La table d’harmonie exhibe ses cordes à la clarté blanche d’hiver que filtrent les rideaux de la porte-fenêtre. Je fais glisser les voiles sur les tringles. Amas serré dont j’enroule la traîne sur l’espagnolette une fois que c’est grand ouvert. Ça aère la pièce. Pas de vent.
Par terre des feuilles comme une volée de monnaie tombée. Je les ramasse pour ma princesse qui fabrique si soigneusement son herbier… Je l’observe. Je suis assise dans mon fauteuil. Le bras droit replié, l’index posé sur le pouce souligne ma lèvre inférieure, les autres doigts refermés.
Ce mouvement du bras touche le bord du cadre. Elle semble cueillir une fleur avec un air de petite fille. J’essaie de retrouver exactement ce qui la transfigure ainsi. Comme si ce qui floute et assombrit son visage s’était évaporé, les muscles de la figure allégés de ce qui tire, pèse sur les traits, aggravant leur marque.
Oh oui, me laisser haler le long du courant, glisser, comme on s’évanouit, dans les plis de tulle que l’eau du fleuve exhalerait en une respiration continue se mêlant à mon haleine.
Seule. Aspirée par la chambre sans tain. Épaules soulevées le torse entier expiré seins tombant sur son ventre à la fin. Seule. Tatouée de l’intérieur.
Je suis morte et je vous parle. De cette sensation si proche. Oh, ce n’est pas le jugement dernier, ce sont nos simples mots qui s’enroulent alors même que nous sommes un seul ruban dans les cheveux de la petite fille qui sourit. Mais plus du même côté.