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Insomnie au pays du soleil levant.
Je viens de finir un redoutable recueil de nouvelles nippones où il n'est pas une seule fois question de geishas friponnes ou de Yakuzas taciturnes en kimono. Il faut que je me méfie, je vais finir par être victime du syndrome de la maturité. Je sais, c'est jeune pour un homme de 47 ans. J'ai toujours été précoce.
Bon, pour ne pas heurter trop vite ma profonde maîtrise de la culture nipponne, acquise, c'est pour dire grâce à l'intégrale des « Chevaliers du zodiaque » et le visionnage en cachette de « l'Empire des sens », j'aborde humblement le registre policier et fantastique.
Je n'en suis pas encore à me laisser hypnotiser pendant deux cents pages par la description experte de la taille d'un bonsaï et je pourrai toujours me faire hara-kiri à la lecture de ces interminables cérémonies du thé que je ne peux pas saké !
Edogawa Ranpo (1894-1965), pseudonyme phonétique en hommage à Edgar Allan Poe, n'est pas comme tout un chacun, et moi en particulier, n'importe qui. C'est le Sensei de la littérature policière dans son archipel.
Le maître a toujours assumé certaines influences occidentales comme Conan Doyle, H.G Wells ou Gaston Leroux. Merci la préface. Cette affinité relève de l'évidence dans ses nouvelles qui se nourrissent de mystères, de crimes et d'un certain goût pour le macabre. Ranpo y ajoute des intrigues amoureuses, des désirs obsessionnels et certaines perversions du corps et de l'âme plus adultes. C'est cette touche plus marquée de libido qui démarque l'auteur de ses références.
Il n'hésite pas également à parler à son lecteur, à le prendre à témoin, à en faire son Watson à l'occasion, son complice à d'autres moments.
Au menu, pas de sushi mais des soucis pour des époux adultères, des maris qui aiment jouer à la poupée, des suicides en série et des auteurs en quête du meurtre parfait.
La nouvelle « Les crimes étranges du docteur Mera » qui traite du voyeurisme est aussi fascinante que le Fenêtre sur cour d'Hitchcock. Copie parfaite.
« La Grenade » mérite aussi d'éclater à vos yeux, tant la mécanique de cette histoire autour de l'identité d'une victime débarbouillée à l'acide sulfurique sait prendre le lecteur et l'enquêteur à revers. L'art de maquiller son crime.
On glisse dans « L'abri antiaérien » en 1945 pendant les attaques aux bombes incendiaires sur Tokyo en 1945 où un jeune homme fait une rencontre d'un soir pour le souvenir d'une vie. Mirage sous l'orage.
La première nouvelle donne son titre au recueil et suit les interrogations d'une jeune épouse face à la manie de son mari de s'enfermer chaque nuit dans son grenier. La curiosité est un vilain défaut, les héroïnes de ce genre d'histoire ne l'ont jamais compris, par la sainte Barbe… bleue.
Toutes ces histoires voisinent donc avec l'étrange et se dégustent sans baguette mais avec des doigts… frissonnants.
Sayonara.
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J'aime les auteurs qui ont une patte, qui savent donner une tonalité très personnelle, unique et singulière à leurs oeuvres. Edogawa Ranpo est de ceux-là. C'est un auteur dont je suis coutumière et chaque fois que je me plonge dans un de ses livres, j'y retrouve avec bonheur les ingrédients qui donnent une saveur particulière à ses histoires : une sensualité teintée d'étrangeté, voire de perversion, un raffinement élégant, des personnages souvent tordus, des situations à la fois poétiques et grotesques. Ce recueil est du pur Edogawa Ranpo. Je ressors donc très satisfaite de ma lecture.

Le recueil s'ouvre sur la nouvelle qui lui donne son titre, « un amour inhumain ». Cette nouvelle est très réussie, invitant le lecteur dans l'intimité d'un couple dont le mari a un secret bien singulier. L'auteur s'est toujours intéressé aux personnages ayant d'étranges obsessions, cette nouvelle s'inscrit dans cette lignée. L'atmosphère à la tonalité quasi-surnaturelle et très japonaise est vraiment fascinante.

Le texte suivant, « L'apparition d'Osei », est tout à fait saisissante de cruauté. La relation, dès le départ teintée d'humiliation et de souffrance, entre Osei et Katukaro, trouve son apogée dans une scène très marquante tant est mise en lumière la malveillance d'Osei.

« Les canaux de Mars », récit sans véritable intrigue, plutôt porté sur l'onirisme m'a moins séduite même si l'écriture est belle et les images dépeintes évocatrices.

On retrouve un certain onirisme dans la nouvelle suivante, « Les crimes étranges du Docteur Méra » mais il ne s'agit ici que d'instaurer une atmosphère poétique et étrange comme cadre d'une intrigue savamment construite. Je ne suis pas fan des romans policiers à énigme et cet aspect est souvent présent dans l'oeuvre d'Edogawa Ranpo. Mais chez cet auteur, ce côté whodunit ne m'a jamais dérangée, cet aspect ne prenant jamais totalement l'ascendant sur l'atmosphère particulière des récits. C'est le cas ici. Il y a bien une intrigue policière dans cette nouvelle, avec la question « qui ? » comme fil narratif mais ce qui est au coeur de l'histoire reste tout de même cette ambiance bizarre, poétiquement macabre.

« La grenade » se rattache encore plus au genre policier à énigme. Les questions « qui ? » et « comment ? » étant vraiment au coeur de l'intrigue. Mais celle-ci s'avère tellement tortueuse et tordue que c'en est un véritable plaisir même pour moi qui ne suis pas une amatrice du schéma classique indice-hypothèse-déduction. Il faut dire que ce schéma narratif est ici poussé à l'extrême au service d'une histoire particulièrement retorse. Morbide, tordu, subversif, ce récit est un de mes préférés du recueil.

Le recueil se clôt sur une nouvelle qui prend pour cadre un contexte inattendu chez l'auteur. En effet, cette dernière histoire se déroule pendant la seconde Guerre Mondiale. Mais, il s'agit bien d'une oeuvre d'Edogawa Ranpo, aucun doute n'est permis. Malgré ce décor inédit (à ma connaissance) chez l'auteur, dès le début le ton est donné à travers ce personnage qui évoque la fascination quasi-érotique que le feu des bombardements lui procure. Propos assez provocateur d'ailleurs… La suite du récit confirmera qu'on est dans du pur Edogawa Ranpo, l'histoire mêlant Eros et Thanatos de façon outrancière et non dénuée d'une certaine ironie.

Décidément, cet auteur parvient toujours à me surprendre tout en restant le même et j'aime cette singularité qui se retrouve dans chacune de ses oeuvres. Il ne m'a jamais déçue.
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Je n'avais aucune idée de qui était Edogawa Ranpo, bien qu'il soit considéré comme le pionnier du roman policier à énigmes japonais, avant de plonger dans Un Amour inhumain, un recueil regroupant six nouvelles étranges et dépaysantes à souhait, publiées de 1926 à 1955 dans diverses revues. Ranpo maîtrise d'une main de maître l'horreur (Un amour inhumain), la cruauté (L'apparition d'Osei) et le macabre (La grenade) - mes nouvelles préférées -, jouant des ombres et des illusions avec une grande habileté. Illustrées par Suehiro Maruo, la couverture ainsi que le quatrième de couverture donnent joliment le ton, annonçant cependant un contenu plus licencieux qu'il ne l'est. Un auteur qui manquait à ma culture littéraire, et dont il me tarde de découvrir les récits policiers.
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Après "Le démon de l’île solitaire" (traduit en français par Miyako Slocombe, 2015), les éditions Wombat contribuent à nouveau à la diffusion de l’œuvre d’Edogawa Ranpo en France, avec la parution de cette anthologie de six nouvelles inédites et stupéfiantes, publiées au Japon entre 1926 et 1955.

Pour ceux qui le découvrent, il faut souligner l'originalité du genre policier et fantastique d'Edogawa Ranpo, pionnier du roman d'énigme au Japon, la modernité de ses fictions et sa capacité à dépasser les frontières culturelles.

La communication de Ranpo avec son lecteur, cette manière de l'interpeller pour l'inclure dans l'intrigue, de faire de lui un témoin voire un voyeur, est l'un des traits frappants de son oeuvre, comme dans la première nouvelle éponyme, texte d'un grand classicisme publié en 1926, à l'atmosphère étrange, d'emblée surnaturelle, où la narratrice, interpelant le lecteur, évoque son mariage arrangé avec Kadono, un très bel homme solitaire et excentrique, au comportement parfois plus mécanique qu'humain et qui dissimule un terrible secret.

Encore plus marquante, la deuxième nouvelle, "L'apparition d'Osei" (1926), une histoire de domination cruelle et meurtrière dans un couple, entre une jeune femme très belle, Osei, et Kakutarô, son mari plus âgé et malade, bienveillant envers son épouse adultère tant il souhaite conserver son amour, frappe le lecteur par sa construction - comme souvent chez Ranpo - et par la juxtaposition entre les jeux d'enfants (même si le fils de Kakutaro et Osei semble déjà corrompu par les faiblesses et la cruauté des adultes) et la monstrueuse cruauté d'Osei.

Texte court et sans énigme, dans un style inhabituel sous influence du romantisme noir, "Les canaux de Mars" (1926) vise à produire l'atmosphère d'un rêve effrayant dans un paysage d'une beauté sinistre, symptomatique du penchant de l'auteur pour le lugubre et l'étrange, dans l'obscurité d'une vaste forêt qui semble s'étendre à l'infini.

Un sommet de ce recueil est atteint à mon sens avec "Les crimes étranges du docteur Mera" (1931), qui justifie à elle seule la lecture de ce recueil ; cette nouvelle, racontée de manière orale par un jeune homme croisé dans Tokyo au narrateur, qui n'est autre qu'Edogawa Ranpo lui-même, tourne autour d'une obsession de l'auteur, le voyeurisme. le lecteur est placé dans la même position de voyeur que le jeune homme ou le criminel, dans cette intrigue policière très cinématographique, où Ranpo installe d'emblée une ambiance saisissante comme un piège, comparant les immeubles de Tokyo à des gorges étroites.

Le goût de l'auteur pour les rebondissements et pour l'exploration toutes les possibilités d'une affaire criminelle est porté à son paroxysme avec la nouvelle suivante, "La grenade" (1934), alambiquée mais fascinante, à la croisée des chemins, emblématique chez Ranpo, du récit de détective et de l'horreur, en lisière du fantastique. Un détective se trouve amené, bien des années après, à raconter une ancienne enquête, « l'affaire du meurtre à l'acide sulfurique », dans laquelle un cadavre avait été retrouvé avec le visage défiguré, comme un fruit de grenade éclaté ; il se trouve pris dans une rivalité sur la résolution de cette enquête avec Inomata, un individu énigmatique rencontré dans une station thermale, rencontre qui l'a conduit à se remémorer cette affaire.

Histoire de libido amplifiée, de manière perverse, par le danger et les destructions causées par les bombes incendiaires sur Tokyo en 1945, "L'abri antiaérien" (1955) qui conclut cette anthologie, permet d'entendre la voix de Ranpo évoquer, en prenant comme souvent le lecteur à revers, cette période terrible de l'histoire japonaise.

À l'occasion de la parution de cette anthologie et de l'ouvrage Edogawa Ranpo, Les méandres du roman policier au Japon, nous aurons la joie d'évoquer l'oeuvre de ce grand auteur le 12 juin en soirée chez Charybde (Ground Control) en compagnie de Miyako Slocombe, de Gérald Peloux et d'Anne-Sylvie Homassel.

Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog de Charybde ici :
https://charybde2.wordpress.com/2019/06/02/note-de-lecture-un-amour-inhumain-edogawa-ranpo/
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Voilà un recueil qui nous fait passer un agréable moment, les nouvelles ne sont pas toutes de la même longueur et ne présenteront pas le même intérêt en fonction des critères de chacun mais elles ont le mérite d'être très différentes les unes des autres tout en baignant dans une atmosphère sombre et mystérieuse, parfois surnaturelle. Une fois n'est pas coutume, vous pouvez vous fier à la quatrième de couverture.
L'écriture est maîtrisée et l'auteur prouve qu'il sait naviguer entre plusieurs styles sans problème. Il construit ses cadres et ses ambiances avec justesse et finesse. le trait distinctif de sa plume est une écriture très visuelle, son style premier est d'inclure le lecteur dans son processus d'écriture renforçant ainsi l'immersion. Bref, un auteur qui n'a pas volé sa réputation, il fait honneur aux grands noms dont il s'inspire et c'est d'ailleurs ce qui rend la lecture agréable même dans les nouvelles que l'on apprécie moins.

Pour ma part, j'ai adoré Un Amour Inhumain qui donne son nom au recueil, ne serait-ce que parce qu'elle est teintée de surnaturel mais également parce qu'elle est emprunte de l'ombre du Japon traditionnel. Pour les amoureux du genre, vous trouverez d'assez nombreuses références que je vous invite à creuser que ce soit du côté des mythes ou de l'artisanat. Ne passez pas à côté de cette nouvelle sans aller jeter un oeil aux fameuses iki-ningyô, creepy et fascinantes à souhait…
Cette nouvelle se dénote par un émotionnel exacerbé par le ton de la confession, c'est vraiment une nouvelle qui sort du lot dans ce recueil. J'aurai préférée qu'elle clôture l'ouvrage car c'est à mon sens la plus aboutie. Néanmoins elle a le mérite, en début d'ouvrage, de donner envie de lire la suite…

L'apparition d'Osei et L'abri antiaérien sont les deux autres nouvelles que j'ai le plus apprécié. Elles sortent du lot selon mes critères personnels, une touche de tradition et de mystère, de la psychologie et de l'émotion…
Les Canaux de Mars se démarque nettement par l'ambiance et sa chute, à la limite du surnaturel et de la science fiction elle est très intéressante.
J'ai bien moins apprécié les nouvelles Les crimes étranges du docteur Mera et La grenade pour la simple et bonne raison qu'elles appartiennent au genre polar et que ce n'est pas mon genre de prédilection, je trouve toujours l'intrigue cousue de fil blanc et sans le support d'une écriture et d'un cadre intelligemment structurés, je m'ennuierai à cent sous de l'heure. C'est d'autant plus vrai pour ces deux nouvelles car j'ai trouvé que cela manquait d'émotion et qu'elles étaient trop basées sur l'exercice cérébral mais c'est un défaut propre au genre.

Pour conclure, je dirai simplement que si vous aimez les ambiances sombres, mystérieuses et les histoires tragiques, ce recueil a de grandes chances de répondre à vos exigences car l'auteur maîtrise sa plume et son cadre parfaitement, il créé des ambiances fascinantes et collantes comme du goudron. Cela reste un bon petit recueil fort sympathique à lire que je recommande.
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
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EDOGAWA Rampo, musicalement sonne bien avec Edgar Allan Poe, puisque l'auteur en a quasiment fait son pseudo, et dont la traduction -lue il y a très longtemps- signifie "aller se promener le long du fleuve -ou de la rivière-Edo.
Un auteur que j'avais découvert à la FNAC Paris -du moins ses oeuvres-dans les années 1995, époque où les éditeurs avaient jeté leur dévolu sur les auteurs japonais, tels EDOGAWA ou encore MATSUMOTO (Tokyo express...).
Je ne suis pas un adepte des nouvelles, mais celles de cet auteur seront l'exception qui confirme la règle, à défaut de presque la détruire.
Des nouvelles écrites il y a presque un siècle pour certaines, (1950 pour la plus récente) et avec des résolutions d'énigmes alambiquées à souhait, dignes d'une époque sans Luminol pour déceler les traces de sang, sans ADN, sans Fichier National d'Empreintes Automatisé, sans FNAEG également, et autres fichiers aujourd'hui banalisés.
Tout réside donc sur l'humain et ses explications, jamais sur une preuve scientifique probante et indiscutable, et ne pouvant être remise en cause.
D'où des explications au scalpel, précises, concises, biens expliquées, montées et/ou démontées.
Une agréable lecture, facile mais prenante, après de gros pavés tels que "Le cheptel" de Céline Denjean et "Le soleil des rebelles" de Luca di Fulvio.
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Un recueil de nouvelles centrées sur des crimes passionnels ou morbides, écrites dans un style très policé Et avec de l'humour, souvent involontaire, notamment lié aux relations sociales japonaises qui sont souvent surprenantes voire comiques. La dernière nouvelle est d'ailleurs très drôle. A lire avec curiosité.
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Il s'agit d'un recueil de six nouvelles écrites entre 1926 et 1955. Edogawa Ranpo, de son vrai nom Tarô Hirai, a choisi son pseudonyme en hommage à Edgard Allan Poe, prononcé « à la japonaise ». Les critiques ont souvent comparé leurs styles, mais s'il est vrai qu'il existe quelques similitudes, Edogawa Ranpo entraîne davantage son lecteur vers l'insolite que vers le fantastique.

Les six nouvelles du recueil sont proposées par 10/18 dans la série « grand détective », alors qu'elles ne présentent aucun grand détective (Kogoro Akechi, le héros détective de Edogawa Ranpo, en est absent) et que seulement deux nouvelles peuvent être qualifiées de policières…

Dans « Un amour inhumain », Edogawa Ranpo donne corps d'étrange manière aux soupçons d'une jeune épousée qui soupçonne l'infidélité de son époux. 

Une autre union malheureuse est celle de la belle Osei et de son mari, le valétudinaire Kakutaro : « L'apparition d'Osei » est un récit brillant, ou la femme mène la danse. 

« Les canaux de Mars » est un bref récit quelque peu surréaliste, paru en 1926, et qui n'a rien à voir avec la planète Mars (où l'inexistence de canaux avait été démontrée dès 1909).

L'auteur aime se mettre en scène dans ses romans, présentant certaines histoires comme des confidences qui lui ont été faites. Il en est ainsi pour « Les crimes étranges du Dr Mera », récit policier classique basé sur le grand intérêt de Ranpo pour le mimétisme. Cet intérêt s'exprime encore dans la nouvelle suivante, « La grenade », enquête policière assez classique, mais très bien menée, et à la conclusion typiquement japonaise ! le recueil se clôt sur « L'abri antiaérien », seule nouvelle écrite après guerre, qui donne à Ranpo l'occasion de magnifiquement décrire un bombardement de Tokyo, et la confusion qu'il fait régner dans les esprits… et les corps !

La traduction a été réalisée par Miyako Slocombe, diplômée de l'INALCO en littérature moderne japonaise, qui est également interprète japonais-français et a traduit de nombreux mangas. C'est un gros travail réalisé de main de maître et respectant scrupuleusement le ton particulier de Edogawa Ranpo, pour la traduction duquel elle a été primée (Prix d'encouragement Konishi de la traduction littéraire 2017 pour le Démon de l'île solitaire). Quelques notes de bas de page, qui ne sont pas envahissantes, précisent utilement le sens de certains termes. 

La quatrième de couverture est peu inspirée. Elle parle d'érotisme, absent de ces histoires qui concernent plutôt des amours étranges. Quant à affirmer que Edogawa Ranpo est « le maître du polar japonais », il faudrait préciser « d'avant-guerre », le lecteur peu informé risquant d'être surpris s'il connaît des auteurs de polars japonais contemporains comme Keigo Higashino.

Mais ne boudons pas notre plaisir : ce recueil nous permet de découvrir des nouvelles remarquables, dans un style unique et avec un certain esprit de dérision morbide qui en font tout le sel. À recommander sans réserve !
Lien : https://www.litteraturedusol..
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L'art du roman policier tout en délicatesse, où comment lier la douceur à l'horreur. Ces six nouvelles ne laisseront pas indifférents les amateurs de mystères et d'histoires un peu glauques.

Il est aisé de se laisser bercer par la plume d'Edogawa Ranpo, qui décrit avec finesse les instincts les plus bas de ses personnages. On parvient même à éprouver de la sympathie pour les plus terribles d'entre eux.
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La force de ces nouvelles vient de la manière dont Edogawa Ranpo joue avec les codes du policier et s'amuse à s'adresser directement au lecteur, à commenter l'histoire qu'il est en train de raconter ou même à se mettre en scène comme écrivain avide de nouvelles histoires propres à nourrir son écriture.

Mais ce qui fait certainement la grande force de ce recueil vient de la manière dont Ranpo met au jour les passions humaines et leur absolu dans des accents tragiques. Car nous sommes bien face à des récits noirs mettant en scène, avec une certaine fascination pour le morbide, les aspects peu reluisants de l'âme humaine. Les liens, bien souvent étroits, entre mort et désir sont ainsi au coeur de plus d'une nouvelle (« L'apparition d'Osei » ; « L'abri antiaérien ») et marquent l'ensemble du sceau du fantastique.

« Un amour inhumain » a tout pour plaire aux amateurs de récits noirs et de nouvelles à l'atmosphère étrange
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