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Critique de sophronie


Ce roman de 1300 pages est un monument littéraire intemporel, universel. Il déploie des valeurs sociales, politiques, philosophiques qui sont ancrées dans une tradition historique. Les penseurs grecs ont influencé cette oeuvre. Les grands personnages du livre sont similaires à des héros, héroïnes de la mythologie.

Le contexte post guerre mondiale se fait sentir. le communisme est attaqué tout au long du roman. Les hommes de pouvoir qui prônent le sacrifice de soi au nom du sauvetage de la société dans son ensemble en sont le miroir.

Ce roman est empreint d'absurdité. Les hommes du pouvoir sont des marionnettes qui gouvernent sans bon sens, sans clarté, sans réflexion. Ce sont des êtres déshumanisés, désabusés. le parallèle avec notre société pourrait se faire tellement ce roman est actuel. Il pose des principes de base de l'être humain :

Quelle est la motivation d'une personne à vivre ?
Quel est le but de toute vie ?
Les biens terrestres sont-ils supérieurs à l'âme ?
Produire pour soi doit-il être un intérêt supérieur à produire pour autrui ?
Qu'est-ce qui pousse un individu à se sacrifier ?
Jusqu'à quand peut-on peut supporter l'insupportable ?


Le roman est sombre d'un bout à l'autre. Les personnages sont dans une lutte personnelle en laissant leur intérêt personnel de côté au profit d'un idéal supérieur (John Galt, Francisco D'Anconia, Ragnar Daskejold). Ils sont justement héroïques de par les épreuves qu'ils traversent.
Ils ont une force morale supérieure, y compris Hank Rearden et Dagny Taggart.

Le personnage d'Eddie Willers est le symbole du sacrifice jusqu'au boutiste. Il ne sait pas s'adapter, renoncer. Il le paiera de sa vie. Il est fidèle aveuglément à la compagnie de chemin de fer et surtout à Dagny dont il est amoureux.

La grève décrit une société totalitaire, où l'on dépèce les individus ; on les réduit à l'état de bêtes.
Le danger de la science mise entre les mains de fous est ici clairement démontré avec le projet X qui utilise les ondes sonores pour détruire toute trace de vie humaine et de biens matériels. Doit-on y voir un parallèle avec la solution nazie ou la bombe H ?

Le portrait de Dagny est remarquable : une femme intelligente, lucide, entrepreneure, ambitieuse, courageuse. A une autre échelle, Cherryl, la femme de Jim Taggart issue d'une famille modeste, garde son intégrité morale, ce qui la précipite vers sa fin. Elle ne sait pas s'adapter à la situation.

Dagny fait opposition à la femme de Hank Rearden, méprisable, dépendante, vile, calculatrice.

Ayn Rand fait montre d'ingéniosité et de connaissances poussées quand elle parle des inventions technologiques et des milieux d'acieries et des chemins de fer.

Enfin, les descriptions des affres morales et psychologiques autrement dit des luttes intérieures que vivent les principaux personnages est remarquable. Le(la) lecteur(trice) est tenu(e) en haleine tout au long du roman.. Il(elle) est happé(e) par les scènes où Francisco et Hank, renoncent à leur amour pour Dagny pour servir une cause supérieure. Les personnages font figure d'ascètes. Ici, vertus et vices sont portés aux extrêmes. La lecture du roman en est douloureuse et expressive.

Il en résulte un roman très puissant, qui tient en haleine (mythe de Atlantide ici en tant que nouvelle société), sidère (gouvernants), mobilise (discours ardu de 74 pages de John Galt), épuise même ! Il est exigeant.

La grève est un roman qui décrit une société en perdition, un train fou incontrôlable. C'est la folie contre la raison, l'amour contre la haine, le savoir contre l'inconscience.







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