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Critique de PatriceG


Tolstoï, le pas de l'ogre
Christiane Rancé

Publié au Seuil en 2010, à la faveur de la célébration du cent-cinquantième anniversaire de la mort de l'immense artiste russe, cet essai biographique m'a plu en ce sens qu'en 270 pages je n'ai pas trouvé un seul accroc qui pût me faire bondir de ma chaise, et l'auteur a vraiment ce mérite d'investiguer dans la sphère métaphysique, mystique et intime de l'auteur au regard de loup doté d'une lucidité extrasensorielle qu'il porte sur les êtres et les choses.

Oui Christiane Rancé se coltine la face nord pour aller braver ce sommet de la littérature russe. Je pourrais extraire quantité de choses de son texte qui m'émeuvent, me bouleversent, sollicitent mon attention avec le plus grand intérêt. Elle lève le voile sur quantité de choses de sa vie qui nous permettent de mieux appréhender celui qui se cache derrière ses romans universels. Il semble avoir abandonné pour lui tout bonheur terrestre qui viendrait le satisfaire, et dès lors que la mort d'un tout proche vient s'ajouter à la mort d'un tout proche, il adopte une attitude curieuse, ne s'épanchant pas par exemple ou semblant hermétique à tout sentiment humain, alors qu'il est à chaque fois touché un peu plus au plus profond de lui-même de manière indicible, comme si le baromètre des malheurs qui touchèrent sa famille avait depuis longtemps explosé et que plus rien ne pouvait désormais revitaliser sa sensibilité. Alors il préfère omettre de raconter cela, une énorme pudeur l'envahit, il la réserve sans gémir pour ses fictions toujours avec une élégance sobre mais certaine. Elle est visible dans ses combats avec la mort fictionnelle, une mort qu'il veut apprivoiser, il pénètre dans son antichambre pour mieux l'observer, c'est palpable dans La Mort d'Ivan Ilitch, dans Maître et Serviteur. Il est même possible, du moins je l'imagine, tant c'est bien rapporté par Christiane Rancé que de par des épreuves personnelles vécues, elle ait une empathie folle pour l'auteur sur lequel elle a choisi de s'arrêter un temps. Elle semble se retrouver en lui et c'est bien notre chance de lecture.

La bienveillance qu'elle a dans son regard à l'égard du maître de Iasnaïa Poliana s'alimente dans la source de la vérité, jamais autre chose et c'est un lecteur comblé que je suis à la lire, c'est un cadeau qu'elle nous fait quand on est admirateur de l'écrivain russe ou même un appréciateur curieux de passage. Pour célébrer la mémoire du grand homme, je ne pense pas qu'on puisse trouver plus bel hommage. Dans son ascension qui se lit comme un crescendo, sans doute a-t-elle été boustée par ce nouveau défi littéraire daté, ce qui nous porte à considérer aujourd'hui son livre "Tolstoï le pas de l'ogre" comme une référence.
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