut-être raison : "Le Règne de l'esprit malin" (paru en avril 1917) n'aura, pour nous tous, PAS FORCEMENT toutes les séductions - inaltérables - de "Derborence" [1934] ou même de "Si le soleil ne revenait pas" [1937]... mais tout de même, tout de même... Quel conteur, quelles "forces d'images", et quel humour tout en finesses de langue (fourchue) !

Après la belle chronique de "La guerre dans le Haut Pays" (son sixième roman, paru en 1915), voici le septième... premier de la saisissante série de ses six romans (dits) "mystiques" [soit : "Le Règne de l'esprit malin", "La guérison des maladies", "Les signes parmi nous", "Terre du ciel", "Présence de la mort", "La séparation des races"] dont la parution s'étalera de 1917 à 1922 - à un rythme accéléré et notamment grâce à la fondation des "Cahiers Vaudois" à Lausanne (années de vie de cette Revue littéraire : 1914 à 1920)...

Une histoire toute faustiennne : Branchu, le "vagabond-cordonnier" (qui arrive puis stationne dans l'auberge, quelle coïncidence ! ... ce juste trois jours après la mort du cordonnier du village... et s'enquiert aussitôt d'un commerce à racheter), c'est Mephistophélès... le naïf "Faust", par contre, c'est le village entier, séduit d'abord par le bagoût et les espèces sonnantes et trébuchantes de l'étrange vagabond...

Nous irons jusqu'au bout de la route avec le Maudit : la séduction puis le malheur... "Le règne de l'esprit malin" s'empare du village... Force du diable (ou du diablotin) : car il est justement si "malin"...

Seule "l'innocence" d'un enfant, peut-être, en contrepouvoir si fragile... Cette innocence-là, inatteignable par le monde matérialiste des adultes, n'offrira plus "prise"... imperméable à toute emprise, à toute puissance sournoise...

Le conte reste réaliste. Branchu pourrait tout aussi bien ne pas être "le diable"... Diable d'homme, tout simplement !

Il est curieux de voir en ce touchant récit combien s'annoncent - comme en germe - les maléfices des alpages maudits de "La grande peur dans la montagne" [1926], les ravages de l'avalanche de pierres de "Derborence" [1934] et les charmes de l'aura fédératrice et rédemptrice de la jeune Isabelle, puissance solaire, face à la toute-puissance malfaisante du devin Anzevui dans "Si le soleil ne revenait pas", conte poétique magistral et secret - presque ultime - de 1937...

(Gloire à la) grâce intemporelle de l'étrange langue nouvelle de C.F. RAMUZ !
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
Commenter  J’apprécie          220



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}