Voilà un livre publié par Rouergue Noir : S'ils n'étaient pas si fous. C'est un polar que Claire Raphaël mène au bout mais, comme le titre peut le laisser supposer, le troisième roman policier de cette autrice va bien au-delà de la simple enquête policière.
Claire Raphaël connaît bien son sujet puisqu'elle est ingénieure de la police scientifique. C'est pourquoi elle assume parfaitement tout le versant policier de S'ils n'étaient pas si fous qui débute dans la ZAC de Bel Air à St Germain-en-Laye, un quartier classé zone sensible parce qu'il a une vocation sociale et qu'une petite délinquance s'y développe.
Un coup de feu, dans la nuit, réveille Nicolas qui n'hésite pas à grimper à l'étage au-dessus, au quatrième. Il trouve une douille sur le palier et une femme de cinquante-six ans qui vient d'être tuée d'une balle dans la tête.
Police-secours arrive et c'est le commissaire Ludovic Marchand-Thierry qui est chargé de l'enquête. Débute alors la recherche bien agencée avec ses doutes, ses questions, ses surprises et ses problèmes.
Comme je l'ai dit, Claire Raphaël connaît bien son sujet. Elle n'hésite pas à inclure dans son polar les ennuis avec la hiérarchie, les freins, les doutes qui gênent l'enquête obstinée de Ludovic.
Tout le roman ne se limite pas à cela car quelques informations émergent. J'apprends que la fille de la victime, Amélie Rougesse, est schizophrène. Ce trouble mental sévère et chronique, ce trouble psychotique se manifeste au début de l'âge adulte et nécessite l'utilisation de certains médicaments mais, comme le démontre l'autrice dans ce roman, la schizophrénie peut être soignée par la participation à certaines activités qui redonnent confiance à la personne malade.
Aurélie Rougesse a vingt-quatre ans et devient aussitôt la première suspecte. L'équipe de Ludovic est composée de Caroline, Serge et Étienne. Ce dernier a un frère schizophrène et il n'hésite pas à intervenir pour modérer les actions de son équipe.
Brusquement, le récit classique change avec l'arrivée du « Je ». C'est une femme qui s'exprime et intervient régulièrement jusqu'à jouer un rôle prépondérant. Un peu plus loin, j'apprends qu'elle s'appelle Alice Yekavian et qu'elle est fonctionnaire de police scientifique. Elle écrit de la poésie pour cultiver son imagination et a donc un autre point commun avec Claire Raphaël qui publie aussi ses poèmes.
En marge de l'enquête, les problèmes causés par la schizophrénie émergent de plus en plus. Alice rencontre Nathan et d'autres malades dans un atelier d'un CMP (Centre médico-psychologique) mettant en avant le rôle positif de la poésie. Cet atelier est animé par Martin qui se présente ainsi : « Je suis un ancien patient, j'ai souffert longtemps de schizophrénie, je suis désormais non pas guéri, le terme serait inadapté, mais je suis totalement stabilisé. »
Cette déclaration définit bien le travail accompli pour aider celles et ceux qui souffrent de ce mal et sont rapidement marginalisés par la société. Si l'hôpital psychiatrique, qu'on appelait autrefois « l'asile » en ajoutant souvent « de fous », cette institution tente de soigner les cas les plus graves. Par contre, bien d'autres actions, d'aides efficaces sont menées mais pas assez, faute de moyens.
Claire Raphaël pousse loin la réflexion tout en la liant à l'enquête policière. À cela, s'ajoute le trafic et la consommation de drogue, de cannabis et un atelier de développement personnel animé par un certain Thomas.
Alice n'hésite pas à assister à une ou deux séances mais s'implique bien plus dans l'atelier poésie du CMP. Bien d'autres personnages traversent le récit, qu'ils soient impliqués dans l'action de la police ou simplement rencontrés au fil du récit.
Quand Alice retourne au CMP dirigé par le Docteur Mickaël Servier, pour la dernière séance où elle va lire le poème rédigé par le groupe de patients, poème auquel elle a participé, Mickaël Servier ne s'adresse plus aux membres de l'atelier comme un médecin mais comme un homme ordinaire.
Alors, S'ils n'étaient pas si fous est conclu par un magnifique poème prouvant que ces femmes et ces hommes que l'on dit malades, sont tout à fait prêts à prendre ou à reprendre une place dans la société, à condition qu'on les aide et qu'on arrête de les considérer comme « fous ».
Pour finir, je tiens à extraire quelques lignes de ce magnifique poème qui prouve tout le talent de Claire Raphaël :
« Nous sommes les patients
d'un lieu qui nous console,
on y entend des plaintes,
on y croise des visages,
des corps mal engagés aux accents mécaniques,
des yeux dépareillés aux parfums psychotropes,
des vies défigurées,
des vies déracinées,
des vies comme englouties par le bruit la fureur des plus grandes tempêtes. »
Pour lire la suite, une seule solution, se plonger dans lecture de S'ils n'étaient pas si fous, un livre que j'ai eu la chance de découvrir grâce à Babelio et aux éditions Rouergue Noir que je remercie car c'est une lecture émouvante et passionnante, utile pour une réflexion constructive.
Tuée d'une balle dans la tête dans son petit appartement de la banlieue parisienne, Sabine, était pourtant une quinquagénaire sans histoire.
Sa fille, schizophrène, s'accuse du crime mais les indices orientent les policiers sur d'autres pistes. C'est une enquête de routine qui commence pour le commandant Ludovic et son équipe, à base d'interrogatoires de témoins, de recoupements, de filatures et d'écoutes. Il est aidé par Alice, fonctionnaire de la police scientifique qui s'investit sérieusement sur le sujet de la schizophrénie.
Fine observatrice de la société et de ses travers et elle-même ingénieure de la police scientifique, Claire Raphaël éprouve pour ses personnages une empathie communicative qui confère à ce roman aux qualités littéraires affirmées une puissante dimension sociale et psychologique.
Une femme de cinquante ans a été retrouvée morte par balle.
C'est Ludovic Marchand-Thierry qui mène l'enquête avec son équipe.
La fille de la victime s'accuse du meurtre, mais elle est schizophrène et les soupçons se dirigent rapidement vers d'autres pistes.
C'est un roman passionnant et très bien écrit.
On sent que Claire Raphaël, ingénieure de la police scientifique, est du métier et maîtrise parfaitement le sujet policier.
A l'enquête elle-même, parfaitement bien menée, s'ajoute une étude de la schizophrénie assez pointue.
L'histoire tient la route.
Aucune lassitude à la lecture.
Si certaines phrases sont un peu longues, le style est impeccable et l'écriture intelligente et des plus plaisantes.
merci à babelio et aux éditions Rouergue Noir
Tout ca pour ça.
Je m'attendais à une autre fin, une autre histoire, d'autres détails sur la vie de policier.
Car il s'agit de cela en fait, de la vie de policiers.
L'intrigue importe peu.
Mais cela je l'ai compris bien après la moitié du livre.
Donc je l'ai continué sans relâche, comme une bonne petite écolière que je suis.
Il ne faut pas continuer un livre dans lequel on s'ennuie.
Je me souviens d'un libraire de quartier, le 5e arrondissement de Paris, l'arrondissement dans lequel on trouve le plus de psychanalystes, j'avais fait une confidence au gars qui gêrait sa librairie, comme quoi je me forçais quelques fois pour finir un livre, même ennuyeux, même mauvais, (parce que les livres mauvais ça existe si, si), et il m'avait répondu que je n'étais pas du tout obligée de terminer un livre sans connaître la fin, a fortiori si ce livre ne me plaisait pas. J'avais beaucoup aimé la réponse, mais j'ai mis du temps à la mettre en place pour moi, j'ai fait des progrès, et globalement, je me suis améliorée, dans le sens du libraire. En mieux même.
Alors pourquoi avoir terminé ce livre assommant, sans rebondissements, sans rythme, sans passion, sans rien en fait ? Je l'ignore.
Ce livre parle beaucoup de la police, avec force détails, mais c'est barbant.
Ce n'est pas un thriller, ni un policier, mais plutôt une sorte de documentaire sur la vie d'une brigade de police. C'est une énigme.
Je m'aperçois que j'ai déjà pas mal écrit sur ce livre finalement.
Peut- être n'était-ce pas un si mauvais livre tout compte fait...
Je ne sais pas.
Une énigme je vous dit.
Les Éditions du Rouergue collectionnent les pépites.
Claire Raphaël s'inscrit dans son registre noir.
Elle écrit bien, ses personnages sont fouillés.
Le récit a un rythme sans creux .
J'ai beaucoup aimé sa façon de voir et de dire la vie.
Elle nous embarque dans un monde où la psychiatrie
essaie de faire au mieux avec la maladie mentale.
La souffrance est un des personnages principaux.
Un crime, une enquête, des flics pas déglingues..
On ne lâche pas ce livre assez court..
A recommander...
Sous le portique de pierre et de chair
d’un hôpital qui n’a pas de nom
car nous devons rester discrets
nous sommes si fiers d’être encore en vie
nous sommes si heureux
d’incarner la patience
d’un peuple laborieux
fier de son expérience
un peuple sacrifié
nourri pas la souffrance
un peuple déchiré
par des désirs trop grands
nos désirs sont trop grands pour un monde ordonné par les raisons bourgeoises…
Je pensais à ce lien particulier qui a toujours existé entre la folie et la poésie, la folie refuse une réalité trop triviale, la poésie refuse un bavardage trop commun, les deux portent la même rébellion qui n’est pas politique mais sensuelle, corporelle, une rébellion contre les traîtres que sont tous les bourgeois, une rébellion contre les lâches qui obéissent à des lois perfides…
(pages 68-69)
Les gens ici semblent doux et patients faute de mieux. Peut-être sont-ils sages comme on le devient quand on a renoncé à plaire. Certains se plaignent mais ce ne sont pas les plus nombreux. Et leurs plaintes ressemblent à des comédies, soupçon de révolte sur un lit de lassitude, leurs plaintes ressemblent au bavardage de gens qui n’ont rien à dire et qui n’arrivent pas à l’admettre, ils n’arrivent pas à admettre que leurs pensées sont creuses depuis que leur curiosité est morte.
(page 11)
Ludovic a parlé d’un ton las. Il n’aime pas faire la leçon à ses hommes. Il n’a jamais fait la leçon à son fils. C’est sans doute de la lâcheté. Cette lâcheté si banale qui empêche les pères d’élever la voix, et qui les pousse à hausser les épaules, espérant que la jeunesse passe, mais la jeunesse ne passe pas toute seule…
(page 135)
Je sais bien que les fous ont des sentiments, comme tout le monde, ni plus ni moins, des sentiments bons ou mauvais, des sentiments purs, et d’autres plus crasseux, qui ont le temps de pourrir dans la rumination, la solitude, la monotonie d’une vie trop simple. Les sentiments nous poussent en avant, ou bien ils nous enivrent, et l’ivresse est souvent dangereuse…
(page 201)
Roger-Jon Ellory : " **** le silence"