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Critique de RogerRaynal


Il s'agit d'un recueil de six nouvelles écrites entre 1926 et 1955. Edogawa Ranpo, de son vrai nom Tarô Hirai, a choisi son pseudonyme en hommage à Edgard Allan Poe, prononcé « à la japonaise ». Les critiques ont souvent comparé leurs styles, mais s'il est vrai qu'il existe quelques similitudes, Edogawa Ranpo entraîne davantage son lecteur vers l'insolite que vers le fantastique.

Les six nouvelles du recueil sont proposées par 10/18 dans la série « grand détective », alors qu'elles ne présentent aucun grand détective (Kogoro Akechi, le héros détective de Edogawa Ranpo, en est absent) et que seulement deux nouvelles peuvent être qualifiées de policières…

Dans « Un amour inhumain », Edogawa Ranpo donne corps d'étrange manière aux soupçons d'une jeune épousée qui soupçonne l'infidélité de son époux. 

Une autre union malheureuse est celle de la belle Osei et de son mari, le valétudinaire Kakutaro : « L'apparition d'Osei » est un récit brillant, ou la femme mène la danse. 

« Les canaux de Mars » est un bref récit quelque peu surréaliste, paru en 1926, et qui n'a rien à voir avec la planète Mars (où l'inexistence de canaux avait été démontrée dès 1909).

L'auteur aime se mettre en scène dans ses romans, présentant certaines histoires comme des confidences qui lui ont été faites. Il en est ainsi pour « Les crimes étranges du Dr Mera », récit policier classique basé sur le grand intérêt de Ranpo pour le mimétisme. Cet intérêt s'exprime encore dans la nouvelle suivante, « La grenade », enquête policière assez classique, mais très bien menée, et à la conclusion typiquement japonaise ! le recueil se clôt sur « L'abri antiaérien », seule nouvelle écrite après guerre, qui donne à Ranpo l'occasion de magnifiquement décrire un bombardement de Tokyo, et la confusion qu'il fait régner dans les esprits… et les corps !

La traduction a été réalisée par Miyako Slocombe, diplômée de l'INALCO en littérature moderne japonaise, qui est également interprète japonais-français et a traduit de nombreux mangas. C'est un gros travail réalisé de main de maître et respectant scrupuleusement le ton particulier de Edogawa Ranpo, pour la traduction duquel elle a été primée (Prix d'encouragement Konishi de la traduction littéraire 2017 pour le Démon de l'île solitaire). Quelques notes de bas de page, qui ne sont pas envahissantes, précisent utilement le sens de certains termes. 

La quatrième de couverture est peu inspirée. Elle parle d'érotisme, absent de ces histoires qui concernent plutôt des amours étranges. Quant à affirmer que Edogawa Ranpo est « le maître du polar japonais », il faudrait préciser « d'avant-guerre », le lecteur peu informé risquant d'être surpris s'il connaît des auteurs de polars japonais contemporains comme Keigo Higashino.

Mais ne boudons pas notre plaisir : ce recueil nous permet de découvrir des nouvelles remarquables, dans un style unique et avec un certain esprit de dérision morbide qui en font tout le sel. À recommander sans réserve !
Lien : https://www.litteraturedusol..
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