Je souhaite sincèrement que ton frère s’en sorte. Et que tu sois capable de le soutenir, que tu lui donnes envie de vivre, parce que c’est ça, je pense le plus important, parce que le goût de vivre, la joie, la capacité d’aimer la vie, ça peut guérir de beaucoup de choses…
(page 71)
Je pensais à ce lien particulier qui a toujours existé entre la folie et la poésie, la folie refuse une réalité trop triviale, la poésie refuse un bavardage trop commun, les deux portent la même rébellion qui n’est pas politique mais sensuelle, corporelle, une rébellion contre les traîtres que sont tous les bourgeois, une rébellion contre les lâches qui obéissent à des lois perfides…
(pages 68-69)
Il était toujours aussi sobre, aride et courtois, tel un prêtre qui a perdu la foi mais a gardé le goût du rite, comme un médecin qui n’a jamais soigné personne mais qui connaît la souffrance.
(page 51)
Quand la révolte adolescente rencontre le goût de l’argent, la plongée dans le crime est l’issue la plus probable.
(page 50)
C’est rare les filles qui tuent leur mère. Curieusement. Beaucoup de filles haïssent leur mère mais elles ne les tuent pas, elles ruminent leur haine, et elles aiment cela.
(page 42)
Le chanteur Johnny Clegg est mort, il écoute les yeux fermés une des chansons les plus connues de l’artiste, « Asimbonanga », hommage à Mandela, saint homme sans aucun doute, capable d’abolir la loi du plus fort qui reste la loi fondamentale de nos sociétés.
(page 22)
Les gens ici semblent doux et patients faute de mieux. Peut-être sont-ils sages comme on le devient quand on a renoncé à plaire. Certains se plaignent mais ce ne sont pas les plus nombreux. Et leurs plaintes ressemblent à des comédies, soupçon de révolte sur un lit de lassitude, leurs plaintes ressemblent au bavardage de gens qui n’ont rien à dire et qui n’arrivent pas à l’admettre, ils n’arrivent pas à admettre que leurs pensées sont creuses depuis que leur curiosité est morte.
(page 11)
Ses yeux tristes sont modestes.
La nuit donne de la puissance aux voyous,
comme elle en donne aux fous et aux poetes.
La pratique de la chasse est une façon
d'entrer dans la légende des siècles.